Les libraires ou éditeurs romains « étaient, en thèse générale, des gens qui recevaient gratuitement des auteurs les ouvrages inédits, qui les faisaient transcrire à leurs risques et périls, et qui s’indemnisaient des frais de publication en percevant seuls tous les bénéfices de la vente[0035.1] ».
Seules les pièces de théâtre avaient chance de rapporter à leurs auteurs quelque argent[035.2], « encore étaient-elles achetées, non par les libraires, mais par les comédiens ou les personnes qui donnaient des jeux au peuple[035.3] ».
Géraud, qui me fournit ces remarques, a recueilli, parmi les auteurs latins, maintes preuves de l’exactitude de ses assertions.
Ainsi, « Stace, dont la Thébaïde, lue en public, mettait en mouvement Rome tout entière, et soulevait, dans un immense auditoire, un frénétique enthousiasme, Stace était obligé, pour avoir du pain, de faire des tragédies[035.4]. Les vers de Martial eurent une vogue inouïe ; il jouit, de son vivant, d’un renom que bien peu d’auteurs obtenaient après leur mort ; mais il vécut toujours pauvre[035.5]. Tout
- Géraud, op. cit., p. 199. ↩
- Cf. Aulu-Gelle, III, 3 ; et Juvénal, VII, 90 et s. ↩
- Géraud, op. cit., p. 194. ↩
- Cf. Juvénal, VII, 86 et s. (Ap. Géraud, op. cit., p. 196.) ↩
- Sum, fateor, semperque fui, Callistrate, pauper,
Sed non obscurus, nec male notus eques ;
Sed toto legor orbe frequens ; et dicitur : Hic est ;
Quodque cinis paucis, hoc mihi vita dedit.
« Je suis, je l’avoue, et j’ai toujours été pauvre, Callistrate, mais non pas obscur, ni chevalier mal famé. L’univers entier lit mes œuvres et les relit. « Le voilà, » dit chacun ; et je recueille, de mon vivant, la gloire qui n’échoit, après la mort, qu’à bien peu de gens. » (Martial, V, 13, Trad. Nisard, p. 406.) ↩
- Sum, fateor, semperque fui, Callistrate, pauper,