I-IV. De l’avènement de Louis XIV jusqu’au XIXᵉ siècle
Le goût des livres et l’amour de la lecture continuent à se répandre sous le règne de Louis XIV (1638-1715), bien que, par lui-même et en dépit de la réputation que l’histoire lui a faite, ce souverain n’ait guère donné de preuves directes de cet amour ni de ce goût[142.1].
Jérôme Bignon, surnommé le Varron français, le chancelier Séguier, l’archevêque de Reims Letellier, Patru, Étienne Baluze[142.2], Huet, etc., tous ces passionnés collectionneurs de livres furent les dignes successeurs de Jean Grolier et des de Thou[143.1]. Colbert, qui avait fait de Baluze son bibliothécaire, mérite aussi de figurer sur cette liste[143.2]. « Formé au ministère dans la maison du cardinal Mazarin… il a dû penser qu’il convenait à un roi tel que Louis XIV de porter au plus haut point l’établissement des bibliothèques publiques ; mais Mazarin en avait donné le premier exemple, et il méritera toujours, à ce titre, d’être considéré comme le Pollion de la France[144.1]. »
C’est au chancelier Séguier que le tout jeune roi Louis XIV demandait un jour en riant : « A quel prix, monsieur le chancelier, vendriez-vous la justice ? — Oh ! Sire, à aucun prix, répondait Séguier. Pour un beau livre, je ne dis pas !… » ajoutait-il en hochant la tête et d’un air mi-sérieux, mi-plaisant[144.2].
« A quoi cela vous sert-il de lire ? demandait plus tard Louis XIV au duc de Vivonne, qui était renommé pour sa belle mine et ses fraîches couleurs. — La lecture fait à l’esprit, Sire, ce que vos perdrix font à mes joues, » lui répliqua le duc[144.3].
Dans ses réflexions à propos De la lecture et du choix des livres[145.1], Saint-Évremond (1613-1703) nous explique ainsi son goût :
« J’aime le plaisir de la lecture autant que jamais, pour dépendre plus particulièrement de l’esprit qui ne s’affaiblit pas comme les sens. A la vérité, je cherche plus dans les livres ce qui me plaît que ce qui m’instruit. A mesure que j’ai moins de temps à pratiquer les choses, j’ai moins de curiosité pour les apprendre. J’ai plus de besoin du fond de la vie que de la manière de vivre ; et le peu que j’en ai s’entretient mieux par des agréments que par des instructions. Les livres latins m’en fournissent le plus, et je relis mille fois ce que j’y trouve de beau, sans m’en dégoûter.
« Un choix délicat me réduit à peu de livres, où je cherche beaucoup plus le bon esprit que le bel esprit. »
Ailleurs, dans Son portrait fait par lui-même[145.2], il revient sur ces considérations et les commente en ces termes :
« La vie est trop courte, à son avis, pour lire toutes sortes de livres et charger sa mémoire d’une infinité de choses, aux dépens de son jugement ; il ne s’attache point aux écrits les plus savants, pour acquérir la science, mais aux plus sensés, pour fortifier sa raison ; tantôt il cherche les plus délicats, pour donner de la délicatesse à son goût, tantôt les plus agréables, pour donner de l’agrément à son génie. »
Le ministre protestant David Ancillon (1617-1692), originaire de Metz, manifesta, dès l’enfance, un goût très vif pour l’étude et les livres. « Les richesses qu’il acquit par son mariage, écrit Bayle[146.1], l’ayant mis en état de satisfaire à sa passion favorite, il acheta tous les livres capitaux que l’on peut appeler « les piliers d’une grande bibliothèque », tels que sont les Bibles les plus curieuses par l’édition ou par les notes, les différents dictionnaires, les plus excellents commentaires des livres de l’Écriture, les ouvrages des Pères…. Il en avait choisi les plus belles éditions…. Il disait qu’il est certain que moins les yeux ont de peine à lire un ouvrage, plus l’esprit a de liberté pour en juger ; que, comme on y voit plus clair, et qu’on en remarque mieux les grâces et les défauts lorsqu’il est imprimé que lorsqu’il est écrit à la main, on y voit aussi plus clair quand il est imprimé en beaux caractères et sur du beau papier, que quand il l’est sur du vilain et en mauvais caractères. » Il recherchait de préférence les premières éditions des livres, « quoiqu’il y eût beaucoup d’apparence qu’on les réimprimerait avec des augmentations et avec des corrections[147.1] ».
La bibliothèque de David Ancillon était ainsi « très curieuse et très grande, et il l’augmentait tous les jours de tout ce qui paraissait de nouveau et d’important dans la république des lettres : de sorte qu’enfin elle était devenue une des plus belles qui fût entre les mains d’aucun particulier du royaume. Les étrangers curieux ne manquaient pas de la voir en passant par la ville de Metz, comme ce qui y était de plus rare[147.2]. » Cette magnifique collection, « qui avait été composée avec plaisir et avec choix pendant quarante ans », et dans laquelle Ancillon « avait placé, pour ainsi dire, son propre cœur[147.3], » fut pillée et saccagée en 1685, lors de la révocation de l’édit de Nantes, et Ancillon s’enfuit en Allemagne, où il s’éteignit, à Berlin, à l’âge de soixante-quinze ans.
Après les bons amis, les bons livres m’enchantent.
A toute heure, en tout temps, je tiens entre les mains
Les ouvrages fameux des Grecs et des Romains.
O le grand don de Dieu que d’aimer la lecture !
s’écrie Tallemant des Réaux (1619-1692), dans son Épître au Père Rapin[147.4].
La Fontaine (1621-1695), malgré sa native paresse, lisait beaucoup, des anciens et des modernes, des Français ou des Gaulois aussi bien que des Italiens, et volontiers il s’en targue :
Térence est dans mes mains ; je m’instruis dans Horace ;
Homère et son rival sont mes dieux du Parnasse.
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Je chéris l’Arioste, et j’estime le Tasse ;
Plein de Machiavel, entêté de Boccace,
J’en parle si souvent qu’on en est étourdi ;
J’en lis qui sont du Nord, et qui sont du Midi[148.1].
« Ce n’est pas, disait fort sensément Pascal (1623-1662)[148.2], dans les choses extraordinaires et bizarres que se trouve l’excellence de quelque genre que ce soit. On s’élève pour y arriver, et on s’en éloigne : il faut le plus souvent s’abaisser. Les meilleurs livres sont ceux que ceux qui les lisent croient qu’ils auraient pu faire. La nature, qui seule est bonne, est toute familière et commune. »
En maint endroit de ses lettres, Mme de Sévigné (1626-1696) prône les vifs et fructueux plaisirs que procure la lecture. « Aimer à lire… la jolie, l’heureuse disposition ! On est au-dessus de l’ennui et de l’oisiveté, deux vilaines bêtes[149.1] ! » « Qu’on est heureux d’aimer à lire[149.2] ! » « Je plains ceux qui n’aiment point à lire[149.3]. » « Enfin, tant que nous aurons des livres, nous ne nous pendrons pas[149.4] ! » « Pour Pauline (sa petite-fille), cette dévoreuse de livres, j’aime mieux qu’elle en avale de mauvais que de ne point aimer à lire[149.5]. » « Je ne veux rien dire sur les goûts de Pauline pour les romans, écrit-elle encore à sa fille…. Tout est sain aux sains, comme vous dites…. Ce qui est essentiel, c’est d’avoir l’esprit bien fait[149.6]. »
C’est à peu près ce que dira plus tard Diderot[149.7] : « Il n’y a point de bons livres pour un sot ; il n’y en a peut-être pas un mauvais pour un homme de sens. »
« Celui qui aime un livre, dit le géomètre et théologien anglais Isaac Barrow[149.8] (1630-1677), ne manquera jamais d’un ami fidèle, d’un sage conseiller, d’un joyeux compagnon, d’un consolateur efficace. Celui qui étudie, qui lit, qui pense, peut se divertir innocemment et s’amuser gaiement, quelque temps qu’il fasse, en quelque situation qu’il se trouve. »
Huet (1630-1721), évêque de Soissons d’abord, puis d’Avranches, doit être, d’après les calculs de l’abbé d’Olivet, regardé comme celui de tous les hommes « qui a peut-être le plus lu[150.1] ».
Il est à considérer, d’ailleurs, que Pierre-Daniel Huet était des mieux doués pour la lecture et l’étude. L’heureuse disposition de ses organes lui permettait — c’est lui-même qui le dit — « de lire et d’étudier des journées et des nuits entières sans en éprouver la moindre fatigue, et cela jusque dans son extrême vieillesse…. Il remarque avec beaucoup d’esprit et de justesse que la vie sédentaire des savants, bien loin d’être contraire à la santé, comme le prétendent les médecins, prolonge l’existence…. Non seulement l’étude ne fatiguait pas Huet, elle l’égayait. « Je quittais mes livres, dit-il, toujours frais et dispos, même après six ou sept heures de contention d’esprit. Souvent même, alors, j’étais gai[150.2] ! »
« Si l’on veut bien considérer, nous dit d’Olivet[150.3], qu’il (Huet) a vécu quatre-vingt-onze ans moins quelques jours, qu’il se porta dès sa plus tendre enfance à l’étude, qu’il a toujours eu presque tout son temps à lui ; qu’il a presque toujours joui d’une santé inaltérable ; qu’à son lever, à son coucher, durant ses repas, il se faisait lire par ses valets ; qu’en un mot, et pour me servir de ses termes, « ni le feu de la jeunesse, ni l’embarras des affaires, ni la diversité des emplois, ni la société de ses égaux, ni le tracas du monde, n’ont pu modérer cet amour indomptable de l’érudition qui l’a toujours possédé » ; une conséquence qu’il me semble qu’on pourrait tirer de là, c’est que M. d’Avranches est peut-être, de tous les hommes qu’il y eut jamais, celui qui a le plus étudié. »
« Eh bien ! continue Sainte-Beuve, cet homme qui avait le plus lu, qui avait, comme particulier, la plus vaste bibliothèque qu’on put voir, et à laquelle il tenait tant, savez-vous ce qu’il pensait des livres ? Il prétendait « que tout ce qui fut jamais écrit depuis que le monde est monde pourrait tenir dans neuf ou dix in-folio, si chaque chose n’avait été dite qu’une seule fois. Il en exceptait les détails de l’histoire, c’est une matière sans bornes ; mais, à cela près, il y mettait absolument toutes les sciences, tous les beaux-arts. Un homme donc, à l’âge de trente ans, disait-il, pourrait, si ce recueil se faisait, savoir tout ce que les autres hommes ont jamais pensé. »
Autre chose encore à relever chez cet homme qui avait tant dévoré de livres, tant médité et travaillé : il était la modestie même, la réserve et la prudence personnifiées, et voici en quels termes il parlait des savants et des ignorants, l’ingénieuse et très exacte comparaison qu’il établissait entre eux :
« Je compare l’ignorant et le savant à deux hommes placés au milieu d’une campagne unie, dont l’un est assis contre terre et l’autre est debout. Celui qui est assis ne voit que ce qui est autour de lui, jusqu’à une très petite distance. Celui qui est debout voit un peu au delà. Mais ce peu qu’il voit au delà a si peu de proportion avec le reste de la vaste étendue de cette campagne, et bien moins encore avec le reste de la terre, qu’il ne peut entrer en aucune comparaison et ne peut être compté que comme pour rien[152.1]. »
Si, à l’étranger comme en France, en dehors des érudits ou des simples liseurs, Huet est généralement peu connu, il n’en est pas de même, paraît-il, dans ce coin de Normandie dont il a occupé le siège épiscopal ; à Avranches et aux alentours, il a encore du renom ; « il en a, assure Sainte-Beuve[152.2], jusque parmi le peuple, parmi les paysans ; son souvenir a fait dicton et proverbe. Quand un homme a l’air tout absorbé, tout rêveur, et qu’il n’est pas à son affaire, son voisin, qui le rencontre, lui dit : « Qu’as-tu donc ? t’es tout évêque d’Avranches ce matin ». D’où vient ce mot ? J’ai entendu proposer plus d’une explication ; voici la mienne. On sait que, lorsque Huet fut nommé à l’évêché d’Avranches, et pendant les huit ou neuf années qu’il remplit les fonctions épiscopales, si peu d’accord avec son amour opiniâtre pour l’étude, il passait bien des heures dans son cabinet, et, quand on venait le demander pour affaire, on répondait : Monseigneur étudie, ce qui faisait dire aux gens d’Avranches, pleins, d’ailleurs, de respect pour lui : « Nous prierons le roi de nous donner un évêque qui ait fini ses études ». C’est cette idée de savant toujours absorbé et rêveur, tel qu’on se le figure communément, qui se sera répandue dans le peuple et qui aura donné lieu à ce dicton : T’es tout évêque d’Avranches. »
En mourant, à plus de quatre-vingt-dix ans, Huet, — de qui Sainte-Beuve a si justement dit[153.1] : « Ceux qui aiment surtout les Lettres ne doivent jamais parler de Huet qu’avec un respect mêlé d’affection », — légua son immense bibliothèque, ses plus chères délices, aux Jésuites de la rue Saint-Antoine, chez qui il avait achevé de vieillir et s’était éteint. Son intention était que sa bibliothèque ne fût point dispersée : c’était le but et la condition de son legs aux Jésuites. Après leur suppression (1762-1764), « le legs fut déclaré nul juridiquement, et la bibliothèque fit retour aux héritiers du prélat, par un arrêt du Conseil de juillet 1763. Elle a passé depuis en masse dans la Bibliothèque du Roi[154.1]. »
La Bruyère (1646-1696) a tracé un célèbre portrait de bibliomane, qui ne lit jamais, — qui, par conséquent, n’a rien de commun avec les amis des livres et des Lettres, — qui ne s’occupe que de faire luxueusement relier ses volumes, et dont la bibliothèque n’est qu’une tannerie[154.2] :
« Je vais trouver cet homme, qui me reçoit dans une maison où, dès l’escalier, je tombe en faiblesse d’une odeur de maroquin noir dont ses livres sont tous couverts. Il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu’ils sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition ; me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près qui sont peints de manière qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir ; je le remercie de sa complaisance, et ne veux, non plus que lui, voir sa tannerie, qu’il appelle bibliothèque[154.3]. »
Il est de La Bruyère encore ce principe tant de fois cité : « Quand une lecture vous élève l’esprit, et quelle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage, il est bon, et fait de main d’ouvrier[156.1] ».
Fénelon (1651-1715), si épris de l’antiquité et si nourri de la lecture des anciens, fait dire à Télémaque : « Pour mieux supporter l’ennui de la captivité et de la solitude, je cherchai des livres…. Heureux, disais-je, ceux qui… se divertissent en s’instruisant, et qui se plaisent à cultiver leur esprit par les sciences ! En quelque endroit que la fortune ennemie les jette, ils portent toujours avec eux de quoi s’entretenir ; et l’ennui, qui dévore les autres hommes, au milieu même des délices, est inconnu à ceux qui savent s’occuper par quelque lecture. Heureux ceux qui aiment à lire, et qui ne sont point, comme moi, privés de la lecture[156.2] ! »
Boileau (I636-1711), ce
Studieux amateur et de Perse et d’Horace[157.1],
qui nous parle avec tant de grâce de ses lectures et de ses promenades à la campagne, dans ce vallon de Haute-Isle où son neveu le greffier possédait « une petite seigneurie[157.2] », Boileau, ce grand honnête homme et ce parfait homme de lettres, qu’il était de mode naguère de brocarder et de ridiculiser, s’est, en certaine occurrence où les livres sont en cause, noblement et princièrement comporté. Son ami Patru, l’érudit et galant avocat, étant devenu vieux et infirme, allait voir sa bibliothèque tomber entre les griffes d’un créancier, quand, « généreux comme un souverain, et devançant Colbert, » Boileau la lui acheta, en exigeant qu’il en gardât la jouissance[157.3].
Un autre ami de Boileau, Trousset de Valincour (1653-1730), à qui il dédia sa satire XI, Sur l’honneur, ayant perdu sa bibliothèque, détruite par un incendie[157.4], répondit à ses amis qui le plaignaient ces belles et stoïques paroles : « Je n’aurais guère profité de mes livres, si je n’avais appris d’eux à m’en passer[158.1] ».
Le chancelier Daguesseau (1668-1751), autre ami de Boileau et autre passionné des lettres, des sciences et des livres, a laissé, dans ses Instructions adressées à son fils sur les études propres à former un magistrat, plus d’un utile conseil sur l’ « Étude de l’histoire », sur « Ce qu’il faut lire », l’ « Ordre dans lequel il faut lire l’histoire », et aussi sur la « Manière de faire des extraits ou des collections », l’ « Étude des Belles-Lettres », etc.[158.2]. « Tout se réduit, disait-il, ou à lire ce que les autres ont écrit, ou à écrire des choses dignes d’être lues : Aut scripta legere, aut scribere legenda[158.3] ». « Il arrive souvent, observe-t-il encore[158.4], que la plupart des lectures de la jeunesse, quoique faites avec goût et avec application, sont presque inutiles, ou ne sont pas du moins aussi utiles qu’elles le devraient être, parce que, faule de notions suffisantes, on ignore ce qu’il faut remarquer, et qu’on ne sent pas la conséquence d’une partie des choses qu’on lit. » De là, la nécessité de relire tous ces chefs-d’œuvre qu’on n’a fait qu’entrevoir, ou plutôt que méconnaître, durant les années scolaires.
C’est Daguesseau qui, lisant je ne sais quel poème grec avec le savant Boivin, eut ce mot charmant, pour exprimer le plaisir qu’il éprouvait : « Hâtons-nous ! Si nous allions mourir avant d’avoir achevé[159.1] ! »
Le fabuliste Lamotte-Houdard (1672-1731) nous dit[160.1] :
C’est par l’étude que nous sommes
Contemporains de tous les hommes
Et citoyens de tous les lieux….
De la marquise de Lambert (1647-1733), l’auteur des Avis d’une mère à son fils, Avis à ma fille, etc., cette noble pensée : « Faites que vos idées descendent dans votre conduite, et que tout le profit de vos lectures se tourne en vertus[160.2] ».
A propos du duc de Bourgogne, Saint-Simon (1675-1755) adresse au duc de Beauvilliers, gouverneur du jeune prince, les considérations suivantes : « Il est un temps qui doit être principalement consacré à l’instruction particulière des livres, et ce temps ne doit pas être borné à l’âge qui affranchit du joug des précepteurs et des maîtres ; il doit s’étendre des années entières plus loin, afin d’apprendre à user des études qu’on a faites, à s’instruire par soi-même, à digérer avec loisir les nourritures qu’on a prises, à se rendre capable de sérieux et de travail, à se former l’esprit au goût du bon et du solide, à s’en faire un rempart contre l’attrait des plaisirs et l’habitude de la dissipation, qui ne frappent jamais avec tant de force que dans les premières années de la liberté[161.1] ».
Le marquis René-Louis d’Argenson (1694-1757), ministre sous Louis XV et auteur de curieux Mémoires, qu’on appelait si injustement et sottement d’Argenson la Bête, disait que « les jeunes gens surtout devraient se mettre en tête cette maxime véritable, que plus on lit, plus on a d’esprit[161.2] ». Quant à lui, il ne se lassait pas de lire Don Quichotte : « J’aimais Don Quichotte à le relire vingt fois dans ma vie[161.3] ». Le marquis d’Argenson a eu pour fils le célèbre bibliophile de Paulmy (Antoine-René Voyer, marquis de Paulmy d’Argenson (1722-1787), « ce noble amateur de livres, dont aucun homme de lettres ne doit parler qu’avec estime et respect, » a dit Sainte-Beuve[162.1]. Sa bibliothèque, une des plus considérables et des plus riches qu’un particulier ait jamais formées, a été acquise, en 1785, par le comte d’Artois, et elle est devenue la Bibliothèque de l’Arsenal.
Dans Montesquieu (1689-1755) comme dans Voltaire (1694-1778), les belles et ingénieuses pensées abondent sur les livres ; ces deux grands esprits reviennent sans cesse sur les inappréciables avantages que nous procure l’amour de l’étude et des lettres.
« L’amour de l’étude est presque en nous la seule passion éternelle ; toutes les autres nous quittent, à mesure que cette misérable machine qui nous les donne s’approche de sa ruine…. Il faut se faire un bonheur qui nous suive dans tous les âges : la vie est si courte que l’on doit compter pour rien une félicité qui ne dure pas autant que nous[163.1]. » « L’étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n’ayant jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé, » nous dit encore Montesquieu[163.2]. Et, dans ses admirables Pensées, il note avec mélancolie, mais non sans une communicative émotion et sans grandeur : « Mes lectures m’ont affaibli les yeux ; et il me semble que ce qu’il me reste encore de lumière n’est que l’aurore du jour où ils se fermeront pour jamais[163.3] ».
« Quelque chose qu’il arrive, aimez toujours les lettres, écrivait Voltaire au cardinal de Bernis[163.4]. J’ai soixante-dix ans, et j’éprouve que ce sont de bonnes amies ; elles sont comme l’argent comptant, elles ne manquent jamais au besoin. »
Et au marquis de Villette[164.1] :
« Je vous invite plus que jamais à vous livrer à l’étude. L’homme studieux se revêt à la longue d’une considération personnelle que ne donnent ni les titres ni la fortune. Celui qui travaille n’a pas le temps de faire mal parler de soi. »
Sur l’influence de l’étude et la puissance des livres, Voltaire, dans son incomparable Correspondance, comme dans son Dictionnaire philosophique et ailleurs, ne tarit pas. « Songez que tout l’univers connu n’est gouverné que par des livres, excepté les nations sauvages. Toute l’Afrique, jusqu’à l’Éthiopie et la Nigritie, obéit au livre de l’Alcoran, après avoir fléchi sous le livre de l’Évangile. La Chine est régie par le livre moral de Confucius ; une grande partie de l’Inde, par le livre du Veidam. La Perse fut gouvernée pendant des siècles par les livres d’un des Zoroastres. Si vous avez un procès, votre bien, votre honneur, votre vie même dépend de l’interprétation d’un livre que vous ne lisez jamais…. Qui mène le genre humain dans les pays policés ? ceux qui savent lire et écrire. Vous ne connaissez ni Hippocrate, ni Boerhaave, ni Sydenham ; mais vous mettez votre corps entre les mains de ceux qui les ont lus. Vous abandonnez votre âme à ceux qui sont payés pour lire la Bible[165.1].
« Plusieurs bons bourgeois, plusieurs grosses têtes, qui se croient de bonnes têtes, vous disent avec un air d’importance que les livres ne sont bons à rien. Mais, messieurs les Welches, savez-vous que l’ordonnance civile, le code militaire et l’Évangile sont des livres dont vous dépendez continuellement[165.2] ?
« Puissent les Belles-Lettres vous consoler ! Elles sont, en effet, le charme de la vie, quand on les cultive pour elles-mêmes, comme elles le méritent ; mais quand on s’en sert comme d’un organe de la renommée, elles se vengent bien de ce qu’on ne leur a pas offert un culte assez pur[165.3]. »
C’est à Vauvenargues, « homme trop peu connu et qui a trop peu vécu[166.1] », que Voltaire adresse ce salutaire avertissement. Vauvenargues (1715-1747), qui a si bien dit qu’ « on ne peut avoir l’âme grande ou l’esprit un peu pénétrant sans quelque passion pour les Lettres[166.2] », était d’ailleurs passionné pour l’étude et les livres, et voici l’enthousiaste et curieuse lettre qu’il écrivait, à vingt-cinq ans, le 22 mars 1740, à son cousin, le marquis de Mirabeau, l’Ami des hommes et le père du célèbre orateur : « C’est (les Vies de Plutarque) une lecture touchante ; j’en étais fou à son âge (l’âge du jeune chevalier de Mirabeau, frère du marquis ; il avait alors dix-huit ans et servait dans le même régiment que Vauvenargues, à Verdun-sur-Meuse) ; le génie et la vertu ne sont nulle part mieux peints…. Pour moi, je pleurais de joie, lorsque je lisais ces Vies ; je ne passais point de nuit sans parler à Alcibiade, Agésilas et autres[166.3] ; j’allais dans la place de Rome, pour haranguer avec les Gracques, et pour défendre Caton, quand on lui jetait des pierres. Vous souvenez-vous que César voulant faire passer une loi trop à l’avantage du peuple, le même Caton voulut l’empêcher de la proposer, et lui mit la main sur la bouche, pour l’empêcher de parler ? Ces manières d’agir, si contraires à nos mœurs, faisaient grande impression sur moi. Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : ces lettres sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était impossible de les lire de sang-froid ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse (la terrasse du château de Vauvenargues, — que l’on voit encore aux environs d’Aix) en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion[167.1]. »
« Moins notre bonheur est dans la dépendance des autres, et plus il nous est aisé d’être heureux…. Par cette raison d’indépendance, l’amour de l’étude est, de toutes les passions, celle qui contribue le plus à notre bonheur, » conclut Mme du Châtelet (1706-1749)[167.2].
« Il n’y a point de divertissement qu’on se procure à aussi bon marché que la lecture, et il n’y a point de plaisir plus durable, » écrit lady Montague (lady Mary Wortley, née Pierrepont ; 1690-1762), l’auteur des très intéressantes lettres sur la Turquie et les mœurs musulmanes, qui se plaisait tant « au milieu de ses livres bien-aimés[168.1] ».
Dans une lettre adressée à son frère Henri, le 31 octobre 1767, Frédéric le Grand (1712-1786) fait une sorte d’humoristique et plaisante paraphrase du célèbre passage de Cicéron : Hæc studia adolescentiam alunt, etc.[168.2] : « Les Lettres sont sans doute la plus douce consolation des esprits raisonnables, car elles rassemblent toutes les passions et les contentent innocemment : — un avare, au lieu de remplir un sac d’argent, remplit sa mémoire de tous les faits qu’il peut entasser ; — un ambitieux fait des conquêtes sur l’erreur, et s’applaudit de dominer par son raisonnement sur les autres ; — un voluptueux trouve dans divers ouvrages de poésie de quoi charmer ses sens et lui inspirer une douce mélancolie ; — un homme haineux et vindicatif se nourrit des injures que les savants se disent dans leurs ouvrages polémiques ; — le paresseux lit des romans et des comédies qui l’amusent sans le fatiguer ; — le politique parcourt les livres d’histoire, où il trouve des hommes de tous les temps aussi fous, aussi vains et aussi trompés dans leurs misérables conjectures que les hommes d’à présent : — ainsi, mon cher frère, le goût de la lecture une fois enraciné, chacun y trouve son compte ; mais les plus sages sont ceux qui lisent pour se corriger de leurs défauts, que les moralistes, les philosophes et les historiens leur présentent comme dans un miroir. »
« On ne saurait, certes, ajoute Sainte-Beuve, à qui j’emprunte cette citation[169.1], traiter un lieu commun avec plus de nouveauté et le relever avec plus d’esprit. »
« Une chose ne mérite d’être écrite, disait encore Frédéric[169.2], qu’autant qu’elle mérite d’être retenue. »
A Voltaire, Frédéric le Grand écrit : « Quand tous les autres plaisirs passent, celui-là (le plaisir de cultiver les Lettres) reste : c’est le fidèle compagnon de tous les âges et de toutes les fortunes[169.3] ». « … J’aime les Belles-Lettres à la folie ; ce sont elles seules qui charment nos loisirs et qui nous procurent de vrais plaisirs[170.1]…. »
« L’amour des Lettres, écrit Duclos (1704-1772), dans ses Considérations sur les mœurs[170.2], rend assez insensible à la cupidité et à l’ambition, console de beaucoup de privations, et souvent empêche de les connaître ou de les sentir. Avec de telles dispositions, les gens d’esprit doivent, tout balancé, être encore meilleurs que les autres hommes. »
« Les Lettres sont un secours du ciel, atteste Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814)[170.3]. Ce sont des rayons de cette sagesse qui gouverne l’univers, que l’homme, inspiré par un art céleste, a appris à fixer sur la terre. Semblables aux rayons du soleil, elles éclairent, elles réjouissent, elles échauffent ; c’est un feu divin…. Les sages qui ont écrit avant nous sont des voyageurs qui nous ont précédés dans les sentiers de l’infortune, qui nous tendent la main, et nous invitent à nous joindre à leur compagnie, lorsque tout nous abandonne. Un bon livre est un bon ami. »
« Je suis auprès de mes consolateurs, de vieux livres, une belle vue et de douces promenades. J’ai soin de mes deux santés. Je tâche de les faire marcher ensemble et de n’avoir mal ni à l’âme ni au corps », écrit l’aimable et sage Ducis (1735-1816)[171.1], précisément à Bernardin de Saint-Pierre.
C’est Ducis encore qui, d’accord avec sa devise : Bene vixit qui bene latuit, disait[171.2] : « La solitude est plus que jamais pour mon âme ce que les cheveux de Samson étaient pour sa force corporelle ».
L’âpre moraliste Chamfort (1741-1794) déclare qu’ « il faut vivre, non avec les vivants, mais avec les morts, » c’est-à-dire avec les livres[171.3]. C’est lui encore qui disait que « la plupart des livres d’à présent ont l’air d’avoir été faits en un jour, avec des livres lus de la veille[172.1] ».
« Les Lettres, les saintes Lettres ! » s’exclame de son côté André Chénier (1762-1794)[172.2].
Goldsmith (1728-1774) l’auteur du Vicaire de Wakefield, affirme, par la bouche d’un de ses personnages, que « la littérature est un sujet qui lui fait toujours oublier ses misères[172.3] ».
Lessing (1729-1781) n’avait, au fond, qu’une passion, dit M. Paul Stapfer[172.4], celle des livres et de l’érudition que procurent les livres. « Il était né bibliothécaire ; il était, par nature, de
Ces rats qui, les livres rongeants,
Se font savants jusques aux dents.
« Un artiste ayant offert de le peindre lorsqu’il était enfant, il exigea qu’il y eût, dans son portrait, des livres, une masse de livres, » et le peintre dut représenter le petit homme tenant un gros volume ouvert sur ses genoux, pendant que l’index de sa main droite montrait une pile d’ouvrages entassés à ses pieds. »
L’historien Gibbon (1737-1794), qui avait puisé, dès l’enfance, auprès d’une de ses tantes, un irrésistible amour de la lecture, disait plus tard qu’il n’échangerait pas cette passion « pour les trésors de l’Inde[173.1] ».
Benjamin Franklin (1706-1790) manifesta, lui aussi, dès son bas âge, un goût très vif pour la lecture. Les quelques livres que possédait son père étaient surtout des ouvrages de polémique religieuse ; il les lut ; il lut surtout les Vies de Plutarque, qui, par hasard, s’y trouvaient mêlées. Il acheta ensuite quelques volumes de voyages ; un peu plus tard, un tome dépareillé du Spectateur d’Addison lui tomba sous la main et lui servit de modèle de style. A douze ans, Benjamin Franklin était apprenti imprimeur chez un de ses frères, et il devait y rester jusqu’à vingt et un ans. « Son grand souci était de se procurer des livres et de se ménager du temps pour les lire, tout en faisant exactement son travail…. Tandis que ses compagnons étaient hors de l’imprimerie pour prendre leur repas, il y faisait vite le sien, qu’il préparait frugalement de ses mains, et il lisait, le reste du temps, se formant à l’arithmétique, aux premiers éléments de géométrie, lisant surtout Locke sur l’Entendement humain, et l’Art de penser, de Messieurs de Port-Royal[174.1]. »
C’est l’Américain Franklin qui fut le fondateur de la première bibliothèque populaire. « C’est lui qui, simple ouvrier imprimeur, imagina de faire mettre en commun à ses compagnons les livres qu’ils possédaient : « Nous sommes douze, disait-il, et nous avons chacun un livre : si nous les mettons en commun, nous aurons douze livres à lire tour à tour[175.1] ». Tels furent le principe et l’origine de ces bibliothèques, aujourd’hui répandues par tout le globe, et qui, sous leurs formes diverses, — bibliothèques municipales, bibliothèques régimentaires, bibliothèques scolaires, bibliothèques de la Ligue de l’enseignement, etc., etc., — ont rendu et continuent de rendre tant de services à la classe ouvrière ou à des associations et des collectivités sociales, et ne cessent de contribuer au progrès général, à l’instruction, au délassement et au bonheur de tous.
- « Louis XIV avait été très mal instruit dans son enfance ; les quelques thèmes que lui dictait Péréfixe et qu’on a retrouvés depuis ne prouvent rien. Il était très ignorant des choses du passé ; il n’avait presque aucune lecture. On est allé jusqu’à dire que Louis XIV ne savait pas lire couramment l’impression, qu’il ne pouvait bien lire que des manuscrits qui étaient comme faits au burin et par des calligraphes. « Quand on lui donnait pour la messe un livre imprimé, il fallait, dit-on, lui donner en même temps le manuscrit, afin qu’il lût la messe dans ce dernier. » « C’est un abbé d’Étemare, homme d’esprit et informé de bien des particularités, qui donne cela pour certain. » (Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. I, pp. 340-341.) ↩
- Par son testament, Étienne Baluze (1630-1718) ordonna que sa bibliothèque fût vendue en détail, afin de faciliter à un plus grand nombre de gens de lettres et d’amateurs l’acquisition des raretés qu’elle contenait. Ses manuscrits, ses extraits, ses livres ou pièces annotés de sa main, furent acquis par le roi et sont aujourd’hui à la Bibliothèque nationale. (Cf. Léopold Delisle, Testament d’Étienne Baluze, dans la Bibliothèque de l’École des chartes, 1872, t. XXXIII, pp. 187-195.) « Baluze fut un des esprits éminents de son siècle, un ami éclairé du progrès…. « Baluze, dit M. Dupin, est un des hommes qui ont rendu le plus de services à la république des lettres par son application continuelle à rechercher de tous côtés des manuscrits des bons auteurs, à les conférer avec les éditions, et à les donner ensuite au public avec des notes pleines de recherches et d’érudition. » « Sa maison était le rendez-vous des savants et des gens de lettres, qu’il aidait non seulement de ses conseils et de sa plume, mais encore de son argent…. C’est Baluze qui introduisit un des premiers en France l’usage des soupers littéraires, qui se prolongèrent avec tant d’éclat dans le xviiie siècle. La joyeuse humeur y était de mise…. » (Hœfer, Nouvelle Biographie.) Sur Étienne Baluze, voir aussi Alfred Franklin, les Anciennes Bibliothèques de Paris, t. II, p. 193, n. 1. ↩
- Sur ces personnages, que je ne fais que mentionner ici, et sur un grand nombre d’autres bibliophiles et collectionneurs, on trouvera d’utiles renseignements dans le petit livre d’Édouard Fournier, l’Art de la reliure en France aux derniers siècles. Paris, Dentu, 1888. In-18. (Voir, notamment, les pages 78-110, sur le célèbre Grolier.) ↩
- « Les trois plus grands ministres qu’ait eus la France se sont rencontrés en un point : malgré la diversité de leur caractère et de leurs idées, ils cédèrent à un même entraînement : tous trois furent d’éminents et surtout de passionnés bibliophiles. Des admirables collections qu’ils avaient réunies, une seule et venue intacte jusqu’à nous. La bibliothèque de Richelieu, échue à la Maison de Sorbonne, a été dispersée pendant la Révolution. Celle de Colbert eut une destinée plus triste encore : elle fut vendue aux enchères, et les manuscrits à peu près seuls entrèrent à la Bibliothèque du Roi. Celle de Mazarin, grâce à la générosité de son fondateur, a eu la rare fortune de lui survivre et de garder son nom. » (Alfred Franklin, op. cit., Collège Mazarin, t. III, p. 37.) ↩
- Petit-Radel, op. cit., Bibliothèque Mazarine, p. 300. ↩
- Ap. Jules Janin, l’Amour des livres, p. 54. (Paris, Miard, 1866.) ↩
- Cf. Voltaire, Siècle de Louis XIV, chap. xxvi. (Œuvres complètes, t. II, p. 446. Paris, édit. du journal le Siècle, 1867-1870.) ↩
- Saint-Évremond, Œuvres choisies, pp. 402-403. (Paris, Garnier, s. d.) ↩
- Id., ibid., p. 436. ↩
- Dictionnaire historique et critique, art. Ancillon, t. II, p. 69. (Paris, Desoer, 1820.) Voir aussi, sur David Ancillon, Parent aîné, Essai sur la bibliographie et sur les talents du bibliothécaire, pp. 17-18. (Paris, chez l’auteur, an IX.) ↩
- Épître à Mgr l’évêque de Soissons (alors le célèbre Huet, qui devint plus tard évêque d’Avranches). (La Fontaine, Œuvres, t. IX, pp. 202, et 204. Collection des Grands Écrivains. Paris, Hachette, 1892.) ↩
- De l’Esprit géométrique, in fine. (Pascal, Œuvres complètes, t. II, pp. 353-354. Paris, Hachette, 1860.) ↩
- Lettre du 14 décembre 1689. (Lettres de Mme de Sévigné, t. VI, p. 58. Paris, Didot, 1867. 6 vol. in-18.) ↩
- Lettre du 15 juin 1689. (Tome V, p. 419.) ↩
- Lettre du 17 juillet 1689. (Tome V, p. 442.) ↩
- Lettre du 23 septembre 1671. (Tome I, p. 363.) ↩
- Lettre du 15 janvier 1690. (Tome VI, p. 94.) ↩
- Lettre du 16 novembre 1689. (Tome VI, p. 33.) ↩
- Les Aventures de Pyrrhus. (Diderot, Œuvres complètes, t. IX, p. 463. Paris, Garnier, 1876.) ↩
- Ap. Lubbock, le Bonheur de vivre, trad., p. 54. (Paris, Alcan, 1891.) ↩
- Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. II, p. 170. ↩
- S. de Sacy, Variétés littéraires, t. II, p. 576. ↩
- Ap. Sainte-Beuve, ibid. ↩
- Ap. Sainte-Beuve, op. cit., t. II, p. 171. ↩
- Op. cit., t. II, p. 164. ↩
- Op. cit., t. II, p. 181. ↩
- Sainte-Beuve, op. cit., t. II, p. 168, n. 1. ↩
- Ce maniaque « était un financier du nom de Morel, dont le descendant, M. Morel de Vindé, fut aussi bibliophile, mais avec une ardeur plus intelligente. » (Édouard Fournier, l’Art de la reliure en France, p. 206.) ↩
- La Bruyère, Caractères, De la mode, p. 349. (Paris, Dezobry, 1849.) Ce vigoureux burin n’a pas manqué de mettre aux champs plus d’un bibliographe. L’un d’eux, L. Derome, a riposté de cette sorte : « … On n’a rien écrit à cet égard de plus brutal et de plus grossier que ces paroles de La Bruyère : « Je vais, dit-il, trouver cet homme, — le bibliophile, — qui me reçoit dans une maison où, dès l’escalier, » etc. (Encore une fois rappelons bien qu’il ne s’agit pas d’un bibliophile, d’un ami des livres, mais d’un maniaque, qui ne lit jamais.) « La Bruyère, continue rageusement L. Derome, était un parasite, habitué à vivre dans la domesticité des grands ; il leur rendait en dédain et en mauvais propos l’hospitalité qu’ils lui accordaient. Campé derrière Sénèque et Diogène, sur les hauteurs de la philosophie stoïcienne, il faisait profession de médire de beaucoup de choses qui lui manquaient. D’abord des femmes, parce qu’il avait une figure de soldat, selon l’expression d’un auteur contemporain, et n’avait point le don de leur être agréable ; du pouvoir, qui n’était point à sa portée ; des richesses, qui lui faisaient aussi défaut ; de la noblesse, parce qu’il n’avait pas de naissance ; du luxe des vêtements, parce que le prince de Conti lui laissait porter des habits râpés ; des palais et de ce qu’ils contiennent, y compris les livres, n’ayant de quoi loger ni des livres, ni un mobilier, ni sa personne. C’est l’éternelle fable du renard et des raisins qui sont trop verts. Vivant d’ailleurs dans les coulisses du grand théâtre de la cour, il n’avait qu’à se pencher pour voir défiler une à une les vanités du xviie siècle, et il était merveilleusement doué pour en saisir à première vue les côtés grotesques. Aucun détail de mœurs ne lui échappe : son œil pénétrant ne laisse passer aucune misère sans la noter d’un mot qui est un stigmate. Dans le musée qu’il nomme Caractères, la vérité coule à flots pressés ; mais regardez à celui qui la dit, et mesurez, si vous pouvez, l’amertume de son fiel ; nulle part l’éloge ne tempère l’animosité chagrine ; la religion elle-même n’est qu’un sauf-conduit qui sert d’enseigne à son humeur, et l’austérité un manteau qui le défend. II parle des livres du ton d’un homme en colère ; on dirait qu’ils l’ont mordu à la jambe. Ce n’est pas à eux qu’il en veut, mais à ceux qui les possèdent, qui les couvrent de leurs armoiries. Or, ce ne sont pas des manants. Ce sont les grands du royaume, les hommes d’État, les gens d’Église, l’aristocratie mondaine et lettrée, quiconque a, en France, une place considérable au soleil. Le coup de poing du sombre janséniste tombe sur eux comme une lettre de cachet. Leur effarement est inutile et leurs menaces vaines ; le roi n’entend pas qu’on touche à ce bouledogue ; il lui accorde la protection dont jadis il a honoré Molière. » (L. Derome, le Luxe des livres, pp. 29-32.) ↩
- La Bruyère, op. cit., Des ouvrages de l’esprit, p. 19. ↩
- Télémaque, livre II, p. 28. (Paris, Dezobry, s. d.) ↩
- Épître X. (Boileau, Œuvres complètes, t. I, p. 180. Paris, Hachette, 1867.) ↩
- Ici, dans un vallon bornant tous mes désirs,
J’achète à peu de frais de solides plaisirs.
Tantôt, un livre en main, errant dans les prairies,
J’occupe ma raison d’utiles rêveries ;
Tantôt, cherchant la fin d’un vers que je construi,
Je trouve au coin d’un bois le mot qui m’avait fui…
(Épître VI ; t. I, p. 161.) ↩
- Ici, dans un vallon bornant tous mes désirs,
- Cf. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. V, p. 291. ↩
- En 1725 (ou 1726 ?). C’est dans cet incendie, paraît-il, que périrent les manuscrits où Racine et Boileau, en leur qualité d’historiographes du roi, avaient retracé les campagnes de Louis XIV. (Cf. Lanson, Histoire de la littérature française, p. 534, n. 2.) « On eut la bonté de croire que des ouvrages importants, que l’académicien [Valincour] tenait en réserve, et notamment son Histoire de Louis XIV, avaient péri dans cet accident. Ce fut une excellente excuse pour l’humeur paresseuse de Valincour. » (Michaud, Biographie universelle, art. Valincour.) ↩
- Cf. Charles Nodier, Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, Préface, p. iii. ↩
- Voir Daguesseau, Œuvres choisies. (Paris, Didot, 1871.) ↩
- Op. cit., p. 293. ↩
- Op. cit., p. 263. ↩
- Thomas, Éloge de Daguesseau, ap. Daguesseau, Œuvres complètes, t. I, p. xcii, notes (Paris, Fantin, 1819). Je trouve dans les mêmes notes (pp. xci et suiv.) les renseignements suivants relatifs au chancelier Daguesseau : « Il savait la langue française par principes, le latin, le grec, l’hébreu, l’arabe et d’autres langues orientales, l’italien, l’espagnol, l’anglais et le portugais. On pouvait dire de lui qu’il était contemporain de tous les âges, et citoyen de tous les lieux ; il n’était étranger dans aucun pays ni dans aucun siècle…. Il avait une mémoire prodigieuse ; il lui suffisait, pour retenir, d’avoir lu une seule fois avec application. Il n’avait point appris autrement les poètes grecs, dont il récitait souvent des vers et des morceaux entiers. A l’âge de quatre-vingt-un ans, un homme de lettres ayant cité peu exactement devant lui une épigramme de Martial, il lui en récita les propres termes, en avouant qu’il n’avait pas vu cet auteur depuis l’âge de douze ans. II retenait quelquefois ce qu’il avait seulement entendu lire. Boileau lui ayant un jour récité une de ses pièces qu’il venait de composer, M. Daguesseau lui dit tranquillement qu’il la connaissait, et sur-le-champ la lui répéta tout entière. Le satirique, comme on s’en doute bien, commença par entrer en fureur, et finit par admirer…. M. Daguesseau ne connut jamais les plaisirs et ce qu’on appelle amusements ; son principe était qu’il n’est permis de se délasser qu’en changeant d’occupations. Il ne faisait aucun voyage, même à Versailles, sans lire ou se faire lire en chemin quelque ouvrage…. Il ne demanda, ne désira jamais aucune charge ; les honneurs vinrent le chercher. Au commencement de la Régence, lorsqu’il n’était encore que procureur général, il refusa de faire des démarches pour son élévation, quoiqu’il fût presque assuré du succès : « A Dieu ne plaise, dit-il, que j’occupe jamais la place d’un homme vivant ! » « Il n’aspirait qu’à être utile ; et, pendant soixante ans passés dans les premières charges de l’État, il n’eut pas même la pensée qu’il pouvait s’enrichir ; il aurait cru que c’était vendre ses services…. Il n’a laissé d’autres fruits de ses épargnes que sa bibliothèque, encore n’y mettait-il qu’une certaine somme par an. Son esprit, solide dans tous les goûts, n’aimait que les livres utiles ; il méprisait ceux qui n’étaient que rares…. M. Daguesseau mourut le 9 février 1751. Il porta, même au delà du tombeau, l’horreur du luxe, et la simplicité qui fît son caractère. Il voulut que ses cendres fussent mêlées et confondues parmi celles des pauvres, dans le cimetière de la paroisse d’Auteuil, où son épouse était enterrée. » ↩
- Ap. Voltaire, Conseils à un journaliste…. t. IV, p. 617 (édit. du journal le Siècle). Nous venons de voir (p. 159, n. 1) cette même sentence appliquée au chancelier Daguesseau, polyglotte. ↩
- Ap. Albert Collignon, la Vie littéraire, p. 206. ↩
- Saint-Simon, Mémoires, t. V, p. 198. (Paris, Hachette, 1865. 13 vol. in-16.) ↩
- Ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. XII, p. 134. ↩
- Ap. Id., op. cit., t. XII, p. 150. Dans cette même Causerie du lundi (p. 133), Sainte-Beuve nous décrit en ces termes le « cabinet-sopha » que l’original et ingénieux marquis avait imaginé de se faire construire tout exprès pour lire et travailler plus à son aise : « Comme il avait observé que l’esprit quelquefois se dissipe, et, pour ainsi dire, s’extravase dans un lieu trop vaste, et que « pour étudier, pour lire, méditer, écrire, les petits endroits ont beaucoup d’avantages sur les plus grands, » il avait imaginé et s’était fait faire une sorte de cabinet-sopha ou de cage allant sur roulettes, assez pareille à une maison de berger, où il n’y avait place que pour une personne, où l’on ne pouvait se tenir debout, où l’on était assis très à l’aise, à l’abri de tous vents coulis, et où il suffisait d’une bougie pour échauffer le dedans. » ↩
- Op. cit., t. XII, p. 152. ↩
- Montesquieu, Discours sur les motifs qui doivent nous encourager aux sciences. (Œuvres complètes, t. II, p. 402. Paris, Hachette, 1866.) ↩
- Pensées diverses, Portrait (t. II, pp. 419-420). Voir, comme correctif de cet aveu, supra, p. 2, n. 2. ↩
- Pensées diverses, Portrait (t. II, p. 424). ↩
- Lettre du 18 janvier 1764. (Voltaire, Œuvres complètes, t. VIII, p. 332. Paris, édit. du journal le Siècle, 1867-1870.) Presque à la même époque, le cardinal de Bernis, archevêque d’Albi (1715-1794), écrivait de son côté : « J’aime toujours les lettres : elles m’ont fait plus de bien que je ne leur ai fait d’honneur. » (Ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. VIII, p. 47.) ↩
- Dictionnaire philosophique, art. Livres (t. I, p. 512). ↩
- L’homme aux quarante écus, chap. x (t. VI, p. 244). Cf. Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) (Études de la nature, XIV, p. 539 ; Paris, Didot, 1868, in-18) : « Il me semble qu’il se prépare pour nous quelque révolution favorable. Si elle arrive, on en sera redevable aux lettres ; elles ne mènent aujourd’hui à rien ceux qui les cultivent parmi nous ; cependant elles régissent tout. Je ne parle pas de l’influence qu’elles ont par toute la terre, gouvernée par des livres. L’Asie est régie par les maximes de Confucius, les Koran, les Beth, les Védam, etc. » Cf. aussi vicomte de Bonald (1754-1840) (ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. IV, p. 431) : « Depuis l’Évangile jusqu’au Contrat social, ce sont les livres qui ont fait les révolutions ». ↩
- Lettre de décembre 1744. (Voltaire, Œuvres complètes, t. VII, p. 651.) ↩
- Voltaire, Commentaires sur Corneille, Pompée (t. IV, p. 447). ↩
- Vauvenargues, Œuvres choisies, Réflexions et maximes, p. 276. (Paris, Didot, 1858. In-18.) ↩
- Cf. infra, p. 270, Alfieri lisant les Vies de Plutarque. ↩
- Vauvenargues, Œuvres posthumes et œuvres inédites, Correspondance, pp. 192-193. (Paris, Furne, 1857.) ↩
- Réflexions sur le bonheur, dans les Lettres inédites de Mme la marquise du Châtelet à M. le comte d’Argental, pp. 356-357. (Paris, Xhrouet, Déterville, etc., 1806.) ↩
- Causeries du lundi, t. XII, pp. 378-379. ↩
- Ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. III, p. 158. C’est encore des Causeries du lundi (t. III, p. 186) que j’extrais l’anecdote suivante : « Au sortir de la guerre de Sept Ans, quand d’Alembert alla visiter Frédéric à Potsdam et qu’il lui parlait de sa gloire : « II m’a dit avec la plus grande simplicité, écrit d’Alembert, qu’il y avait furieusement à rabattre de cette gloire ; que le hasard y était presque tout, et qu’il aimerait bien mieux avoir fait Athalie que toute cette guerre. » ↩
- Lettre du 20 février 1767. (Voltaire, Œuvres complètes, t. VII. p. 186.) ↩
- Lettre du 6 pluviôse an XII, Lettres de Ducis, édit. Paul Albert, p. 163. (Paris, Jousset, 1879.) ↩
- Lettre du 22 ventôse an XII, op. cit., p. 169 ; et lettre du 2 avril 1815, op. cit., p. 376. Cf. aussi Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. IV, p. 384. ↩
- Dialogue XXIV (Œuvres choisies, t. I, p. 184. Paris, Dubuisson, Bibliothèque nationale, 1866. 3 vol. in-16). Cf. la réponse de L’oracle à Zénon le stoïcien sur le meilleur genre de vie et la règle capitale de conduite à adopter : « Converse avec les morts » (avec les livres). Et, selon le conseil du bibliographe lyonnais Bollioud-Mermet (1709-1793) (Essai sur la lecture, p. 124 ; Lyon, Duplain, 1765) : « Que le commerce des morts nous apprenne à converser avec les vivants ». « … Accoutumons-nous de bonne heure à connaître le prix de la lecture, à l’aimer, à la goûter, à la faire fructifier en nous, dit encore Bollioud-Mermet. (Ibid.) Consacrons-lui notre loisir. Comprenons que l’état de l’homme oisif et sans étude est une privation de vie, une sorte de sépulture : « Otium sine litteris mors est, et hominis vivi sepultura ». (Sénèque, Epistolæ, 82.) Ne bornons pas notre zèle à une spéculation vaine et stérile…. Que le bon usage des livres justifie le choix que nous en aurons fait ; et que la doctrine saine que nous y puiserons soit toujours la base de nos maximes, le principe de nos actions, la règle enfin de nos devoirs, de nos mœurs et de notre conduite. » ↩
- Op. cit., Maximes et Pensées, t. II, p. 85. ↩
- Ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. IV, p. 145. ↩
- Vicaire de Wakefield, trad. Fournier, chap. xx, p. 144. (Paris, M. Lévy, 1869.) Et, un siècle avant Goldsmith, Milton (1608-1674) disait, « en un latin superbe » (B.-H. Gausseron, Bouquiniana, p. 46) :
- Et totum rapiunt me, mea vita, libri.
Rappelons encore un autre mot de Milton, que Mirabeau a inscrit en épigraphe à sa brochure Sur la liberté de la presse : « Tuer un homme, c’est tuer une créature raisonnable ; mais étouffer un bon livre, c’est tuer la raison elle-même ». (Vermorel, Mirabeau, sa vie, ses opinions et ses discours, t. III, p. 13. Paris, Dubuisson, Bibliothèque nationale, 1868. 5 vol. in-16.) ↩
- Goethe et Lessing, Revue Bleue, 31 janvier 1880, p. 725. ↩
- Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. VIII, p. 436 ; et Lubbock, le Bonheur de vivre, p. 61. On trouve, dans ce dernier ouvrage, chap. iii et iv, et dans le volume de M. B.-H. Gausseron, mentionné plus haut, Bouquiniana, notes et notules d’un bibliologue (Paris, Daragon, 1901), de nombreuses pensées et anecdotes sur les livres et la lecture, glanées de préférence parmi les écrivains anglais. ↩
- Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. VII, p. 130. On connaît l’épitaphe que Franklin, dans sa spirituelle bonhomie, et si porté à la métaphore familière, composa sur lui-même (ap. Michaud, Biographie universelle ; Larousse, Grand Dictionnaire ; etc.) :
Ici repose,
livré aux vers,
le corps de Benjamin Franklin, imprimeur.
Comme la couverture d’un vieux livre,
dont les feuillets sont arrachés,
et la dorure et le titre effacés.
Mais, pour cela, l’ouvrage ne sera pas perdu ;
car il reparaitra,
comme il le croyait,
dans une nouvelle et meilleure édition,
revue et corrigée
par
l’auteur. ↩
- E. Spuller, Conférences populaires, les Livres et les Conférences, p. 44. (Paris, Dreyfous, 1879.) Ce qui n’empêche pas le conférencier d’émettre (p. 46) ce vœu on ne peut plus louable, car on ne lit bien et l’on ne savoure bien que les livres qui vous appartiennent : « Je voudrais pourtant que chacun s’habituât à avoir dans sa maison une petite bibliothèque de choix et composée des livres préférés pour faire la lecture en famille ». Voir aussi, sur Franklin et les bibliothèques populaires, Éd. Laboulaye, Revue des cours littéraires, 30 décembre 1865, t. III, p. 85. ↩
Publié le 22 oct. 1905 par Albert Cim