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Le Livre, tome III, p. 004-018

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 4.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 4 [018]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 5.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 5 [019]. Source : Internet Archive.

ou whatman, 10 francs ; sur grand papier (c’est-à-dire papier à grandes marges), chine ou whatman, 30 francs.

L’édition des œuvres complètes d’Alfred de Musset (10 volumes format petit in-12) publiée par l’éditeur Lemerre est de même tarifée[004.1] ; le volume sur papier vélin, 6 francs ; sur hollande, 25 francs ; sur chine et sur whatman, 50 francs ; sur japon, 75 francs.

Le papier, qui tire son nom du mot latin papyrus, roseau jadis très abondant en Égypte[004.2], et dont l’écorce, aisément détachée en larges et légères bandelettes, recevait l’écriture des anciens scribes, est d’origine très lointaine et très incer­taines[004.3]. C’est ce

[III.018.004]
  1.  Catalogue de la librairie Alphonse Lemerre, 1899, pp. 20-21.  ↩
  2.  Chose étrange, le papyrus, cette plante si utile et si employée, a fini, « de nos jours, par disparaître à peu près entièrement de l’Égypte ». (Louis Figuier, les Merveilles de la science, t. II, l’Industrie du papier, p. 155 ; Paris, Furne-Jouvet, s. d. [1873-1876]. — J’aurai fréquemment recours à cette monographie illustrée du papier, de son histoire et de ses procédés de fabrication, qui est très documentée et bien présentée ; malheureusement, elle date de trente ans, et la fabrication du papier, durant ce laps de temps, s’est sensiblement modifiée.)  ↩
  3.  Sur le papyrus et la fabrication du papier chez les anciens, voir notre tome I, pages 46 et suiv. Rappelons que la plante dite papyrus par les Égyptiens et par les Romains se nommait en grec πάπυρος, et aussi ϐίϐλος ; que ce dernier mot, qui désignait plus particulièrement l’écorce du papyrus, a, par extension, signifié papier, livre ; et que notre mot livre vient du latin liber, qui avait d’abord le sens d’écorce, partie de l’écorce des arbres (le liber), puis spécialement écorce du papyrus, et de là enfin livre, comme volumen. Cf. H. Géraud, Essai sur les livres dans l’antiquité, pp. 24, 74 et s. ; — Gabriel Peignot, Essaisur ta reliure des livres, pp. 23-24 : « … Comme cette écorce se nommait liber chez les Latins… Liber dicitur interior corticis pars quæ ligno cohæret, on a, par la suite, donné le nom de livre à toutes sortes d’écrits composés de plusieurs feuilles réunies en un volume » ; — Daremberg, Saglio et Pottier. Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, art. Liber et Membrana, très bons articles de M. Georges Lafaye ; — etc.  ↩

Le Livre, tome II, p. 318-334

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 318.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 318 [334]. Source : Internet Archive.

bibliothèques de nombre de couvents, et les soins les plus rigoureux étaient souvent prescrits aux moines pour la conservation et le bon ordre de leurs livres. « Un religieux devait demander pardon, comme d’une faute punissable, d’avoir laissé tomber un livre, dit H. Géraud[318.1] ; il devait veiller avec soin à ce que ceux qu’il empruntait à la bibliothèque du couvent ne fussent exposés ni à la fumée ni à la poussière ; la moindre tache arrivée par sa négligence était un sujet d’un grave reproche. Enfin le prêt des livres, même lorsqu’ils ne devaient point sortir de la maison, était soumis à des garanties bien autrement efficaces que dans nos bibliothèques publiques. Le sacristain ou le bibliothécaire, armarius, dans les monastères où cette charge existait, devait non seulement inscrire l’emprunt, mais encore exiger de l’emprunteur un gage qui n’était remis qu’au moment où le livre était restituée[318.2]. »

[II.334.318]
  1.  Essai sur les livres dans l’antiquité, p. 227.  ↩
  2.  Géraud cite ici, entre autres références, Félibien, Histoire de Paris, pièces justificatives, t. III, p. 177, et une série d’articles intitulés Des Bibliothèques au moyen âge, parus dans les Annales de philosophie chrétienne de janvier et février 1839. Ces précautions et ces soins n’étaient malheureusement pas pris dans tous les monastères. Voir ce qui est dit dans notre tome I, page 81 : « La règle des couvents, comme toutes les lois en général, indique ce qui devait se faire, et non pas ce qui se faisait, » etc. ; plus loin, page 102, la visite de Boccace à l’abbaye du Mont-Cassin ; et, dans le présent volume, page 270, le désordre qui régnait parfois dans les bibliothèques conventuelles.  ↩

Le Livre, tome II, p. 144-160

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 144.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 144 [160]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 145.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 145 [161]. Source : Internet Archive.

V. Livres de luxe et bouquins

Le beau livre, le livre de luxe, a naturellement trouvé, de tout temps, des appréciateurs et des admirateurs[144.1] : on ne peut méconnaître, en effet, pour le simple usage même, pour la lecture ou l’étude, le très puissant attrait et toute l’importance

[II.160.144]
  1.  Il a aussi trouvé parfois, à différentes époques, des dénigreurs et contempteurs. Aux premiers siècles de l’Église, saint Jérôme (331-420) condamnait les dépenses faites pour l’ornementation des livres : « On teint les parchemins en pourpre, dit-il, on les couvre de lettres d’or, on revêt les livres de pierres précieuses, et les pauvres meurent de froid à la porte du temple : Gemmis codices vestiuntur, et nudus ante fores emoritur Christus. » (Ap. Géraud, Essai sur les livres dans l’antiquité, p. 138.) Plus tard, les disciples de saint Bernard (1091-1153), les austères religieux de Cîteaux, blâmaient sans relâche leurs confrères et rivaux, les bénédictins de Cluny, d’enluminer et adorner les manuscrits, et il y avait même un des statuts de leur règle qui leur défendait d’employer, dans la confection des manuscrits, l’or, l’argent et même les vignettes. (Cf. Lecoy de la Marche, les Manuscrits et la Miniature, pp. 163-164 ; et Géraud, op. cit., p. 53.) « Nombre de petites communautés de Cîteaux ont laissé corrompre et pourrir de beaux manuscrits, ou en ont donné les feuilles à leurs cuisiniers pour mettre sous la pâte, envelopper leur tabac, ou vendre aux épiciers et beurriers. » (Dom Guiton, ancien bibliothécaire de l’abbaye cistercienne de Clairvaux, 1744. ap. Fertiault, les Légendes du livre, p. 200.) « Nous lisons, au contraire, dans la Vie de saint Boniface, apôtre de l’Allemagne, que, parmi les livres qu’il fit venir d’Angleterre, se trouvaient les Épitres de saint Paul écrites en lettres d’or. Le même saint priait une abbesse copiste de transcrire pour lui les Épîtres de saint Pierre avec de l’encre d’or, et cela par respect pour les Saintes Écritures. » (Géraud, op. cit., pp. 53-54.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 099-123

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 99.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 99 [123]. Source : Internet Archive.

encore dans une de ses lettres[099.1], et cependant j’en ai peut-être plus qu’il ne faut…. Les livres nous charment jusqu’à la moelle, nous parlent, nous donnent des conseils, et sont unis à nous par une sorte de familiarité vivante et harmonieuse. »

« Pétrarque tombait dans l’hypocondrie quand il cessait de lire ou d’écrire…. Dans le cours de ses fréquents voyages, il écrivait partout où il s’arrêtait[099.2]. Un de ses amis, l’évêque de Cavaillon, craignant que l’ardeur avec laquelle le poète travaillait à Vaucluse n’achevât de ruiner sa santé, déjà très ébranlée, lui demanda un jour la clef de sa bibliothèque. Pétrarque la lui remit, sans savoir pourquoi son ami voulait l’avoir. Le bon évêque enferma dans cette bibliothèque livres et écritoires, et lui dit : « Je te défends de travailler pendant dix jours ». Pétrarque promit d’obéir, non sans un violent effort. Le premier jour lui parut d’une longueur interminable ; le second, il eut un mal de tête continu ; le troisième, il se sentit des mouvements de fièvre. L’évêque,

[I.123.099]
  1.  Ap. Mézières, Pétrarque, p. 332. (Paris, Didier, 1868.)  ↩
  2.  Il avait une veste de cuir, sur laquelle il écrivait, durant ses promenades, lorsqu’il manquait de papier ou de parchemin. Ce vêtement, couvert d’écriture et de ratures, était encore, en 1527, conservé par le cardinal Sadolet comme une précieuse relique littéraire. (Géraud, op. cit., pp. 9-10.) Cf. Pascal revenant « quelquefois de la promenade avec les ongles chargés de caractères qu’il traçait dessus avec une épingle : ces caractères lui remettaient dans l’esprit diverses pensées qui auraient pu lui échapper ». (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. IV, p. 599.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 091-115

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 90.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 90 [115]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 92.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 92 [116]. Source : Internet Archive.

du latin en français les passages qu’ils ne comprenaient pas. »

Malheureusement, cet essai de bibliothèque publique n’eut pas de suite : « par une étrange aberration, le saint roi détruisit lui-même l’avenir que se pouvait promettre une si sage institution, en dispersant ses livres et en les distribuant par testament entre divers monastères[091.1] ».

Saint Louis n’aimait pas à lire ni à entendre lire en mangeant ou au sortir de table[091.2]. « Il n’est si bon livre, disait-il à ses chapelains, qui vaille après manger une causerie[091.3]. »

[I.115.091]
  1.  Géraud, op. cit., p. 228.  ↩
  2.  « …. Il (saint Louis) avoit la bible glosée, et originaux de saint Augustin et d’autres sainz, et autres livres de la sainte escripture, esquex il lisoit et fesoit lire moult de foiz devant lui el tens dentre disner et heure de dormir, cest a savoir, quant il dormoit de jour ; mès pou li advenoit que il dormist a tele heure…. Chascun jour… il sen raloit en sa chambre ; et adoncques estoit alumee une chandelle de certaine longueur, cest a savoir de trois piez ou environ ; et endementieres que ele duroit, il lisoit en la bible ou en un autre saint livre ; et quant la chandele estoit vers la fin, un de ses chapelains estoit apelé, et lors il disoit complie avecques lui. » (Vie de saint Louis, par le Confesseur de la reine Marguerite, dans le Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XX, p. 79. Paris, Imprimerie royale, 1840.)  ↩
  3.  Cité par Ph. de Grandlieu (Léon Lavedan) dans le Figaro du 26 août 1879, p. 1, col. 2. Je n’ai pu trouver la source originale de ce mot. — Je rejette en note, et dans les termes mêmes où je les trouve, les menus propos suivants, dont le contrôle ne m’a pas été non plus possible et qui peuvent être sujets à caution : « Un des courtisans du roi Alphonse V dit le Sage s’avisa de soutenir en sa présence qu’il avait lu dans l’histoire qu’un certain roi d’Espagne disait que « la science ne convient nullement aux gens distingués par leur rang ou par leurs richesses. — Vous vous trompez, répondit Alphonse, ce n’est pas un roi qui l’a dit : c’est un bœuf ou un âne. » (Jean Darche, Essai sur la lecture, p. 30.) S’agit-il ici d’Alphonse V le Magnanime, appelé aussi le Sage (cf. Larousse, Petit Dictionnaire complet illustré, 134e édit., p. 862 ; ni le Grand Dictionnaire de Larousse, ni Michaud, ni Hœfer, etc., ne mentionnent ce surnom de « le Sage » appliqué à ce souverain), roi d’Aragon, de Naples et de Sicile (….-1458), dont il a été question tout à l’heure (p.  89, note) ; ou bien d’Alphonse X (et non V), également surnommé le Sage, (et Sabio, le Savant), roi de Castille et de Léon (1226-1284), à qui l’on attribue cet aveu, dépouillé de modestie, mais rempli d’excellentes intentions : « Si le Père éternel avait daigné me consulter quand il a créé le monde, je lui aurais certainement donné quelques bons conseils, et, à nous deux, nous aurions fait mieux que ce qu’il a fait tout seul » ? (Cf. Michaud, Biographie universelle ; Hœfer, Nouvelle Biographie ; etc.) Un autre Alphonse, roi d’Aragon (sans autre indication), « disait qu’entre toutes les choses que les hommes recherchent pendant leur vie, il n’y a rien de meilleur que d’avoir « de vieux bois pour brûler, de vieux vin pour boire, de vieux amis pour la société (pour causer), et de vieux livres pour lire. » (Un Libraire [P. Chaillot jeune), Manuel du libraire, du bibliothécaire…, p. 155.) Walter Scott (l’Antiquaire, chap. vi, p. 40 ; trad. Albert Montémont) attribue ce mot « au roi Alphonse de Castille », sans préciser non plus davantage, et comme s’il n’y avait eu qu’un seul roi de Castille du nom d’Alphonse. Selon M. Fertiault (les Amoureux du livre, p. 171), cette sentence, apologie du vieux bois, du vieux vin, des vieux amis et des vieux livres, émane d’ « Alphonse le Sage, roi d’Aragon ».  ↩

Le Livre, tome I, p. 080-104

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 80.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 80 [104]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 81.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 81 [105]. Source : Internet Archive.

affectée aux archives, affectation sanctionnée plus tard par le pape Grégoire le Grand (540-604). Cette bibliothèque de Saint-Jean-de-Latran, que le pape Nicolas V (1398-1455), passionné pour les lettres, fit transférer au Vatican et enrichit considérablement, est la plus ancienne des bibliothèques publiques de l’Europe moderne[080.1].

Néanmoins, durant ces premiers siècles du moyen âge, c’est surtout, c’est presque exclusivement dans les monastères que se réfugie l’amour des livres et de l’étude. Pas de couvent qui ne se piquât d’honneur d’avoir sa bibliothèque : « Monastère sans livres, place de guerre sans vivres, » disait un proverbe d’alors : Claustrum sine armario, quasi castrum sine armamentario[080.2]. La plupart des règles conven-

[I.104.080]
  1.  Cf. Lalanne, Curiosités bibliographiques, pp. 148 et 190. La Grande Encyclopédie (art. Bibliothèque, p. 651) estime que « la première bibliothèque vraiment publique que l’Europe ait connue est la bibliothèque Ambrosienne, à Milan, fondée par le cardinal Borromée (1608) ».  ↩
  2.  Géraud, op. cit., p. 227. « La bibliothèque est le vrai trésor d’un monastère ; sans elle, il est comme une cuisine sans casseroles, une table sans mets, un puits sans eau, une rivière sans poissons, un manteau sans vêtements, un jardin sans fleurs, une bourse sans argent, une vigne sans raisins, une tour sans gardes, une maison sans meubles. Et, de même qu’on conserve soigneusement un bijou dans une cassette bien fermée, à l’abri de la poussière et de la rouille, de même la bibliothèque, suprême richesse du couvent, doit être attentivement défendue contre l’humidité, les rats et les vers. » (Thomas A Kempis, ap. Fertiault, les Amoureux du livre, pp. 235-236. Paris, Claudin, 1877.) « Une abbaye n’était pas seulement un lieu de prière et de méditation, c’était encore un asile ouvert contre l’envahissement de la barbarie sous toutes ses formes. Ce refuge des livres et du savoir abritait des ateliers de tout genre, » etc. (Aug. Thierry, Essai sur l’histoire du Tiers État, p. 17. Paris, Furne, 1868. In-16.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 079-103

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 79.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 79 [103]. Source : Internet Archive.

et ces ministres, ils les choisirent forcement parmi les plus instruits de leurs nouveaux sujets. Ainsi le roi des Ostrogoths Théodoric (457-525), qui ne savait pas écrire[079.1], attira autour de lui les plus savants hommes de son temps, l’évêque de Pavie Eunodius, Boèce, l’auteur du traité De la Consolation, traducteur et commentateur d’Aristote, et l’historien philosophe Cassiodore (468-562), dont il fit son secrétaire et l’un de ses principaux dignitaires. Cassiodore finit par se retirer dans le monastère de Viviers, qu’il avait fondé près de sa ville natale Squillace, en Calabre ; il y organisa un vaste atelier de copistes pour la transcription des ouvrages anciens, et mérita le surnom de « Conservateur des livres de l’antiquité latine »[079.2].

A peu près dans ce même temps, le pape Hilaire (mort en 467) établit, à la basilique de Saint-Jean-de-Latran, deux bibliothèques, dont l’une devait être

[I.103.079]
  1.  « Théodoric n’ayant jamais pu apprendre à écrire son nom avait fait percer à jour, dans une mince lame d’or, les initiales Théod. ; lorsqu’il voulait signer, il posait sur le papier cette lame, promenait la plume dans les contours des lettres, et les traçait ainsi à travers la plaque métallique, au bas de l’acte où il devait apposer son nom. » (Écrivain anonyme du ve siècle, publié à la suite de l’Ammien Marcellin de Wagner, ap. Géraud, op. cit., p. 42.) « L’empereur Justin l’Ancien (450-527) signait de la même manière les quatre premières lettres de son nom ; mais il se servait d’une plaque en bois et d’un roseau, et il fallait encore que sa main fût conduite. » (Procope, ap. Géraud, ibid. ↩
  2.  Cf. Egger, op. cit., p. 303.  ↩

Le Livre, tome I, p. 074-098

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 74.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 74 [098]. Source : Internet Archive.

espèces d’encres rouges. La plus estimée, chez les Latins, était le minium, qui a été longtemps regardé comme une couleur sacrée. On en peignait le corps des triomphateurs et la figure de Jupiter aux jours de fête[074.1]. Aujourd’hui le nom de minium s’applique à l’oxyde rouge de plomb. Mais on pense que « celui des anciens n’était pas différent du sulfure de mercure, qu’on appelle encore cinabre, et vermillon quand il est en poudre. On le nommait aussi coccum[074.2]. La rubrique, rubrica, espèce de sanguine ou d’ocre brûlée, était d’un rouge moins éclatant et plus sévère que le minium. On l’employait pour écrire les titres des lois ; de là, chez les anciens eux-mêmes, une synonymie bien constatée entre les mots rubrica et titulus, lex ou formula. De là l’épithète de rubræ, rouges, donnée par Juvénal aux lois anciennes[074.3]…. »

En général, l’encre noire ordinaire des anciens pouvait assez facilement s’effacer, quand elle était fraîche, avec une éponge et de l’eau ; lorsqu’elle était sèche, il fallait faire usage du grattoir.

« Comme la matière première pour écrire était, dans l’antiquité, beaucoup plus rare que ne l’est le papier de nos jours, il arrivait souvent qu’on lavait et qu’on grattait un parchemin portant de l’écri-

[I.098.074]
  1.  Cf. Pline l’Ancien, XXXIII, 36.  ↩
  2.  Cf. Martial, III, 2, vers 11.  ↩
  3.  Géraud, op. cit., p. 51.  ↩

Le Livre, tome I, p. 073-097

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 73.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 73 [097]. Source : Internet Archive.

dans la journée, encore trouvent-ils mille prétextes pour retarder l’instant du travail : l’encre est trop épaisse, la sépia s’évapore dans l’eau[073.1]…. »

Outre l’encre noire, et la sèche, les anciens possédaient une « encre indienne », dont parle Pline l’Ancien[073.2], « qui est aussi mentionnée par Vitruve, et pourrait bien avoir donné naissance à l’encre de Chine[073.3] ». Ils connaissaient aussi les encres de couleur, et particulièrement l’encre ou liqueur d’or et celle d’argent. Les plus fréquemment employées des encres de couleur étaient l’encre rouge et l’encre bleue ; les plus rares, l’encre verte et l’encre jaune. Ces encres de couleur ne servaient guère que pour les initiales et pour les titres, et comme on avait recours le plus souvent, dans ce cas, à l’encre rouge, les titres ne tardèrent pas à prendre le nom de rubricæ, rubriques (ruber, rouge). Il y avait plusieurs

[I.097.073]
  1.  Géraud, op. cit., pp. 49-50.
    •  Jam liber, et bicolor positis membrana capillis,
      Inque manus chartæ, nodosaque venit arundo.
      Tunc queritur, crassus calamo quod pendeat humor ;
      Nigra quod infusa vanescat sepia lympha ;
      Dilutas queritur geminet quod fistula guttas.

     « … Enfin il prend son livre ; enfin le parchemin à deux couleurs, le papier, la plume, sont dans ses mains. Mais bientôt il se plaint : l’encre, trop épaisse, reste suspendue au bec de sa plume, ou elle (la sépia) est trop claire et ne marque point, ou bien elle marque double. » (Perse, Satires, III, vers 10-14, trad. F. Collet, p. 72, et trad. Nisard, pp. 324-325.)  ↩

  2.  XXXV, 25.  ↩
  3.  Géraud, op. cit., p. 50.  ↩

Le Livre, tome I, p. 071-095

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 71.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 71 [095]. Source : Internet Archive.

Constantinople se servaient, pour leurs souscriptions, d’un roseau d’argent[071.1]. »

Le pinceau (penicillum) n’était guère employé que pour tracer les lettres d’or ou de cinabre ; on en a fait usage surtout au moyen âge pour l’ornement des manuscrits. « Cependant, observe Géraud[071.2], les Égyptiens l’ont parfois employé pour écrire sur du bois à l’encre noire. Il existe au musée de Turin deux textes hiératiques écrits de cette manière sur la face intérieure de deux couvercles de cercueil. » Les Chinois n’ont eu, jusqu’à nos jours, d’autre instrument pour écrire que le pinceau.

L’encre ordinaire (atramentum, quelquefois encaustum), en usage chez les Latins comme chez les Grecs, était un simple composé de noir de fumée, de gomme et d’eau. « On obtenait le noir de fumée de plusieurs manières. Voici celle qui est décrite par Vitruve. On bâtissait une chambre voûtée comme une étuve ; les murs et la voûte étaient revêtus de marbre poli. Au devant de la chambre, on construisait un four qui communiquait avec elle par un double conduit. On brûlait dans ce four de la résine ou de la poix, en ayant soin de bien fermer la bouche du four, afin que la flamme ne pût s’échapper au dehors, et se répandît ainsi, parle double conduit, dans la chambre voûtée ; elle

[I.095.071]
  1.  Géraud, op. cit., pp. 42-43.  ↩
  2.  Ibid.  ↩

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