Tome III

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Le Livre, tome III, p. I-011

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. I.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. I [011]. Source : Internet Archive.

Table des matières

Fabrication

I. Le Papier

Importance du papier : élément essentiel du livre. Tirages à part effectués pour les bibliophiles. — Historique : papyrus, parchemin, papier de chiffon et de coton. Introduction du papier en Europe. Ce que coûtaient autrefois le papier et le parchemin. Production et consommation actuelles du papier ; ses emplois divers. — Les succédanés du chiffon. — Fabrication du papier : papiers à la forme, papier à la mécanique. Pâte de bois mécanique, chimique. — Charge. — Collage ou encollage du papier ; collage animal, végétal. — Papier collé, non collé, demi-collé. Papier buvard, brouillard. — Papiers de couleur. — Glaçage et satinage ; foulage. — Filigrane au laminoir. Papier quadrillé. — Papier couché. — Inconvénients et dangers des papiers trop glacés ou trop blancs. Papiers teintés, azurés, verts, bulle, etc. ; la meilleure teinte pour les yeux. Dangers des papiers roses, des papiers à fond rouge : « Ménagez vos yeux ». — Main, rame, bobine. Prix approximatif des papiers actuels. Tableau des principales sortes de papiers, avec leurs dimensions et usages. — Papiers de luxe : vergé, hollande, whatman, vélin, chine, japon, simili-japon ; nombreux usages du papier chez les Japonais. — Papiers divers ; papier de ramie ; papier d’alfa ; papier indien d’Oxford : livres microscopiques ; papier léger ; papier-parchemin ou faux parchemin ; papier serpente, pelure, joseph, végétal ou à calquer ; papier-porcelaine ; papier bulle. — Carton, bristol. — Mauvaise qualité de la plupart des papiers modernes. Décoloration et désagrégation. Examen et contrôle des papiers. Moyens proposés pour l’amélioration des papiers d’imprimerie.

Le Livre, tome III, p. II-012

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. II.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. II [012]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. III.
Pour suite de texte : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. III [013]. Source : Internet Archive.

II. Le Format

Ce qu’on entend par format. — Ce que signifient les mots tome, volume, plaquette, brochure, pièce, exemplaire, tirage, édition, édition princeps, édition originale, etc. Il serait préférable de désigner les formats par leurs dimensions métriques, et non plus par les termes archaïques : jésus, raisin, écu, etc., et in-octavo ou in-huit, in-douze, in-seize, etc. — Confusion des formats. — Tableau des principaux formats des livres, avec leurs dimensions métriques. — Signatures, réclames, etc. — Imposition typographique : cahiers, cartons ou encarts. Tableau des signatures. Spécimens d’imposition. — Formats de classement adoptés par les bibliothèques universitaires : grand, moyen, petit ; — par la Bibliothèque nationale. — Formats des premiers livres. — Formats les plus appréciés par les lecteurs. — Le plus commode et le meilleur des formats. — Concordance des formats avec les matières traitées dans les livres. — Inconvénients des formats trop grands ou trop petits, des formats oblongs, formats d’album ou à l’italienne, des formats carrés, de tout format anormal.

III. L’Impression

L’imprimerie « mûre en naissant » ; sa glorification. — Incunables : leurs caractères distinctifs. Création ou apparition des lettres j et v, des points sur les i, des virgules et autres signes de ponctuation. — Marques des anciens imprimeurs. — « Ménagez vos yeux » : pas de livres imprimés en caractères trop fins. — Le point typographique. Œil d’une lettre ; corps ; hauteur en papier ; talus ; approche ; queue ; pleins ; déliés ; obit ou apex, empattement ; espaces ; cadrats ; cadratins ; demi-cadratins ; garnitures ou lingots, etc. — Anciens noms des caractères d’imprimerie avec leur force de corps. — Caractères : romain (romain Didot, Raçon, Plon, Grasset, etc. ; caractères distinctifs de l’Imprimerie nationale) ; elzevier, italique. — Caractères de fantaisie : allongée, alsacienne, antique, classique, égyptienne, italienne, latine, normande, etc. — Casse. — Police des lettres. — Encre d’imprimerie. — Empreintes. Clichage et stéréotypie. Procédé anastatique. — Machine à composer : linotype, électrotypographe, etc. — Avilissement de la librairie. — La correction typographique. — Plus de correcteurs. — Aucun livre sans faute. — Millésime. — Foliotage. — Aberrations typographiques. Modern style. — Index alphabétique. Table des matières. — Rapports de la typographie avec les facultés visuelles : pas de caractères inférieurs au « huit » ; pas de lignes trop longues ; interlignage. Encore une fois : « Gare à vos yeux ! »

Le Livre, tome III, p. III-013

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. III.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. III [013]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. IV.
Pour suite de texte : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. IV [014]. Source : Internet Archive.

IV. L’Illustration

Difficulté de traiter sommairement de l’illustration : sujet complexe. — Gravures hors texte ; dans le texte ; habillage. — Gravures en relief ou typographiques : gravure sur bois, fac-similé et en teinte ; — gravure au trait, zincogravure ou gillotage ; papier-procédé ; — similigravure ; trame. — Gravures en creux : taille-douce : burin, eau-forte, pointe sèche ; gravure en manière noire, au lavis, à l’aquatinte, au pointillé ; — héliogravure en creux. — Lithographie ; papier à report. — Photolithographie ; photozincographie ; phototypie ; photoglyptie. — Chromolithographie. — Chromophotogravure. — Tarif des principaux modes de gravure.

V. La Reliure

Faut-il faire relier les livres ? Avantages et inconvénients des livres reliés. — Opinion de Sébastien Mercier, de Gabriel Naudé, de Daniel Huet, etc. — Vocabulaire technique de la reliure : plats, dos, tranches (tranches ébarbées, dorées, jaspées, antiquées), tête, queue, gouttière, chasses, mors ou charnières, tranchefile, comète, signet ou sinet, coiffe, gardes (papier marbré, peigne, escargot, etc.), nerfs, entre-nerfs ou compartiments, etc. — Couture : grecquage ; machines à coudre les livres. — Reliure pleine ; peaux : basane, pastgrain, chagrin, maroquin ; mauvaise qualité des peaux d’aujourd’hui : peau de truie, cuir de Russie, parchemin. — Reliures en velours, en soie, en toile, etc. Reliure à queue ou aumônière. — Toile à registre. — Pegamoïd. — Reliure d’art ; fers, petits fers, plein-or, fers à froid. — Livre gaufré ou estampé. Dentelle. — Reliure double. — Suprématie des relieurs français ; nos plus célèbres relieurs. — Reliures singulières ; en peau humaine ; — à secret ; — jumelles (livres accouplés) ; — à musique ; etc. — Reliures uniformes. — Inconvénients des couleurs claires. — Reliures « historiques » et reliures d’art : reliures monastiques ; — à compartiments ; — en mosaïque ; — au pointillé ; — rayonnantes ; — symboliques ou parlantes ; — au porc-épic ; — à la salamandre ; — à l’S barré ; — à la toison ; — à la janséniste ; — à l’oiseau ; — à la Fanfare ; — à la cathédrale ; etc. — Demi-reliure. — Cartonnage ; emboîtage. — Cartonnage bradel. — Reliure anglaise. — Reliure chinoise. — Encore la couture ; couture de la brochure ; couture de la reliure ; supériorité de la couture à la machine. — La reliure d’aujourd’hui et celle d’autrefois. — Couture sur nerfs ou sur rubans. — Couture métallique. — Reliure arraphique. — Colles diverses. — Conseils pratiques : ne pas faire relier les livres récemment imprimés ; — choisir l’époque propice pour l’envoi d’un train ; — laisser au relieur un laps de temps raisonnable ; — pas de recueils factices ; — gare au rognage ! — respecter les marges : fausses marges, témoins, larrons ; — conserver les couvertures imprimées. — Titres à pousser ; pièces ; — modèles à donner au relieur ; — collationnez vos volumes ; défets. — Tarif de reliures. — Du choix d’un relieur.

Le Livre, tome III, p. IV-014

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. IV.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. IV [014]. Source : Internet Archive.

Voir page précédente.

Le Livre, tome III, p. 001-015

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 1.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 1 [015]. Source : Internet Archive.

Fabrication

I. Le Papier

Importance du papier : élément essentiel du livre. Tirages à part effectués pour les bibliophiles. — Historique : papyrus, parchemin, papier de chiffon et de coton. Introduction du papier en Europe. Ce que coûtaient autrefois le papier et le parchemin. Production et consommation actuelles du papier ; ses emplois divers. — Les succédanés du chiffon. — Fabrication du papier : papiers à la forme, papier à la mécanique. Pâte de bois mécanique, chimique. — Charge. — Collage ou encollage du papier ; collage animal, végétal. — Papier collé, non collé, demi-collé. Papier buvard, brouillard. — Papiers de couleur. — Glaçage et satinage ; foulage. — Filigrane au laminoir. Papier quadrillé. — Papier couché. — Inconvénients et dangers des papiers trop glacés ou trop blancs. Papiers teintés, azurés, verts, bulle, etc. ; la meilleure teinte pour les yeux. Dangers des papiers roses, des papiers à fond rouge : « Ménagez vos yeux ». — Main, rame, bobine. Prix approximatif des papiers actuels. Tableau des principales sortes de papiers, avec leurs dimensions et usages. — Papiers de luxe : vergé, hollande, whatman, vélin, chine, japon, simili-japon ; nombreux usages du papier chez les Japonais. — Papiers divers ; papier de ramie ; papier d’alfa ; papier indien d’Oxford : livres microscopiques ; papier léger ; papier-parchemin ou faux parchemin ; papier serpente, pelure, joseph, végétal ou à calquer ; papier-porcelaine ; papier bulle. — Carton, bristol. — Mauvaise qualité de la plupart des papiers modernes. Décoloration et désagrégation. Examen et contrôle des papiers. Moyens proposés pour l’amélioration des papiers d’imprimerie.

Le papier est l’élément essentiel et fondamental du livre. De même qu’un homme doué d’une solide

Le Livre, tome III, p. 002-016

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 2.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 2 [016]. Source : Internet Archive.

constitution, ayant « un bon fond », résistera mieux qu’un être chétif et débile aux assauts de la maladie et retardera d’autant l’inévitable triomphe de la mort, de même un livre imprimé sur papier de qualité irréprochable bravera, bien mieux qu’un volume tiré sur mauvais papier, les injures du temps et les incessantes menaces de destruction.

Aussi les bibliophiles ont-ils toujours attaché une importance capitale à la qualité du papier des ouvrages destinés à leurs collections. Les splendides reliures de Jean Grolier n’abritaient que des exemplaires de choix, des « exemplaires en papier fin et en grand papier, que les imprimeurs tiraient exprès pour lui[002.1] ». « MM. de Thou » (notamment le célèbre historien Jacques-Auguste de Thou), « qui ont été si longtemps chez nous la gloire et l’ornement des belles-lettres, dit Vigneul-Marville[002.2], n’avaient pas seulement la noble passion de remplir leurs bibliothèques d’excellents livres, qu’ils faisaient rechercher par toute l’Europe ; ils étaient encore très curieux que ces livres fussent parfaitement bien conditionnés. Quand il s’imprimait en France, et même dans les pays étrangers, quelque bon livre, ils en faisaient tirer deux ou trois exemplaires pour eux, sur de beau et grand papier qu’ils faisaient faire

[III.016.002]
  1.  P. L. Jacob (Paul Lacroix), Mélanges bibliographiques, page 5.  ↩
  2.  Mélanges d’histoire et de littérature, t. I, pp. 26-27. (Paris, Prudhomme, 1725 ; 5 vol. in-12.)  ↩

Le Livre, tome III, p. 003-017

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 3.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 3 [017]. Source : Internet Archive.

exprès, ou achetaient plusieurs exemplaires, dont ils choisissaient les plus belles feuilles, et en composaient un volume, le plus parfait qu’il était possible. »

Jules Janin, le duc d’Aumale et bien d’autres bibliophiles d’élite ont plus d’une fois suivi l’exemple des de Thou[003.1].

La reliure à part, c’est de la qualité du papier que dépend presque toujours le prix de vente d’un ouvrage non épuisé, non d’occasion, qui se trouve en librairie, comme on dit, et figure dans le catalogue d’un éditeur. Prenons, par exemple, la collection Jannet-Picard, portée sur le Catalogue de la librairie Flammarion, année 1896[003.2], et qui comprend les œuvres de Molière, de Rabelais, Villon, Régnier, Marot, etc. Le volume broché, papier ordinaire, de cette collection, coûte 1 franc ; le volume broché, papier vergé, 2 francs ; papier whatman, 4 francs ; papier de Chine, 15 francs.

De même pour la « Nouvelle Bibliothèque classique », fondée par l’éditeur Jouaust, et annoncée dans le même Catalogue de la librairie Flamma­rion[003.3] : un volume de cette collection sur papier ordinaire in-16 elzevierien est coté 3 francs ; sur papier de Hollande, 5 francs ; sur papier de Chine

[III.017-003]
  1.  Cf. Jules Richard, l’Art de former une bibliothèque, p. 30.  ↩
  2.  Page 13.  ↩
  3.  Page 37.  ↩

Le Livre, tome III, p. 004-018

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 4.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 4 [018]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 5.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 5 [019]. Source : Internet Archive.

ou whatman, 10 francs ; sur grand papier (c’est-à-dire papier à grandes marges), chine ou whatman, 30 francs.

L’édition des œuvres complètes d’Alfred de Musset (10 volumes format petit in-12) publiée par l’éditeur Lemerre est de même tarifée[004.1] ; le volume sur papier vélin, 6 francs ; sur hollande, 25 francs ; sur chine et sur whatman, 50 francs ; sur japon, 75 francs.

Le papier, qui tire son nom du mot latin papyrus, roseau jadis très abondant en Égypte[004.2], et dont l’écorce, aisément détachée en larges et légères bandelettes, recevait l’écriture des anciens scribes, est d’origine très lointaine et très incer­taines[004.3]. C’est ce

[III.018.004]
  1.  Catalogue de la librairie Alphonse Lemerre, 1899, pp. 20-21.  ↩
  2.  Chose étrange, le papyrus, cette plante si utile et si employée, a fini, « de nos jours, par disparaître à peu près entièrement de l’Égypte ». (Louis Figuier, les Merveilles de la science, t. II, l’Industrie du papier, p. 155 ; Paris, Furne-Jouvet, s. d. [1873-1876]. — J’aurai fréquemment recours à cette monographie illustrée du papier, de son histoire et de ses procédés de fabrication, qui est très documentée et bien présentée ; malheureusement, elle date de trente ans, et la fabrication du papier, durant ce laps de temps, s’est sensiblement modifiée.)  ↩
  3.  Sur le papyrus et la fabrication du papier chez les anciens, voir notre tome I, pages 46 et suiv. Rappelons que la plante dite papyrus par les Égyptiens et par les Romains se nommait en grec πάπυρος, et aussi ϐίϐλος ; que ce dernier mot, qui désignait plus particulièrement l’écorce du papyrus, a, par extension, signifié papier, livre ; et que notre mot livre vient du latin liber, qui avait d’abord le sens d’écorce, partie de l’écorce des arbres (le liber), puis spécialement écorce du papyrus, et de là enfin livre, comme volumen. Cf. H. Géraud, Essai sur les livres dans l’antiquité, pp. 24, 74 et s. ; — Gabriel Peignot, Essaisur ta reliure des livres, pp. 23-24 : « … Comme cette écorce se nommait liber chez les Latins… Liber dicitur interior corticis pars quæ ligno cohæret, on a, par la suite, donné le nom de livre à toutes sortes d’écrits composés de plusieurs feuilles réunies en un volume » ; — Daremberg, Saglio et Pottier. Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, art. Liber et Membrana, très bons articles de M. Georges Lafaye ; — etc.  ↩

Le Livre, tome III, p. 005-019

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 5.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 5 [019]. Source : Internet Archive.

qui a permis de dire que le papier semble « nous avoir été transmis par un don spécial de Dieu[005.1] ». Il a cela de particulier et d’admirable qu’étant le produit de substances presque sans valeur et souvent de matières de rebut[005.2], le résultat d’une trituration de loques et de chiffons, une fois façonné et imprimé, devenu livre ou journal, il acquiert une puissance

[III.019.005]
  1.  « La chose la plus nécessaire aux estudiants est le papier, qu’on peut dire nous avoir été transmis par un don spécial de Dieu. » (L’avocat Montholon, au nom du recteur de l’Université de Paris, Registres du Parlement, 17 janvier 1564, ap. Ambroise Firmin-Didot, Essai sur la typographie, col. 730-731.) Comme nous le verrons plus loin (p. 125), notre roi Louis XII usait de la même hyperbole en parlant de l’imprimerie, d’origine « plus divine qu’humaine », elle aussi.  ↩
  2.  « … Personne n’ignore que chose plus abjecte, vile et contemptible, ne peut estre que la matière dont se fait le papier. Tellement qu’à dire le vray, il n’y a rien que la manufacture de l’ouvrier, laquelle est d’autant plus louable et recommandable, comme c’est une industrie très grande, et d’une si vile et contemptible matière, et quasi ex nihilo, faire une chose si utile, si nécessaire et si commode pour tous. » (L’avocat Montholon. ap. id., op. cit., col. 732.)  ↩

Le Livre, tome III, p. 006-020

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 6.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 6 [020]. Source : Internet Archive.

sans pareille, une sorte de souveraineté universelle. Il modifie nos idées et nos croyances, transforme nos mœurs et nos lois, renverse ou restaure les États, décide de la paix et de la guerre : il gouverne le monde, pour ainsi dire ; et il s’est tant multiplié de nos jours, on en fait une si grande et si envahissante consommation, que cette particularité est devenue une caractéristique de notre époque, qu’on a surnommé notre âge « l’âge du papier ».

Le papyrus subsista « jusque dans les premiers siècles de notre ère[006.1] », et même jusqu’au xie siè­cle[006.2]. Il était d’un prix très élevé, coûtait, — rapporte M. G. d’Avenel, dans une étude très soignée et très intéres­sante[006.3], à laquelle je me référerai souvent, — « cinq cents fois plus, a-t-on dit, que notre papier actuel[006.4], et, pour ce motif même, il avait à soutenir la concurrence des tablettes de cire et des peaux de mouton [par­chemin][006.5] savamment préparées. Ces

[III.020.006]
  1.  Le vicomte G. d’Avenel, le Mécanisme de la vie moderne, 2e série, le Papier, p. 2. (Paris, Armand Colin, 1900.)  ↩
  2.  Cf. Louis Figuier, op. cit., p. 176 ; et Albert Maire, Matériaux sur lesquels on écrivait dans l’antiquité : Revue scientifique, 20 août 1904, p. 236.  ↩
  3.  L’étude ci-dessus indiquée, pages 1-67 de la 2e série du Mécanisme de la vie moderne ↩
  4.  « Le papier, quelle que fût sa qualité, fut toujours à Rome d’un grand prix. Une simple feuille avait la valeur de 4 ou 5 francs de notre monnaie. » (Louis Figuier, op. cit., p. 162.)  ↩
  5.  Sur le parchemin chez les anciens, et sur les tablettes de cire (tabellæ ceræ), voir notre tome I, pages 60 et suiv.  ↩

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