IV. De l’avènement de Louis XIV jusqu’au xixe siècle
Le goût des livres et l’amour de la lecture continuent à se répandre sous le règne de Louis XIV (1638-1715), bien que, par lui-même et en dépit de la réputation que l’histoire lui a faite, ce souverain n’ait guère donné de preuves directes de cet amour ni de ce goût[142.1].
Jérôme Bignon, surnommé le Varron français, le chancelier Séguier, l’archevêque de Reims Letellier, Patru, Étienne Baluze[142.2], Huet, etc., tous ces passion-
- « Louis XIV avait été très mal instruit dans son enfance ; les quelques thèmes que lui dictait Péréfixe et qu’on a retrouvés depuis ne prouvent rien. Il était très ignorant des choses du passé ; il n’avait presque aucune lecture. On est allé jusqu’à dire que Louis XIV ne savait pas lire couramment l’impression, qu’il ne pouvait bien lire que des manuscrits qui étaient comme faits au burin et par des calligraphes. « Quand on lui donnait pour la messe un livre imprimé, il fallait, dit-on, lui donner en même temps le manuscrit, afin qu’il lût la messe dans ce dernier. » « C’est un abbé d’Étemare, homme d’esprit et informé de bien des particularités, qui donne cela pour certain. » (Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. I, pp. 340-341.) ↩
- Par son testament, Étienne Baluze (1630-1718) ordonna que sa bibliothèque fût vendue en détail, afin de faciliter à un plus grand nombre de gens de lettres et d’amateurs l’acquisition des raretés qu’elle contenait. Ses manuscrits, ses extraits, ses livres ou pièces annotés de sa main, furent acquis par le roi et sont aujourd’hui à la Bibliothèque nationale. (Cf. Léopold Delisle, Testament d’Étienne Baluze, dans la Bibliothèque de l’École des chartes, 1872, t. XXXIII, pp. 187-195.) « Baluze fut un des esprits éminents de son siècle, un ami éclairé du progrès…. « Baluze, dit M. Dupin, est un des hommes qui ont rendu le plus de services à la république des lettres par son application continuelle à rechercher de tous côtés des manuscrits des bons auteurs, à les conférer avec les éditions, et à les donner ensuite au public avec des notes pleines de recherches et d’érudition. » « Sa maison était le rendez-vous des savants et des gens de lettres, qu’il aidait non seulement de ses conseils et de sa plume, mais encore de son argent…. C’est Baluze qui introduisit un des premiers en France l’usage des soupers littéraires, qui se prolongèrent avec tant d’éclat dans le xviiie siècle. La joyeuse humeur y était de mise…. » (Hœfer, Nouvelle Biographie.) Sur Étienne Baluze, voir aussi Alfred Franklin, les Anciennes Bibliothèques de Paris, t. II, p. 193, n. 1. ↩