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Le Livre, tome II, p. 212-228

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 212.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 212 [228]. Source : Internet Archive.

la gardienne de la liberté, la presse gênée en est le fléau. L’opinion publique, voilà le seul juge compétent des opinions privées, le seul censeur légitime des écrits…. La liberté de la presse n’inspire de terreur qu’à ces gens usurpateurs d’un crédit et d’une considération de mauvais aloi, forcés de s’avouer intérieurement combien leur est nécessaire l’ignorance publique. »

Mirabeau (1749-1791) proclame de même que « c’est la liberté de la presse qui est le palladium de toutes les libertés[212.1] ».

Sieyès (1748-1836) pareillement : « Point de liberté publique et individuelle sans la liberté de la presse[212.2] ».

« Le grand remède de la licence de la presse est dans la liberté de la presse, déclare Camille Desmoulins (1762-1794)[212.3] ; c’est cette lance d’Achille qui guérit les plaies qu’elle a faites. »

« La presse est une nécessité sociale plus encore

[II.228.212]
  1.  Mirabeau, Adresse aux Bataves, xxvi : Mirabeau, sa vie, ses opinions et ses discours, par A. Vermorel, t. II, p. 159. (Paris, Bibliothèque nationale, 1865.)  ↩
  2.  Ap. Eugène Dubief, le Journalisme, p. 304. (Paris, Hachette, 1892 ; Bibliothèque des Merveilles.)  ↩
  3.  Le Vieux Cordelier, nº VII : Œuvres, t. III, p. 152. (Paris, Bibliothèque nationale, 1869.) Dans ce même numéro du Vieux Cordelier (p. 119), Camille Desmoulins cite cette maxime de Sylvain Bailly, le maire de Paris (1736-1793) : « La publicité est la sauvegarde du peuple ».  ↩

Le Livre, tome II, p. 073-089

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 073.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 073 [089]. Source : Internet Archive.

disait-il, ne servait qu’à lui donner une idée générale du sujet, et la seconde lui en faisait remarquer les beautés…. II barrait les livres en les lisant, et mettait à la marge des renvois à d’autres auteurs, qui avaient traité les mêmes matières, ou qui avaient dit des choses qui se rapportaient à celles qu’il lisait…. Il changeait quelquefois de lecture, et ce changement lui tenait lieu de repos. »

La comtesse d’Albany (1752-1824) aimait à se rendre compte, « la plume à la main, de la plupart de ses lectures[073.1] ».

« Il faut faire des notes et des extraits, quand on veut lire avec fruit, » écrit Mirabeau (1749-1791) à Sophie[073.2].

« Le seul moyen de tirer un bon parti de mes lectures serait d’en faire des extraits raisonnés, » note, dans son journal, l’historien Michelet (1798-1874)[073.3].

Et Joseph de Maistre (1754-1821)[073.4] :

« … Vous voyez d’ici ces volumes immenses couchés sur mon bureau. C’est là que, depuis plus de trente ans, j’écris tout ce que mes lectures me présentent de plus frappant. Quelquefois je me borne

[II.089.073]
  1.  Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. V, p. 425.  ↩
  2.  Lettres d’amour de Mirabeau, p. 164. (Paris, Garnier, 1874.)  ↩
  3.  Mon Journal, 1820-1823, p. 200. (Paris, Marpon et Flammarion, 1888.)  ↩
  4.  Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. II, p. 141. (Lyon, Pélagaud, 1870.)  ↩

Le Livre, tome II, p. 010-026

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 010.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 010 [026]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 011.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 011 [027]. Source : Internet Archive.

conscience adoucira ses maux, que des remords envenimeraient, comme ils empoisonnent sans doute la prétendue félicité des méchants[010.1]. » Etc. « On dit communément que, si la divinité n’est pas, il n’y a que le méchant qui raisonne, le bon est un insensé. Mais pourquoi, si le bon est le plus paisible, le moins agité, le mieux garanti[010.2] ? »

[II.026.010]
  1.  Mirabeau, Lettres d’amour, pp. 293-294. (Paris, Garnier, 1874.)  ↩
  2.  Id., Lettres de cachet, chap. ii, p. 34. (Hambourg, sans nom d’edit., 1782.) Ailleurs (Lettres d’amour, pp. 291-292), Mirabeau dit encore : « … Tu vas en juger par ma profession de foi, que tu m’as déjà demandée deux fois et que je n’ai jamais eu le temps de te faire, parce que toutes ces discussions, immenses à faire, difficiles à résumer, n’apprennent, après tout, qu’un gros rien, si l’on veut être de bonne foi. Un ancien philosophe, interrogé par un roi sur l’essence de la divinité, demanda du temps pour y répondre. Le délai expiré, il en demanda un autre. Enfin, pressé de s’expliquer, Simonide dit à Hiéron : « Plus j’examine cette matière et plus je la trouve au-dessus de mon intelligence ». Je crois que Simonide a bien dit. — Veux-tu de grands et de beaux mots ? Racine te dira, en parlant de Dieu :
    •  L’Éternel est son nom, le monde est son ouvrage.

     Et voilà un admirable vers, mais une mauvaise définition. Veux-tu quelque chose de plus grand et de moins vague ? Lis cette inscription que Plutarque dit avoir été gravée sur le temple de Saïs : « Je suis tout ce qui a été, qui est, et ce qui sera ; et nul d’entre les mortels n’a encore levé mon voile… ». En effet, on ne peut faire un aveu plus sublime d’une invincible ignorance. Je t’entends bien d’ici, toi qui marches pas à pas, et ne crois point sur parole. Il faudrait, dis-tu sans doute, prouver qu’il y a un Dieu, avant d’expliquer ce que c’est que Dieu. Peut-être l’un n’est-il guère plus facile que l’autre ; car te démontrer l’existence de Dieu, en faisant attention à la nature de l’être infiniment parfait et à ses attributs, c’est-à-dire par une démonstration directe, par des raisonnements tirés de la nature même du sujet, c’est supposer l’idée de l’infini, qui est inconcevable ; c’est mettre en fait ce qui est en question, et ces sortes de preuves sont tout au moins insuffisantes. — Démontrer l’existence de Dieu par celle du monde et de l’univers, c’est-à-dire indirectement, c’est une tâche bien difficile ; car les lois simples qui dérivent de la forme imprimée à la matière nécessitent bien un premier mouvement ; mais ce premier mouvement sera-t-il Dieu ? Il faut convenir que cette première cause est très inconnue, très obscure, et, par conséquent, de nulle application, de nulle utilité dans les choses humaines. » Etc.… « Dieu, qui ne se mêle de rien ostensiblement ; Dieu, qui — selon l’expression de Jacob Boehme (1575-1624), — est le silence éternel » (George Sand, la Comtesse de Rudolstadt, chap. xix, t. I, p. 286 ; Paris. Michel Lévy, 1867). Dieu ne se manifeste à nous que par le culte que nous lui rendons.  ↩

Le Livre, tome II, p. 008-024

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 008.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 008 [024]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 009.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 009 [025]. Source : Internet Archive.

n’est pas un état bien agréable, mais l’assurance est un état ridicule[008.1]. »

De Mirabeau (1749-1791) : « Mais enfin que penses-tu ? me dira peut-être Sophie. Y a-t-il un

[II.024.008]
  1.  Voltaire renouvelle fréquemment cette constatation de l’irrémédiable et foncière ignorance humaine : « … Comment donc sommes-nous assez hardis pour affirmer ce que c’est que l’âme ? Nous savons certainement que nous existons, que nous sentons, que nous pensons. Voulons-nous faire un pas au delà, nous tombons dans un abîme de ténèbres ; et, dans cet abîme, nous avons encore la folle témérité de disputer si cette âme, dont nous n’avons pas la moindre idée, est faite avant nous ou avec nous, si elle est périssable ou immortelle. » Etc. (Dictionnaire philosophique, art. Ame ; t. I, pp. 76-77.) « … Il y a des gens qui ont résolu toutes ces questions. Sur quoi un homme d’esprit et de bon sens disait un jour d’un grave docteur : « Il faut que cet homme-là soit un grand ignorant, car il répond à tout ce qu’on lui demande. » (Op. cit., art. Annales ; t. I, p. 108.) « … Vous me demandez comment le penser et le vouloir se forment en vous. Je vous réponds que je n’en sais rien. Je ne sais pas plus comment on fait des idées, que je ne sais comment le monde a été fait. Il ne nous est donné que de chercher à tâtons ce qui se passe dans notre incompréhensible machine. » (Op. cit., art. Franc Arbitre ; t. I, p. 407.) « Les gens de lettres qui ont rendu le plus de services… sont les lettrés isolés, les vrais savants renfermés dans leur cabinet, qui n’ont ni argumenté sur les bancs des universités, ni dit les choses à moitié dans les académies ; et ceux-là ont presque tous été persécutés. Notre misérable espèce est tellement faite, que ceux qui marchent dans le chemin battu jettent toujours des pierres à ceux qui enseignent un chemin nouveau. » (Op. cit., art. Lettres, Gens de lettres ; t. I, p. 507.) « Après les assertions des anciens philosophes,… que nous reste-t-il ? un chaos de doutes et de chimères. Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un philosophe à système qui n’ait avoué à la fin de sa vie qu’il avait perdu son temps. Il faut avouer que les inventeurs des arts mécaniques ont été bien plus utiles aux hommes que les inventeurs des syllogismes : celui qui imagina la navette l’emporte furieusement sur celui qui imagina les idées innées. » (Op. cit., art. Philosophie ; t. I, p. 577.)  ↩