Mot-clé : « Dubief (Eugène) »

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Le Livre, tome II, p. 214-230

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 214.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 214 [230]. Source : Internet Archive.

par tous moyens à lui possibles. Parler est bien, écrire est mieux ; imprimer est excellente chose. »

Dans l’ouvrage qu’il a consacré au Journalisme, M. Eugène Dubief, (….-….) célèbre en ces termes les mérites du jour­nal[214.1] : « Il est un des premiers instincts de l’adolescent, une des dernières curiosités du vieillard. Il popularise les découvertes, il propage les connaissances utiles, il fait de chacun de nous un véritable fils du siècle. Par les images, il s’empare de l’enfant ; par le roman, de la femme ; par la philosophie, le souci des affaires publiques, de l’homme. S’il n’agit pas par les dissertations, il agit par les faits divers. Il prophétise ou il amuse…. C’est, pour les trois quarts des Français, un guide, un instructeur, un éducateur, un Mentor de tous les instants, un directeur de conscience ; c’est, pour l’autre quart, une distraction qui s’impose, un superflu plus nécessaire à la vie que le chemin de fer ou le télégraphe, aussi indispensable que le pain quotidien.

« On a posé depuis longtemps ce problème : Sans houille, que deviendrait l’industrie ? Et la science commence à le regarder en face. Posez cette hypothèse : Sans journalisme, que deviendrait la civilisation ? Et il semblerait à la multitude que vous parlez de la fin du monde, ou tout au moins que le monde va être un corps sans âme, une machine privée d’un merveilleux ressort. »

[II.230.214]
  1.  Op. cit., p. 308.  ↩

Le Livre, tome II, p. 213-229

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 213.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 213 [229]. Source : Internet Archive.

qu’une institution politique, » affirme Royer-Collard (1763-1845)[213.1]. « Fondez la liberté de la presse, dit-il encore[213.2], vous fondez du même coup toutes les libertés. »

« La presse, machine qu’on ne peut plus briser, continuera à détruire l’ancien monde, jusqu’à ce qu’elle en ait formé un nouveau, » a prédit Chateaubriand (1768-1848), qui ajoutait : « La liberté de la presse a été presque l’unique affaire de ma vie ;… j’y ai sacrifié tout ce que je pouvais y sacrifier : temps, travail et repos[213.3] ».

« Laissez dire, laissez-vous blâmer, condamner, emprisonner, écrit Paul-Louis Courier (1772-1825), dans son Pamphlet des pamphlets[213.4] ; laissez-vous pendre, mais publiez votre pensée. Ce n’est pas un droit, c’est un devoir, étroite obligation de quiconque a une pensée, de la produire et mettre au jour pour le bien commun. La vérité est toute à tous. Ce que vous connaissez utile, bon à savoir pour un chacun, vous ne le pouvez taire en conscience. Jenner, qui trouva la vaccine, eût été un franc scélérat d’en garder une heure le secret ; et comme il n’y a point d’homme qui ne croie ses idées utiles, il n’y en a point qui ne soit tenu de les communiquer et répandre

[II.229.213]
  1.  Ap. Eugène Dubief, op. cit., p. 305.  ↩
  2.  Ap. Gustave Merlet, Tableau de la littérature française, 1800-1815, t. I, p. 480.  ↩
  3.  Ap. Eugène Dubief, ibid.  ↩
  4.  Œuvres, p. 243. (Paris, Didot, 1865 ; in-18.)  ↩

Le Livre, tome II, p. 212-228

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 212.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 212 [228]. Source : Internet Archive.

la gardienne de la liberté, la presse gênée en est le fléau. L’opinion publique, voilà le seul juge compétent des opinions privées, le seul censeur légitime des écrits…. La liberté de la presse n’inspire de terreur qu’à ces gens usurpateurs d’un crédit et d’une considération de mauvais aloi, forcés de s’avouer intérieurement combien leur est nécessaire l’ignorance publique. »

Mirabeau (1749-1791) proclame de même que « c’est la liberté de la presse qui est le palladium de toutes les libertés[212.1] ».

Sieyès (1748-1836) pareillement : « Point de liberté publique et individuelle sans la liberté de la presse[212.2] ».

« Le grand remède de la licence de la presse est dans la liberté de la presse, déclare Camille Desmoulins (1762-1794)[212.3] ; c’est cette lance d’Achille qui guérit les plaies qu’elle a faites. »

« La presse est une nécessité sociale plus encore

[II.228.212]
  1.  Mirabeau, Adresse aux Bataves, xxvi : Mirabeau, sa vie, ses opinions et ses discours, par A. Vermorel, t. II, p. 159. (Paris, Bibliothèque nationale, 1865.)  ↩
  2.  Ap. Eugène Dubief, le Journalisme, p. 304. (Paris, Hachette, 1892 ; Bibliothèque des Merveilles.)  ↩
  3.  Le Vieux Cordelier, nº VII : Œuvres, t. III, p. 152. (Paris, Bibliothèque nationale, 1869.) Dans ce même numéro du Vieux Cordelier (p. 119), Camille Desmoulins cite cette maxime de Sylvain Bailly, le maire de Paris (1736-1793) : « La publicité est la sauvegarde du peuple ».  ↩

Le Livre, tome II, p. 197-213

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 197.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 197 [213]. Source : Internet Archive.

comme l’artillerie a tué le courage et la force mus­culaire[197.1]. »

Sur cette concurrence faite au livre par le journal, M. Gabriel Hanotaux (1853-….) a publié, il y a quelques années[197.2], ces intéressantes considérations : « Le vrai concurrent du Livre, c’est le Journal. Et le Journal réussit parce qu’il est très bon marché. La démocratie veut le Livre à bas prix, comme elle veut le vin à bas prix. Le remède à toutes les « méventes » est là…. Donc, à l’avenir, selon moi, deux sortes de livres : le livre de luxe, parfait, soigné, caressé, avec des reliures exquises, des gravures splendides ; en un mot, le livre d’amateur, tiré à petit nombre. Et, d’autre part, le livre très bon marché, le livre « populo », le livre à six sous, à cinq

[II.213.197]
  1.  Mais, à son tour, le journal est battu en brèche par des inventions nouvelles, par le téléphone et le phonographe notamment. « Tout lasse, tout passe, tout se transforme. Comme les typographes ont eu leur art modifié par le mécanisme, l’industrie des reporters sera bouleversée par les sciences nouvelles. Après les pataches, la locomotive ; après le gaz, l’arc voltaïque. Les journaux à dépêches ne seront bientôt plus que de l’antiquaille. Place aux phonographes ! place aux téléphones ! Déjà le téléphone rend mille services…. Le journalisme se sera si bien perfectionné qu’il n’y aura plus de journalisme. Il aura cessé d’être la langue indispensable. Le ceci tuera cela du poète aura trouvé une application de plus. Le Livre, d’après lui, a sapé le Monument ; le Journal a supplanté le Livre ; le Téléphone et le Phonographe supplanteront le Journal. » (Eugène Dubief, le Journalisme, pp. 84-86 ; Paris, Hachette, 1892 ; Bibliothèque des Merveilles.)  ↩
  2.  Le Journal, numéro du 29 octobre 1900.  ↩