Le Livre, tome II, p. 045-061

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 045.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 045 [061]. Source : Internet Archive.

romans dans lesquels l’amour s’élève à la hauteur d’un sentiment, au pathétique de la passion, à l’idéal d’un culte éthéré. Mme de Staël, Mme Cottin, Mme Flahaut, Richardson, l’abbé Prévost, les romans allemands d’Auguste Lafontaine, ce Gessner prosaïque de la bourgeoisie, fournirent, pendant des mois entiers, de délicieuses scènes toutes faites au drame intérieur de mon imagination de seize ans…. Je vivais de ces mille vies qui passaient, qui brillaient et qui s’évanouissaient successivement devant moi, en tournant les innombrables pages de ces volumes plus enivrants que les feuilles de pavots….

« Mais ce qui me passionnait par-dessus tout, c’étaient les poètes, ces poètes qu’on nous avait, avec raison, interdits pendant nos mâles études, comme des enchantements dangereux qui dégoûtent du réel en versant à pleins flots la coupe des illusions sur les lèvres des enfants.

« Parmi ces poètes, ceux que je feuilletais de préférence n’étaient pas alors les anciens, dont nous avions, trop jeunes, arrosé les pages classiques de nos sueurs et de nos larmes d’écolier. Il s’en exhalait, quand je rouvrais leurs pages, je ne sais quelle odeur de prison, d’ennui et de contrainte, qui me les faisait refermer, comme le captif délivré qui n’aime pas à revoir ses chaînes ; mais c’étaient ceux qui ne s’inscrivent pas dans le catalogue des livres d’étude, les poètes modernes, italiens, anglais, allemands,

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