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Mot-clé : « Stapfer (Paul) »

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Le Livre, tome III, p. 024-038

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 24.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 24 [038]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 25.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 25 [039]. Source : Internet Archive.

moyen de le façonner avec la terre où pourriront nos corps. C’est sur cette ordure qu’on nous imprime, et voilà une fameuse leçon pour l’orgueil de nos constructeurs de monuments ! Ces feuilles, faites avec rien, se décomposent en quelques années, se tachent, s’usent, se déchirent, redeviennent poussière et cendre, et rentrent avec avidité dans le néant dont elles n’auraient jamais dû sortir[024.1]. »

Exposer par le menu les divers procédés employés pour la fabrication du papier dépasserait de beaucoup les limites fixées à notre travail ; nous nous bornerons à résumer les principales de ces opérations, en renvoyant, pour les détails, aux traités et documents spéciaux[024.2].

[III.038.024]
  1.  Paul Stapfer, Des réputations littéraires, Épilogue, Quatre Consolations, t. II, pp. 428-429. (Paris, Fischbacher, 1901.) Cf. aussi Voltaire, la Guerre civile de Genève, poème héroïque, chant IV (Œuvres complètes, t. VI, p. 490 ; Paris, édit. du journal le Siècle, 1869) :
    •  Tout ce fatras fut du chanvre en son temps ;
      Linge il devint par l’art des tisserands,
      Puis en lambeaux des pilons le pressèrent ;
      Il fut papier : cent cerveaux à l’envers
      De visions à l’envi le chargèrent ;
      Puis on le brûle, il vole dans les airs,
      Il est fumée, aussi bien que la gloire.
      De nos travaux, voilà quelle est l’histoire ;
      Tout est fumée, et tout nous fait sentir
      Ce grand néant qui doit nous engloutir.  ↩
  2.  On peut consulter, par exemple, outre les ouvrages de Louis Figuier (1873-1876), Georges Olmer (1882), G. d’Avenel (1900), C.-F. Cross et E.-J. Bevan (1902 : traité des plus récents et des plus complets), déjà mentionnés par nous : Lalande (Joseph-Jérôme Le Français de Lalande, connu surtout comme astronome : 1732-1807), Art de faire le papier (sans lieu ni typographe ni date [1761] ; in-folio, 150 pp., xiv planches) ; — Paul Charpentier, le Papier (tome X de l’Encyclopédie chimique, publiée sous la direction de M. Fremy ; Paris, Dunod, 1890 ; in-8) ; — G.-A. Renel, la Fabrication actuelle du papier : la Nature, 18 janvier et 15 février 1890, pp. 99-103 et 167-170 (deux très bons articles) ; — V. Mortet, le Papier, le Papier au moyen âge : Revue des bibliothèques, 1891, pp. 195-207 ; et 1892, pp. 349-350 ; — Jolivet, Notice sur l’emploi du bois dans la fabrication du papier : Exposition universelle de 1878 (Paris, Imprimerie nationale, 1878 ; in-8, 15 pp.) ; — Philipon, député, Rapport fait au nom de la Commission des douanes chargée d’examiner le projet de loi relatif à l’établissement du tarif général des douanes : Pâtes de cellulose : Journal officiel, Documents parlementaires, 12 mai 1891, pp. 884-895 ; — Eugène Campredon, le Papier, étude monographique sur la papeterie française, et, en particulier, sur la papeterie charentaise (Paris, Dunod, 1901 ; in-8, 83 pp.) ; — Henry Vivarez, les Précurseurs du papier (Lille, Imprimerie Lefebvre-Ducrocq, 1902 ; in-4, 39 pp.) ; — et les articles « Papier » dans les dictionnaires de Charles Laboulaye, (Dictionnaire des arts et manufactures), Larousse, Bouillet (nouvelle édition refondue sous la direction de MM. J. Tannery et Émile Faguet), etc. ; voir aussi passim : le Magasin pittoresque, la Revue des bibliothèques, le Bulletin du bibliophile, la Revue biblio-iconographique, etc., etc. Pour la fabrication du papier à la forme, j’ai eu recours, en outre, tout particulièrement, à la compétence de M. Gruintgens, des Papeteries du Marais : je le prie d’agréer ici mes remerciements.  ↩

Le Livre, tome II, p. 284-300

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 284.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 284 [300]. Source : Internet Archive.

Autres biblioclastes : les épiciers et les marchands de tabac, qui, pour confectionner leurs sacs et leurs cornets, massacrent sans pitié les livres les plus rares.

« De tout temps il a fallu des cornets à l’épicier, de tout temps il a fallu des livres à rouler en cornets ; qui sait si les Histoires de Tite-Live[284.1] et de Tacite, les Oraisons de Cicéron, les Tragédies d’Ovide et tous les ouvrages dont nous déplorons la perte, n’ont

[II.300.284]
  1.  Des cent quarante-deux livres de Tite-Live, trente-cinq seulement nous sont parvenus, dont plusieurs incomplets. Au xive siècle, « un garçon de lettres, précepteur du marquis de Rouville, jouant à la longue paume dans les loisirs de la campagne, près de Saumur, trouva que son battoir était garni d’une feuille de parchemin antique contenant un fragment de cette décade [la seconde]. Il courut sur-le-champ chez le fabricant de battoirs pour en sauver les derniers débris : tout avait passé en raquettes. » (Feuillet de Conches, Causeries d’un curieux, t. I, p. 477. Cf. aussi Paul Stapfer, Des Réputations littéraires, la Mort des livres, t. I, p. 229.)  ↩

Le Livre, tome II, p. 061-077

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 061.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 061 [077]. Source : Internet Archive.

que le livre contenait, mais encore des sources où l’auteur avait puisé[061.1] ».

« Les vieux routiers de l’art de lire, remarque M. Paul Stapfer (1840-….)[061.2], savent seuls tourner les feuillets d’un livre quelconque avec une frémissante impatience, parcourir du regard le champ entier d’une page, ne point muser ni sommeiller ni se perdre dans le fatras, aller droit à la perle, et, d’un coup d’œil sûr, fondre sur la petite proie brillante qui se cache en un coin. »

On citait, il y a une vingtaine d’années, un de ces « vieux routiers », un ministre[061.3], qui avait le talent, en feuilletant les journaux et en y promenant son regard, de toujours rencontrer tout ce qui pouvait l’intéresser, de ne rien laisser échapper qui le touchât, et de ne pas s’arrêter à autre chose, de ne pas perdre un brin de temps.

S’il est des écrivains qui se formalisent de cette rapide et irrévérencieuse façon de prendre connaissance de leurs œuvres, on en trouve aussi qui se montrent plus raisonnables et comprennent mieux les choses. Agrippa d’Aubigné (1551-1630), par

[II.077.061]
  1.  Michaud, Biographie universelle, art. Magliabecchi.  ↩
  2.  Ap. Fertiault, les Amoureux du livre, p. 292.  ↩
  3.  M. Jules D…… ↩

Le Livre, tome I, p. 198-222

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 198.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 198 [222]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 199.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 199 [223]. Source : Internet Archive.

lettré ne peut se dispenser d’avoir sous la main[198.1], » a fait la remarque suivante :

[I.222.198]
  1.  E. Ledrain, l’Illustration, 26 novembre 1904, p. 367. « Sainte-Beuve, le plus vaste tempérament littéraire qu’on ait vu depuis Gœthe, » a dit Auguste Vitu (ap. Charles Monselet, Mes souvenirs littéraires, p. 164). « Sainte-Beuve, c’est-à-dire le plus accompli de tous les critiques, celui qui a su précisément atteindre, dans le développement du genre, ce point unique de perfection après lequel, l’idéal étant réalisé, il n’y a plus qu’exagération ou faiblesse, les témérités infécondes de la « critique scientifique », ou le retour en arrière à un dogmatisme littéraire également stérile. » (Paul Stapfer, Des réputations littéraires, t. I, p. 142.) « Taine a eu raison quand il a proclamé Sainte-Beuve, en notre temps, un des cinq ou six serviteurs les plus utiles de l’esprit humain ; Weiss a dit vrai quand il affirma que, depuis Gœthe, notre siècle n’a pas produit de plus grand critique et qu’il a produit bien peu d’aussi grands esprits. Prenez un volume au hasard, dans cette œuvre vraiment prodigieuse par le travail, par le savoir et par le talent ; vous y trouverez certainement, sur un auteur ancien ou moderne, grave ou léger, étranger ou national, qu’il soit orateur ou historien, mémorialiste ou conteur, philosophe ou dramaturge, prosateur ou poète, un jugement original, des points de vue nouveaux, cent détails curieux, rares, toujours exacts et scrupuleusement contrôlés…. Mais surtout, on ne saurait trop le redire, quelle étendue de connaissances ! quelle variété inouïe ! Sainte-Beuve sait tout, goûte et pénètre tout. Rien ne le surprend…. » (François Coppée, Discours prononcé à Paris le 19 juin 1898, lors de l’inauguration du monument de Sainte-Beuve au Luxembourg, Revue encyclopédique, 9 juillet 1898, p. 641.) « … Avec les Causeries du lundi, et les Nouveaux Lundis, Sainte-Beuve poursuivait, pendant près de vingt ans, chaque semaine, un cours de littérature universelle. Et quel cours ! le plus souple, le plus vivant, le plus nourri. Bénédictin laïque, Sainte-Beuve… » etc. (Gustave Larroumet, Discours prononcé à Paris le 19 juin 1898, ibid.) « … On pourrait appeler Sainte-Beuve le Balzac de la critique…. Sainte-Beuve reconstitue la comédie humaine d’autrefois, avec l’infinie variété de ses épisodes et de ses types. Il en rappelle un à un les acteurs, les témoins ; il les interroge, il les étudie séparément, et il réussit à vous léguer une œuvre sans précédent, un trésor de monographies, une immense galerie de portraits où l’histoire revit dans ses personnages, et chacun de ces portraits a le fini d’une miniature, avec la fermeté d’un tableau de maître ; c’est le triomphe d’un art consommé et sûr, patient, contenu, tout en nuances ; exquis dans sa discrétion. » (Albert Vandal, Discours prononcé à Paris le 19 juin 1898, ibid., p. 642.) « Sainte-Beuve… ce cerveau encyclopédique, égal à celui d’un Gœthe, a laissé une œuvre que doivent consulter page à page tous ceux qui, après lui, veulent reprendre les sujets qu’il a traités…. Il fut, en vérité, le plus compréhensif des juges, des divinateurs d’âmes…. Naturaliste de génie, rien ne lui semblait à dédaigner dans la nature, et toujours il chercha la vérité, l’âpre vérité, disait Stendhal…. » (Jules Claretie, Discours prononcé à Boulogne-sur-Mer le 18 décembre 1904, le Temps, 19 décembre 1904.) C’est Sainte-Beuve qui, parvenu presque au terme de son existence, enregistrait et signait cet aveu plein de sagesse : « Je sens mieux de jour en jour combien il faut savoir de choses pour parler de n’importe quoi sans dire une bêtise ! » (Nouveaux Lundis, t. VIII, p. 497, Errata.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 195-219

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 195.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 195 [219]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 196.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 196 [220]. Source : Internet Archive.

aiment la vie du monde, sans dessein pourtant de causer avec chacun[195.1] ». « … Il m’a fallu renoncer à tout le plaisir que je me promettais d’un mois de solitude à lire du matin au soir et du soir au matin dans un petit coin. Je suis né pour lire, et non pas pour écrire, marcher et parler. Vous dites que lire, c’est être inutile au monde[195.2]. Qui vous dit le contraire ? Mais ne voyez-vous pas bien qu’écrire, c’est être nuisible au monde[195.3] ? » Etc. « Je veux savoir exactement ce que vous lisez. Dis-moi qui tu lis, et je te dirai qui tu es[195.4]. »

Cette dernière sentence a été reprise et commentée et développée en ces termes par l’historien et esthéticien Charles Blanc (1813-1882)[195.5] : « J’ai toujours pensé, et j’ai vérifié quelquefois, que l’on peut se faire une idée juste du caractère et de l’esprit d’un homme qu’on n’a jamais vu, rien qu’en regardant sa bibliothèque. Dis-moi ce que tu lis, et je te dirai qui tu es[195.6]. Avant même d’avoir lu les titres des

[I.219.195]
  1.  loc. cit., t. I, p. 246.  ↩
  2.  Cf. le mot du Père Gratry (Intermédiaire des chercheurs et curieux, 7 novembre 1899, col. 778) : « La lecture, cette paresse déguisée… ».  ↩
  3.  loc. cit., t. I, p. 334.  ↩
  4.  loc. cit., t. I, p. 355.  ↩
  5.  Grammaire des arts décoratifs, p. 336. (Paris, Laurens, s. d.)  ↩
  6.  « La vie d’un homme se reflète dans sa bibliothèque, écrit, lui aussi, l’érudit Anatole Claudin (1833-….) ; c’est là que l’on sait quel a été le but de ses études… l’objet principal de ses recherches intéressantes : « Dis-moi quels livres tu lis, je te dirai qui tu es ». (Ap. Fertiault, les Amoureux du livre, pp. 192-193.) Et Paul Stapfer (1840-….) : « Dis-moi quels auteurs, quels livres tu aimes à lire, je te dirai qui tu es et ce que tu peux faire. » (Ap. Fertiault, op. cit., p. 291.) Et, bien avant Doudan, avant Charles Blanc, Claudin, Stapfer et tutti quanti, un savant religieux du xviiie siècle, qui était un passionné liseur, dom Nicolas Jamin (1711-1782), a écrit de même, dans le Fruit de mes lectures (ap. Fertiault, op. cit., p. 231) : « Dites-moi quels livres vous lisez ordinairement, et, moi, je vous dirai qui vous êtes ».  ↩