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Mot-clé : « Scaliger (Joseph-Jules) »

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Le Livre, tome II, p. 341-357

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 341.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 341 [357]. Source : Internet Archive.

« comme une tortue », et gardait indéfiniment son exemplaire de Zayde.

Joseph Scaliger (1540-1609) répondait tout net à ceux qui faisaient mine de lui emprunter un volume : Ite ad vendentes ! « Allez en acheter[341.1] ! »

Le peintre Daniel du Moustier (1575-1646 ?), prenant les devants, avait décoré « le bas de ses livres », la plinthe de sa bibliothèque, de cette fulminante inscription, vrai cri du cœur : « Que le diable emporte les emprunteurs de livres[341.2] ! »

Et comme on comprend bien ce sentiment de ter-

[II.357.341]
  1.  Jules Janin, l’Amour des livres, pp. 59-60.  ↩
  2.  Tallemant des Réaux, Historiettes, Du Moustier, t. III, p. 139. (Paris, Techener, 1862 ; 6 vol. in-18.) Au nombre des « non-prêteurs », citons encore, d’après M. Fertiault (les Amoureux du livre, p. 353) : le médecin italien Demetrio Canevari (1559-1625) ; Guillaume Colletet (1598-1659) et Guilbert de Pixérécourt (1773-1844), dont nous parlerons tout à l’heure ; le critique et philosophe Naigeon (1738-1810) ; le marquis de Morante (1808-1868), magistrat, sénateur et bibliophile espagnol ; Cigongne (?) [s’agirait-il de Charles Sigonio dit aussi Sigonius (vers 1520-1584), archéologue italien, un des créateurs de la science de la diplomatique ?] ; Gifanins (-) ; et J.-Thomas Aubry, curé de l’église Saint-Louis-en-l’Île (-). — « Un jour que Gaspard Schopp [Scioppius, célèbre philologue et grammairien allemand : 1576-1649] priait Gifanius de lui prêter un manuscrit de Symmaque, Gifanius lui fit celte réponse : « Me demander de prêter mon « Symmaque, monsieur ! mais c’est comme si l’on me demandait de prêter ma femme ! » Perinde est atque uxorem meam utendam postulare ! » (Émile Deschanel, A bâtons rompus, Quand on range sa bibliothèque, p. 132.)  ↩

Le Livre, tome II, p. 224-240

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 224.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 224 [240]. Source : Internet Archive.

son, et le même messager accourut lui dire que la malade venait d’expirer. « Hélas ! j’en suis bien marri, car c’était vraiment une bonne femme ! » soupira Frédéric Morel en se replongeant dans ses livres[224.1].

L’érudit abbé Goujet (1697-1767) mourut de douleur d’avoir été contraint de vendre sa bibliothèque. On en a dit autant ou à peu près de Scaliger et de Patru[224.2].

[II.240.224]
  1.  Cf. Ambroise Firmin-Didot, op. cit., col. 807. En même temps que cette anecdote relative à Frédéric Morel, G.-A. Crapelet, dans ses Études pratiques et littéraires sur la typographie (pp. 147-148, note), nous en conte une autre, concernant son père, qui était prote et correcteur à l’imprimerie de Stoupe, une des plus importantes de Paris à la fin du xviiie siècle. Charles Crapelet « était, dans toute l’étendue du terme, esclave de ses doubles fonctions, et tellement préoccupé des intérêts des ouvriers, que, le jour même de ses noces, vers minuit, il quitta la compagnie, pour aller corriger des épreuves qu’il savait être attendues par les imprimeurs. Ma mère, — continue G.-A. Crapelet, — m’a raconté ce fait, et toute l’inquiétude que causa la disparition subite du marié. Le grave Stoupe, qui était dans la confidence de son Charles, comme il l’appelait, se divertit quelques instants de l’embarras visible de la personne la plus intéressée dans l’événement, mais il ne tarda pas à rassurer tout le monde. Vers trois heures du matin, le marié revint partager les plaisirs de la réunion. »  ↩
  2.  Fertiault, Drames et Cancans du livre, p. 264. « Amis, voulez-vous connaître un des grands malheurs de la vie ? Eh bien ! vendez vos livres. » (Joseph Scaliger, ap. Fertiault, les Amoureux du livre, p. 288.) Et Jules Janin (ap. Id., ibid.) : « Celui-là qui veut connaître en un seul bloc toutes les misères d’ici-bas, qu’il vende ses livres : Bibliothecam vendat ! »  ↩

Le Livre, tome II, p. 104-120

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 104.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 104 [120]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 105.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 105 [121]. Source : Internet Archive.

« Il faut, dit le vicomte de Bonald (1754-1840)[104.1], parcourir beaucoup de livres pour meubler sa mémoire ; mais, quand on veut se former un goût sûr et un bon style, il faut en lire peu, et tous dans le genre de son talent. L’immense quantité de livres fait qu’on ne lit plus ; et, dans la société des morts comme dans celle des vivants, les liaisons trop étendues ne laissent plus aux amitiés le temps de se former. »

Jérôme Cardan (1501-1576) estimait que toute bibliothèque devrait tenir en trois volumes : l’un traitant de la vie des saints, l’autre contenant de gracieux vers propres à récréer l’esprit, et le troisième enseignant « la vie civile », c’est-à-dire les droits et devoirs du citoyen[104.2]. Mais, déjà de son vivant ou peu après, Joseph Scaliger (1540-1609) déclarait que, « pour une parfaite bibliothèque, il faudrait avoir six grandes chambres[104.3] ».

La Mothe-Le Vayer (1588-1672), dans sa lettre à un « Révérend Père », Du moyen de dresser une bibliothèque d’une centaine de livres seulement[104.4], est

[II.120.104]
  1.  Pensées sur divers sujets, p. 343. (Paris, Adrien Le Cière, 1817.)  ↩
  2.  Ap. Mouravit, le Livre et la Petite Bibliothèque d’amateur, p. 137.  ↩
  3.  Ap. Fertiault, les Légendes du livre, p. 20.  ↩
  4.  La Mothe-Le Vayer, Œuvres, t. X, Petits traités en forme de lettres, écrites à diverses personnes studieuses, pp. 106-117 (Paris, Guignard, 1684). C’est de La Mothe-Le Vayer que Bayle a dit (Dictionnaire, t. X, p. 303 ; Paris, Desoer, 1820) : « Nous n’avons point d’auteur français qui approche plus de Plutarque que celui-ci ».  ↩

Le Livre, tome I, p. 304-328

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 304.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 304 [328]. Source : Internet Archive.