terner en idolâtre même devant un Homère ; si je soupire encore en feuilletant les poèmes des maîtres, ce n’est plus la magie de leurs grandes pensées qui m’enchante. Plus d’un livre m’est cher, et cependant en lui c’est lui rarement que je cherche : je me cherche moi-même. »
Dans ses Lettres d’un Voyageur[049.1], George Sand (1804-1876) a, elle aussi, consacré une très poétique page au souvenir de ses lectures d’enfance : « Un livre a toujours été pour moi un ami, un conseil, un consolateur éloquent et calme…. Oh ! quel est celui d’entre nous qui ne se rappelle avec amour les premiers ouvrages qu’il a dévorés ou savourés ! La couverture d’un bouquin poudreux, que vous retrouvez sur les rayons d’une armoire oubliée, ne vous a-t-elle jamais retracé les gracieux tableaux de vos jeunes années ? N’avez-vous pas cru voir surgir devant vous la grande prairie baignée des rouges clartés du soir, lorsque vous le lûtes pour la première fois, le vieil ormeau et la haie qui vous abritèrent, et le fossé dont le revers vous servit de lit de repos et de table de travail, tandis que la grive chantait la retraite à ses compagnes, et que le pipeau du vacher se perdait dans l’éloignement ? Oh ! que la nuit tombait vite sur ces pages divines ! que le crépuscule faisait cruellement flotter les caractères sur la feuille pâlissante ! C’en est fait,
- Pages 205-206. (Paris, Michel Lévy, 1863) ↩