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Mot-clé : « Sand (George) »

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Le Livre, tome II, p. 049-065

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 049.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 049 [065]. Source : Internet Archive.

terner en idolâtre même devant un Homère ; si je soupire encore en feuilletant les poèmes des maîtres, ce n’est plus la magie de leurs grandes pensées qui m’enchante. Plus d’un livre m’est cher, et cependant en lui c’est lui rarement que je cherche : je me cherche moi-même. »

Dans ses Lettres d’un Voyageur[049.1], George Sand (1804-1876) a, elle aussi, consacré une très poétique page au souvenir de ses lectures d’enfance : « Un livre a toujours été pour moi un ami, un conseil, un consolateur éloquent et calme…. Oh ! quel est celui d’entre nous qui ne se rappelle avec amour les premiers ouvrages qu’il a dévorés ou savourés ! La couverture d’un bouquin poudreux, que vous retrouvez sur les rayons d’une armoire oubliée, ne vous a-t-elle jamais retracé les gracieux tableaux de vos jeunes années ? N’avez-vous pas cru voir surgir devant vous la grande prairie baignée des rouges clartés du soir, lorsque vous le lûtes pour la première fois, le vieil ormeau et la haie qui vous abritèrent, et le fossé dont le revers vous servit de lit de repos et de table de travail, tandis que la grive chantait la retraite à ses compagnes, et que le pipeau du vacher se perdait dans l’éloignement ? Oh ! que la nuit tombait vite sur ces pages divines ! que le crépuscule faisait cruellement flotter les caractères sur la feuille pâlissante ! C’en est fait,

[II.065.049]
  1.  Pages 205-206. (Paris, Michel Lévy, 1863)  ↩

Le Livre, tome II, p. 010-026

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 010.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 010 [026]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 011.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 011 [027]. Source : Internet Archive.

conscience adoucira ses maux, que des remords envenimeraient, comme ils empoisonnent sans doute la prétendue félicité des méchants[010.1]. » Etc. « On dit communément que, si la divinité n’est pas, il n’y a que le méchant qui raisonne, le bon est un insensé. Mais pourquoi, si le bon est le plus paisible, le moins agité, le mieux garanti[010.2] ? »

[II.026.010]
  1.  Mirabeau, Lettres d’amour, pp. 293-294. (Paris, Garnier, 1874.)  ↩
  2.  Id., Lettres de cachet, chap. ii, p. 34. (Hambourg, sans nom d’edit., 1782.) Ailleurs (Lettres d’amour, pp. 291-292), Mirabeau dit encore : « … Tu vas en juger par ma profession de foi, que tu m’as déjà demandée deux fois et que je n’ai jamais eu le temps de te faire, parce que toutes ces discussions, immenses à faire, difficiles à résumer, n’apprennent, après tout, qu’un gros rien, si l’on veut être de bonne foi. Un ancien philosophe, interrogé par un roi sur l’essence de la divinité, demanda du temps pour y répondre. Le délai expiré, il en demanda un autre. Enfin, pressé de s’expliquer, Simonide dit à Hiéron : « Plus j’examine cette matière et plus je la trouve au-dessus de mon intelligence ». Je crois que Simonide a bien dit. — Veux-tu de grands et de beaux mots ? Racine te dira, en parlant de Dieu :
    •  L’Éternel est son nom, le monde est son ouvrage.

     Et voilà un admirable vers, mais une mauvaise définition. Veux-tu quelque chose de plus grand et de moins vague ? Lis cette inscription que Plutarque dit avoir été gravée sur le temple de Saïs : « Je suis tout ce qui a été, qui est, et ce qui sera ; et nul d’entre les mortels n’a encore levé mon voile… ». En effet, on ne peut faire un aveu plus sublime d’une invincible ignorance. Je t’entends bien d’ici, toi qui marches pas à pas, et ne crois point sur parole. Il faudrait, dis-tu sans doute, prouver qu’il y a un Dieu, avant d’expliquer ce que c’est que Dieu. Peut-être l’un n’est-il guère plus facile que l’autre ; car te démontrer l’existence de Dieu, en faisant attention à la nature de l’être infiniment parfait et à ses attributs, c’est-à-dire par une démonstration directe, par des raisonnements tirés de la nature même du sujet, c’est supposer l’idée de l’infini, qui est inconcevable ; c’est mettre en fait ce qui est en question, et ces sortes de preuves sont tout au moins insuffisantes. — Démontrer l’existence de Dieu par celle du monde et de l’univers, c’est-à-dire indirectement, c’est une tâche bien difficile ; car les lois simples qui dérivent de la forme imprimée à la matière nécessitent bien un premier mouvement ; mais ce premier mouvement sera-t-il Dieu ? Il faut convenir que cette première cause est très inconnue, très obscure, et, par conséquent, de nulle application, de nulle utilité dans les choses humaines. » Etc.… « Dieu, qui ne se mêle de rien ostensiblement ; Dieu, qui — selon l’expression de Jacob Boehme (1575-1624), — est le silence éternel » (George Sand, la Comtesse de Rudolstadt, chap. xix, t. I, p. 286 ; Paris. Michel Lévy, 1867). Dieu ne se manifeste à nous que par le culte que nous lui rendons.  ↩