Édouard Fournier (1819-1880) accompagne cette remarque des intéressants développements que voici :
« La découverte de l’imprimerie, qui popularisa le Livre, porta, par contre, un terrible coup à son luxe. Il lui fallut subir le sort de tout ce qui se démocratise ; il dut, pour pénétrer enfin chez le peuple, se faire plus humble d’apparence, plus simple d’habit. Chez les grands seigneurs et dans les abbayes, il ne changea rien d’abord, il est vrai, à sa magnificence extérieure. Ainsi Louis de Bruges, sire de la Gruthuyse [1422-1492], dont Louis XII acheta la bibliothèque, continua à faire revêtir ses volumes de velours uni ou ciselé et de diverses couleurs[131.1], par d’habiles ouvriers, dont Livin Stuart[131.2] semble avoir été le plus expert[131.3] ; ainsi l’abbé de Saint-Bavon, Livin Huguenois, célébré par Érasme, ne se départit pas non plus de la somptueuse habitude qu’il avait prise de ne posséder que des livres illustrés de peintures et habillés d’or et de soie, bysso auroque.
- Cf. Van Praet, Recherches sur Louis de Bruges, p. 81. (Paris, 1831.) ↩
- Cf. Paulin Paris, Manuscrits français de la Bibliothèque impériale, t. I, pp. 59-65 ; t. II, pp. 314-323 ; et baron de Saint-Genois, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de Gand, page 46. ↩
- « Son nom indique qu’il était d’Écosse, où l’on comptait alors, en effet, d’excellents relieurs. Les Anglais avaient aussi excellé dans la reliure au moyen âge. Parmi les dix relieurs de Paris qui figurent dans la taille de 1272, deux sont Anglais. » (Édouard Fournier, op. cit., ibid.) ↩