ration, vu l’indiscutable et évidente incommodité des grands formats.
Au dire de Mary Lafon[258.1], la veille du jour où Boulard allait acheter la neuvième maison qui devait abriter ses livres, « il gonfla si bien les poches de sa houppelande monstre, que pas un fiacre ne voulut se charger de lui. Plutôt que de se séparer de ses bouquins chéris, il essaya de se traîner vers ses foyers, où il ne parvint que le soir, inondé de sueur. On voulut l’empêcher d’aller ranger lui-même les bouquins dans la cave de la dernière et seule maison où il restât un coin de libre encore ; mais il n’écouta personne, et gagna une pleurésie qui l’emporta. » On peut donc dire que, lui aussi, mourut sur le champ de bataille[258.2].
La bibliothèque de Boulard, qui se composait d’environ 600 000 volumes, fut vendue et retourna en grande partie là d’où elle était venue, chez les bouquinistes des quais. La section de l’histoire et des voyages, qui formait le tome cinquième du catalogue dressé pour cette vente, fut achetée en bloc
- Histoire d’un livre, ap. Numa Raflin, loc. cit., p. 59. ↩
- Ce n’est pas sans raison que M. Numa Raflin, dont l’étude sur A.-M.-H. Boulard est très soigneusement et consciencieusement faite, met en doute la véracité de Mary Lafon, dans cette Histoire d’un livre, qui ne comprend, d’ailleurs, qu’une centaine de pages et n’est qu’une fantaisie sans intérêt. Ajoutons qu’un ami des livres comme Boulard ne se serait pour rien au monde résigné à « ranger » ses trésors dans une cave. ↩