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Mot-clé : « Rabelais »

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Le Livre, tome III, p. 015-029

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 15.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 15 [029]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 16.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 16 [030]. Source : Internet Archive.

loppe : l’affiche remplace le crieur aux carrefours ; les courriers et messagers partant à date fixe invitent à écrire et à recevoir des lettres. Le papier demeurait précieux pourtant, et noble : Rabelais, dans le chapitre connu, où gravement il recherche qui remplira le mieux, au « privé », certaine fonction des « serviettes indispensables », ne s’avise pas qu’il suffirait, sans se creuser autant la cervelle, d’avoir « du papier dans sa poche[015.1] ». Au xviie siècle naissent les gazettes; au xviiie, les papiers de tenture pour appartements[015.2]. »

Actuellement, outre l’extension considérable prise, dans le monde entier, par la presse périodique, les emplois du papier sont innombrables ; on en consomme des quantités prodigieuses, environ soixante millions de quintaux métriques, soit six milliards de kilogrammes par an[015.3] ; on en fait « du linge » : des

[III.029.015]
  1.  Si, contrairement à ce qu’affirme M. G. d’Avenel, Rabelais s’en avise très bien, et il le dit en termes formels : « Je me torchay de foin, de paille…, de papier. » (Gargantua, livre I, chap. xiii ; t. I, p. 133 ; Paris, Didot, 1880.) Et bien d’autres que Rabelais attestent que le papier était, dès ce temps-là, communément affecté audit usage. « Toujours… qui son… de papier torche. » (Clément Marot, ap. Rabelais, ibid.) « Il vaut bien mieux se torcher… avec du papier, et principalement en ce temps qu’il est à si bon marché : en quoi nous avons barre sur les anciens…. » (Béroalde de Verville, le Moyen de parvenir, chap. xcii, p. 339 ; Paris, Gosselin, 1841.)  ↩
  2.  G. d’Avenel, op. cit., pp. 4-6.  ↩
  3.  « Une récente statistique établit que la production européenne du papier, qui, en 1875, s’élevait à 7 791 300 quintaux métriques, a atteint, en 1900, le chiffre considérable de 24 270 000 quintaux métriques. La production du monde entier peut être évaluée à 60 000 000 de quintaux métriques. » (Le Courrier du livre, 15 février 1903, p. 109.) Voici deux autres relevés statistiques bien différents du précédent et différents aussi entre eux (la statistique a de ces surprises !). L’un a été dressé par « un savant anglais », et il est emprunté à la Gazette commerciale (dans le Mémorial de la librairie française, 17 août 1905, p. 439) : « Il existe, parait-il, sur la surface du globe, 4 000 manufactures qui fabriquent annuellement 980 000 000 de kilogrammes de papier. Sur ce nombre, 300 000 000 de kilogrammes sont utilisés par les journaux, 191 000 000 de kilogrammes par la librairie, 100 000 000 de kilogrammes par le commerce, 100 000 000 de kilogrammes par les services administratifs des gouvernements, 93 000 000 de kilogrammes par l’industrie, 85 000 000 de kilogrammes par les écoles ; le reste, 101 [111] millions de kilogrammes, est employé à la correspondance privée. Pour la France, la consommation annuelle du papier est de 135 000 000 de kilogrammes ; les journaux en emploient environ 20 000 000 de kilogrammes. » L’autre statistique est extraite de l’ouvrage de M. G. d’Avenel, déjà plusieurs fois cité (pages 61-62) : « Depuis un demi-siècle, sur la surface du globe, la production du papier a décuplé. Elle était de 221 000 000 de kilos en 1850 ; elle est de 2 260 000 000 de kilos aujourd’hui. Notre fabrication nationale s’est accrue dans la même mesure : de 40 000 tonnes au début du second Empire, à 137 000 tonnes en 1867, à 350 000 tonnes en 1894. »  ↩

Le Livre, tome II, p. 331-347

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 331.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 331 [347]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 332.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 332 [348]. Source : Internet Archive.

être le cri d’un propriétaire de livres trompé par les emprunteurs ».

Rabelais écrivait sur le titre de ses livres, comme on le voit encore à notre Bibliothèque nationale : « Francisci Rabelæsi, medici, καὶ τῶν αὐτοῦ φίλῶν[331.1] ». D’autres savants ou amateurs, Bathis (….-….), de Bruxelles, Marc Laurin (1530-1581), de Bruges, ont, le premier en grec, le second en latin, employé la même sentence, et proclamé que leurs livres étaient à eux et à leurs amis[331.2].

Le savant François Marucelli (1625-1713), qui fit construire à Florence, sa ville natale, une bibliothèque publique encore existante, et qui dota Rome d’un établissement du même genre, avait pour programme : Publicæ et maximæ pauperum utilitati[331.3].

Un illustre collectionneur et érudit du même temps, Michel Bégon (1638-1710), n’hésitait pas non plus à mettre ses livres à la disposition d’autrui, et, comme son bibliothécaire lui remontrait un jour qu’avec ce système il s’exposait à voir disparaître plus d’un de ses trésors, il lui répliqua fort dignement : « J’aime encore mieux perdre mes livres que d’avoir l’air de me défier d’un honnête homme[331.4] ».

[II.347.331]
  1.  L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 10 juillet 1879, col. 402 ; et Rabelais, Œuvres, édit. annotée par Burgaud des Marets et Rathery, t. II, p. 11, n. 2. (Paris, Didot, 1880.)  ↩
  2.  Cf. Gustave Brunet, op. cit., pp. 271 et 296.  ↩
  3.  Fertiault, les Amoureux du livre, p. 353.  ↩
  4.  Cf. Peignot, Dictionnaire raisonné de bibliologie, t. II, p. 361. C’est en l’honneur de Michel Bégon et en souvenir du bon accueil qu’avait reçu de lui le botaniste Plumier que celui-ci donna le nom de bégonia à un genre de plantes d’Amérique.  ↩

Le Livre, tome I, p. 302-326

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 302.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 302 [326]. Source : Internet Archive.

Le Livre, tome I, p. 245-269

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 245.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 245 [269]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 246.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 246 [270]. Source : Internet Archive.

l’huma­nité »[245.1], La Fontaine de « vieillard égoïste » et de « philosophe cynique » aussi[245.2], se montre indul-

[I.269.245]
  1.  « Rabelais, de qui découlent les Lettres françaises, » disait, au contraire, Chateaubriand. (Cf. Sainte-Beuve, op. cit., t. XI, p. 502.) « … Rabelais, un écrivain si ample, si complet et si maître en sa manière de dire (pour ne le prendre que par cet endroit) qu’il y aurait vraiment à le comparer à Platon, si l’on ne voyait en lui que la forme, et non ce qu’il y a mis, et que l’on pourrait avancer sans blasphème que la langue de Massillon (encore une fois, je parle de la langue uniquement) n’est, par rapport à celle de Rabelais, qu’une langue plutôt de corruption, de mollesse déjà commençante et de décadence. » (Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. I, p. 29.) « A Pantagruel commence à poindre la liberté, et j’ose dire la morale. Pantagruel est l’écrasement de l’idéal, le précurseur de Voltaire, la Révolution…. Nous avons entendu M. de Lamartine traiter Rabelais d’infâme cynique ! Pareille insulte devait lui venir du plus mou et du plus efféminé de nos idéalistes. Rabelais est chaste entre tous les écrivains, et Pantagruel honorable entre tous les héros. » (Proudhon, De la Justice dans la Révolution, t. III, p. 315. Bruxelles, Lacroix, 1868.) « … Sans doute, ils (les livres de Rabelais) ne sont pas lecture de jeunes femmes ; mais ils ne contiennent pas un atome d’immoralité. L’immoralité littéraire est dans les peintures lascives et dans les narrations complaisantes d’actes honteux. De ces narrations et de ces peintures il n’y en a pas une, je dis pas une, dans Rabelais. » Etc. (Émile Faguet, Seizième Siècle, p. 125.) « Parlez- moi de Rabelais, voilà mon homme ! Que de profondeur, que de verve ! Que Voltaire, près de lui, est un petit garçon ! Montaigne lui-même n’en approche pas…. Rabelais, sous sa robe de bateleur, avait le mal en haine, et c’était tout un monde nouveau que sa sublime folie aspirait à créer. Il n’y a point, dans notre langue ni dans aucune langue, d’ouvrage plus sérieux que le sien. Il l’est quelquefois jusqu’à effrayer. » (Lamennais, Correspondance, lettre au baron de Vitrolles, ap. Jules Levallois, Revue bleue, 2 juin 1894, p. 680.)  ↩
  2.  Sur ces divers qualificatifs, cf. Proudhon, op. cit., t. III, p. 315 ; Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. XI, p. 502 ; et Lamartine, Premières Méditations, Préface, pp. 5-6. De même que tout à l’heure pour Rabelais, donnons ici, en note, pour La Fontaine, un correctif aux brutales épithètes de Lamartine : « Il y a, dans La Fontaine, une plénitude de poésie qu’on ne trouve nulle part dans les autres auteurs français. » (Joubert, Pensées, t. II, p. 379.) « … Elle (la postérité) reconnaît La Fontaine pour l’auteur qui a le plus reproduit en lui et dans sa poésie toute réelle les traits de la race et du génie de nos pères, et, si un critique plus hardi que Voltaire (ce critique, le premier en date, est Joubert : cf. Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II, p. 315) vient à dire : « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ? c’est La Fontaine, » cette postérité y réfléchit un moment, et elle finit par répondre : « C’est vrai ». (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. VII, p. 519.) « C’est La Fontaine qui est notre Homère, » (Taine, La Fontaine et ses fables, p. 46.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 119-143

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 119.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 119 [143]. Source : Internet Archive.

La lecture tient une grande place dans le programme d’études et la « discipline » que Rabelais (1483 ?-1553) institue, par l’intermédiaire de Ponocrates, à l’usage de Gargantua. Dans la matinée, « par trois bonnes heures luy estoit faicte lecture ». Puis, « au commencement du repast, » — du repas de midi, du dîner, que nous appelons aujourd’hui déjeuner, — « estoit lue quelque histoire plaisante des anciennes prouesses, jusques à ce qu’il (Gargantua) eust pris son vin. Lors (si bon sembloit) on continuoit la lecture ou commençoient à deviser joyeusement ensemble. » L’après-midi, Gargantua « se remettoit… tant à répéter la lecture matutinale qu’à poursuivre le livre entre­pris[119.1] ».

On connaît les humbles et studieux débuts de Jacques Amyot (1513-1593), qui devint évêque d’Auxerre et grand aumônier de France, et s’est acquis, comme traducteur de Plutarque et de Longus, une gloire littéraire encore brillante : tous les dictionnaires, les galeries d’enfants prodiges, les livres de morale à l’usage de la jeunesse, ont consigné ce salutaire exemple de passion pour l’étude et les livres, de courageuse et inlassable persévé-

[I.143.119]
  1.  Gargantua, chap. xxiii, pp. 41-42. (Rabelais, Œuvres, Paris, Charpentier, 1861.)  ↩