qui possédait, outre les langues anciennes, les langues vivantes les plus usuelles, parlant l’anglais et l’allemand aussi couramment que le français[253.1], a publié quantité d’ouvrages, des études historiques, littéraires et scientifiques notamment, et des traductions[253.2]. Son obligeance et sa générosité étaient, comme son aimable caractère, sa courtoisie et son esprit, connues et appréciées de tous, et l’on est allé jusqu’à dire que si Boulard est devenu un bouquineur enragé, ce fut principalement pour rendre service aux bouquinistes[253.3].
- Cf. Numa Raflin, loc. cit., pp. 57-58. ↩
- On en trouve la liste dans Quérard, la France littéraire, t. I, pp. 456-457. ↩
- On a prétendu aussi que Boulard n’était pas très scrupuleux en fait de livres, et en dérobait volontiers, même dans les loges de concierge. C’est le typographe Alkan aîné qui conte la chose, dans sa brochure sur Édouard-René Lefebvre de Laboulaye, Un Fondeur en caractères, membre de l’Institut (p. 15). Voici cette anecdote, à peu près textuelle, que je ne reproduis ici que pour faire entendre tous les sons de cloche, et dont je laisse l’entière responsabilité au « Sonneur » : Un matin, Boulard, qui était lié avec un proche parent de M. de Laboulaye, M. Lefebvre, notaire à Paris, vint pour lui rendre visite. Il entre dans la loge du concierge, où personne ne se trouvait, puis monte chez son ami le notaire. A peine est-il dans le cabinet de celui-ci, que le concierge arrive tout effaré, et, s’adressant à voix basse au notaire, lui demande s’il connaît bien le monsieur qui est avec lui en ce moment. « Si je le connais ! Réplique maître Lefebvre sur le même ton. C’est mon meilleur ami, un ancien collègue à moi…. — Ah ! c’est que… c’est que je vais vous dire, fait le concierge, d’une voix toujours discrète. Un locataire de la maison m’a prêté un volume, et ce volume, que j’avais laissé sur ma table il y a un instant, je ne le trouve plus. Or, il n’y a que ce monsieur qui a pénétré dans ma loge…. Ce volume fait partie d’un ouvrage qui va être ainsi décomplété : cela me met vis-à-vis du locataire dans le plus cruel embarras. — Écoutez, reprend le notaire, mon ami va partir tout à l’heure ; suivez-le jusqu’à sa demeure et entrez avec lui. Vous lui direz : « Monsieur, je suis le concierge de M. Lefebvre. Est-ce que, par un simple effet du hasard, vous n’auriez pas emporté un livre qui était sur ma table ? » Ce qui fut dit fut ponctuellement exécuté. « Attends ! répondit maître Boulard, qui, sans se déconcerter le moins du monde, plongea la main dans une de ses grandes poches et en tira le volume, tiens, le voilà, ton livre ! Et emporte-le bien vite ! » ajouta-t-il en remettant au concierge une pièce de cent sous pour l’indemniser de son dérangement. (Cf. mon volume Amateurs et Voleurs de livres, pp. 21-23. Paris, Daragon, 1903.) ↩