Mot-clé : « Proudhon (P.-J.) »

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Le Livre, tome II, p. 200-216

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 200.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 200 [216]. Source : Internet Archive.

Misérables musiciens, qui torturent un instrument admirable pour en tirer des sons aigres et faux, au lieu de lui faire rendre de divins accords !… »

Thiers (1797-1877) estime tout crûment, lui, que « la presse est une mauvaise denrée ; la meilleure ne vaut pas le diable[200.1] ».

Et Proudhon (1809-1865)[200.2] : « Est-ce par les journaux que nous connaîtrons l’opinion parisienne ? Mais… pour qui a vu de près ces diverses officines, toute considération tombe à l’instant. »

« Le journalisme est un enfer, un abîme d’iniquités, de mensonges, de trahisons…. un de ces lupanars de la pensée…. S’il existait un journal des bossus, il prouverait, soir et matin, la beauté, la bonté, la nécessité des bossus…. Le journal servirait son père tout cru à la croque au sel de ses plaisanteries, plutôt que de ne pas intéresser ou amuser son public…. Le journalisme sera la folie de notre temps. »

Telle était l’opinion de Balzac (1799-1850)[200.3]. Et,

[II.216.200]
  1.  Ap. Dr Véron, Mémoires d’un bourgeois de Paris, t. V, p. 293. (Paris, Librairie nouvelle, 1856.)  ↩
  2.  De la capacité politique des classes ouvrières, p. 236.  ↩
  3.  Illusions perdues, t. I, pp. 243, 244, 334, 335 ; t. II, p. 193, et passim. (Paris, Librairie nouvelle, 1858 et 1865.) Cf. ce que dit M. Edmond Thiaudière (1837-….), dans son recueil de pensées, la Soif du juste (p. 175) : « Ce qui montre à quel degré d’abjection est descendue la Société de notre temps, c’est que le journalisme contemporain trouve son intérêt à mettre en relief surtout ce qui est infâme et ce qui est inepte ».  ↩

Le Livre, tome II, p. 015-031

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 015.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 015 [031]. Source : Internet Archive.

Comme Proudhon (1809-1865)[015.1], Jouffroy se trouva ainsi amené et astreint à cette constatation : « Je ne crois plus, je sais ou j’ignore, » aveu qui semble être le formulaire ou symbole de leur siècle et encore plus du nôtre.

L’historien des Origines du Christianisme, Ernest Renan (1823-1892), est, sans conteste, un des penseurs et des maîtres qui ont le mieux pratiqué la religion des lettres, le mieux célébré ce culte de la justice, de la raison et de la vérité. Voici quelques-unes de ses déclarations : « … Je veux, dis-je, qu’on mette sur ma tombe : veritatem dilexi. Oui, j’ai aimé la vérité ; je l’ai cherchée ; je l’ai suivie où elle m’a appelé, sans regarder aux durs sacrifices qu’elle m’imposait. J’ai déchiré les liens les plus chers pour lui obéir. Je suis sûr d’avoir bien fait. Je m’explique. Nul n’est certain de posséder le mot de l’énigme de l’univers, et l’infini qui nous enserre échappe à tous les cadres, à toutes les formules que nous voudrions lui imposer. Mais il y a une chose qu’on peut affirmer, c’est la sincérité du cœur, c’est

[II.031.015]
  1.  Ap. Sainte-Beuve, P.-J. Proudhon, p. 123.  ↩

Le Livre, tome I, p. 245-269

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 245.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 245 [269]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 246.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 246 [270]. Source : Internet Archive.

l’huma­nité »[245.1], La Fontaine de « vieillard égoïste » et de « philosophe cynique » aussi[245.2], se montre indul-

[I.269.245]
  1.  « Rabelais, de qui découlent les Lettres françaises, » disait, au contraire, Chateaubriand. (Cf. Sainte-Beuve, op. cit., t. XI, p. 502.) « … Rabelais, un écrivain si ample, si complet et si maître en sa manière de dire (pour ne le prendre que par cet endroit) qu’il y aurait vraiment à le comparer à Platon, si l’on ne voyait en lui que la forme, et non ce qu’il y a mis, et que l’on pourrait avancer sans blasphème que la langue de Massillon (encore une fois, je parle de la langue uniquement) n’est, par rapport à celle de Rabelais, qu’une langue plutôt de corruption, de mollesse déjà commençante et de décadence. » (Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. I, p. 29.) « A Pantagruel commence à poindre la liberté, et j’ose dire la morale. Pantagruel est l’écrasement de l’idéal, le précurseur de Voltaire, la Révolution…. Nous avons entendu M. de Lamartine traiter Rabelais d’infâme cynique ! Pareille insulte devait lui venir du plus mou et du plus efféminé de nos idéalistes. Rabelais est chaste entre tous les écrivains, et Pantagruel honorable entre tous les héros. » (Proudhon, De la Justice dans la Révolution, t. III, p. 315. Bruxelles, Lacroix, 1868.) « … Sans doute, ils (les livres de Rabelais) ne sont pas lecture de jeunes femmes ; mais ils ne contiennent pas un atome d’immoralité. L’immoralité littéraire est dans les peintures lascives et dans les narrations complaisantes d’actes honteux. De ces narrations et de ces peintures il n’y en a pas une, je dis pas une, dans Rabelais. » Etc. (Émile Faguet, Seizième Siècle, p. 125.) « Parlez- moi de Rabelais, voilà mon homme ! Que de profondeur, que de verve ! Que Voltaire, près de lui, est un petit garçon ! Montaigne lui-même n’en approche pas…. Rabelais, sous sa robe de bateleur, avait le mal en haine, et c’était tout un monde nouveau que sa sublime folie aspirait à créer. Il n’y a point, dans notre langue ni dans aucune langue, d’ouvrage plus sérieux que le sien. Il l’est quelquefois jusqu’à effrayer. » (Lamennais, Correspondance, lettre au baron de Vitrolles, ap. Jules Levallois, Revue bleue, 2 juin 1894, p. 680.)  ↩
  2.  Sur ces divers qualificatifs, cf. Proudhon, op. cit., t. III, p. 315 ; Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. XI, p. 502 ; et Lamartine, Premières Méditations, Préface, pp. 5-6. De même que tout à l’heure pour Rabelais, donnons ici, en note, pour La Fontaine, un correctif aux brutales épithètes de Lamartine : « Il y a, dans La Fontaine, une plénitude de poésie qu’on ne trouve nulle part dans les autres auteurs français. » (Joubert, Pensées, t. II, p. 379.) « … Elle (la postérité) reconnaît La Fontaine pour l’auteur qui a le plus reproduit en lui et dans sa poésie toute réelle les traits de la race et du génie de nos pères, et, si un critique plus hardi que Voltaire (ce critique, le premier en date, est Joubert : cf. Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II, p. 315) vient à dire : « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ? c’est La Fontaine, » cette postérité y réfléchit un moment, et elle finit par répondre : « C’est vrai ». (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. VII, p. 519.) « C’est La Fontaine qui est notre Homère, » (Taine, La Fontaine et ses fables, p. 46.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 206-230

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 206.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 206 [230]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 207.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 207 [231]. Source : Internet Archive.

nuelle joie de ma vie. » Et voici le plan de conduite que ce véritable et pur homme de Lettres s’était tracé dès ses débuts, son admirable profession de foi, digne d’être proposée comme modèle à tous ceux qui aiment et cultivent les Lettres : « … Le désir de la réputation littéraire me venait quelquefois, sans me troubler ni m’enflammer ; celui de la fortune, jamais. De bonne heure — et c’est peut-être le seul point par où je suis réellement ce qu’on nomme un original — j’ai fait un pacte avec la pau­vreté[206.1]. Ce

[I.230.206]
  1.  On connaît l’admirable panégyrique de la pauvreté tracé par Proudhon, dans la Guerre et la Paix (t. II, pp. 183-185) :  « … Acceptez virilement la situation qui vous est faite, et dites-vous, une fois pour toutes, que le plus heureux des hommes est celui qui sait le mieux être pauvre. L’antique sagesse avait entrevu ces vérités. Le christianisme posa le premier, d’une manière formelle, la loi de pauvreté en la ramenant toutefois, comme c’est le propre de tout mysticisme, au sens de sa théologie. Réagissant contre les voluptés païennes, il ne pouvait considérer la pauvreté sous son vrai point de vue ; il la fit souffrante dans ses abstinences et dans ses jeûnes, sordide dans ses moines, maudite du ciel dans ses expiations. A cela près, la pauvreté glorifiée par l’Évangile est la plus grande vérité que le Christ ait prêchée aux hommes. La pauvreté est décente ; ses habits ne sont pas troués, comme le manteau du cynique ; son habitation est propre, salubre et close ; elle change le linge une fois au moins par semaine ; elle n’est ni pâle ni affamée. Comme les compagnons de Daniel, elle rayonne de santé en mangeant ses légumes ; elle a le pain quotidien, elle est heureuse. La pauvreté n’est pas l’aisance ; ce serait déjà, pour le travailleur, de la corruption. Il n’est pas bon que l’homme ait ses aises ; il faut, au contraire, qu’il sente toujours l’aiguillon du besoin. L’aisance serait plus encore que de la corruption : ce serait de la servitude ; et il importe que l’homme puisse, à l’occasion, se mettre au-dessus du besoin et se passer même du nécessaire. Mais la pauvreté n’en a pas moins ses joies intimes, ses fêtes innocentes, son luxe de famille, luxe touchant, que fait ressortir la frugalité accoutumée du ménage. A cette pauvreté inévitable, loi de notre nature et de notre société, il est évident qu’il n’y a pas lieu de songer à nous soustraire. La pauvreté est bonne, et nous devons la considérer comme le principe de notre allégresse. La raison nous commande d’y conformer notre vie, par la frugalité des mœurs, la modération dans les jouissances, l’assiduité au travail, et la subordination absolue de nos appétits à la justice. Comment se fait-il maintenant que cette même pauvreté, dont l’objet est d’exciter en nous la vertu et d’assurer l’équilibre universel, nous pousse les uns contre les autres et allume la guerre entre les nations ? » Etc. Cf. Sénèque, Lettres à Lucilius, 2 (t. II. p. 3, trad. Baillard) : « .… La belle chose, s’écrit-il (Épicure) que le contentement dans la pauvreté ! » « Mais il n’y a plus pauvreté, s’il y a contentement. Ce n’est point d’avoir peu, c’est de désirer plus, qu’on est pauvre. » Etc. Cf. aussi l’érudit et célèbre philologue Joseph Scaliger, de mœurs si simples, déclarant « qu’il avait toujours eu la pauvreté pour compagne. » (Larousse, Grand Dictionnaire.) Comme conclusion, constatons que les meilleures choses de la vie, la santé, l’affection, l’intelligence, l’esprit, etc., sont celles qu’on ne peut acquérir avec de l’argent.  ↩