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Mot-clé : « Peignot (Gabriel) »

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Le Livre, tome III, p. 139-153

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 139.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 139 [153]. Source : Internet Archive.

depuis l’an 1350 que cet usage s’est généralisé. « Il a donc fallu deux siècles pour vulgariser cette réforme[139.1]. »

« Joseph Scaliger prétend qu’Alde Manuce est le premier qui a introduit dans le latin la virgule, le point-virgule et l’accent grave, et qu’avant lui, personne n’en avait fait usage. Cette assertion demande une explication, car elle donnerait à entendre qu’avant Alde il n’existait ni virgule, ni accent, ce qui serait faux. La virgule a été inventée dans le viiie siècle, et le point-virgule dans le ixe ; les autres marques de repos le furent ensuite…. Ainsi l’on voit que les signes de ponctuation sont plus anciens que la découverte de l’imprimerie ; mais leur désignation actuelle, c’est-à-dire la valeur que nous leur donnons, est assez moderne. D’ailleurs ils étaient fort rares ancien­nement[139.2], » et, comme nous le disions il y a un instant, on n’en trouve pas dans les livres du xve siècle, dans les incunables.

Quant aux points suspensifs, « ils sont d’invention moderne », remarque Ernest Legouvé, qui ne les appelle jamais que « petits points »[139.3]. « Vous n’en trouverez pas un seul exemple avant le xviiie siècle,

[III.153.139]
  1.  Mémorial de la librairie française, 20 janvier 1905, p. 41.  ↩
  2.  Gabriel Peignot, op. cit., p. 73, n. 1.  ↩
  3.  Cette locution « petits points », dans le sens de points suspensifs, ne se trouve ni dans Littré, ni dans Hatzfeld, ni dans Larousse, dans aucun dictionnaire ni traité de typographie.  ↩

Le Livre, tome III, p. 138-152

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 138.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 138 [152]. Source : Internet Archive.

7º La rareté des alinéas et des chapitres.

8º L’absence de lettres capitales au commencement des chapitres ou divisions : dans les premiers temps, les imprimeurs laissaient en blanc la place de ces grandes lettres, qui étaient mises à la main par des calligraphes et rubricateurs[138.1].

9º L’absence de signes de ponctuation.

10º Des traits obliques au lieu de points sur les i.

Etc., etc.[138.2].

Les lettres minuscules j et u se confondaient autrefois respectivement avec l’i et le v. C’est Louis Elzevier qui, établi à Leyde en 1580, a introduit en typographie la distinction entre l’i et le j, et entre l’u et le v minuscules. Quant aux majuscules J et U remplaçant I et V, elles furent créées, en 1619, par l’imprimeur strasbourgeois Lazare Zetner[138.3].

Les points sur les i datent, paraît-il, du commencement du xie siècle. C’est alors « qu’on s’aperçut qu’il serait bon, pour faciliter la lecture des manuscrits, de faire usage de ce point, afin de ne pas confondre un m avec in ou un ni ». Mais ce n’est que

[III.152.138]
  1.  De rubricare, rubrum facere, peindre en rouge : de rubrica, rubrique, sanguine, craie rouge, etc. Cf. Ducange, Glossarium ↩
  2.  Sur les caractères distinctifs des incunables, cf. Gabriel Peignot, Variétés, Notices et Raretés bibliographiques, pp. 72 et s. ; et Jules Cousin, De l’organisationdes bibliothèques publiques et privées, pp. 97-103.  ↩
  3.  Cf. Émile Javal, Physiologie de la lecture et de l’écriture, p. 19, n. 1 ; et Ambroise Firmin-Didot, op. cit., col. 629.  ↩

Le Livre, tome III, p. 135-149

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 135.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 135 [149]. Source : Internet Archive.

3º L’absence de signatures, de réclames[135.1], de pagination, et, dans les plus anciens incunables, de registre, c’est-à-dire de la table indicatrice des cahiers composant l’ouvrage : ces cahiers étaient indiqués par les premiers mots de leur première page[135.2].

4º L’absence de titre séparé ou frontispice[135.3] : le titre, ou plutôt le sujet du livre, se trouvait énoncé au début du texte, dans ce qu’on nomme la suscription ou l’incipit ; c’est par ce dernier mot, ou par son équivalent : Cy commence… que commençait le plus souvent le texte. « C’est vers 1476 ou 1478 qu’on a commencé à imprimer les titres de livres sur un feuillet séparé, et les titres des chapitres se voient déjà dans les Épitres de Cicéron, de 1470[135.4]. »

5º L’absence du nom de l’imprimeur, du lieu et de la date de l’impression : ces indications ne tardèrent pas à figurer à la dernière page des volumes, dans un paragraphe final appelé souscription ou explicit (qui signifie finit, se termine, est déroulé ; sous-entendu le mot volume, et par allusion aux anciens manuscrits, qui avaient la forme de rou­leaux[135.5] :

[III.149.135]
  1.  Sur la signification de ces mots, voir supra, p. 96.  ↩
  2.  Cf. ce qui est dit ci-dessus (p. 97, n. 2), à propos de l’imposition au début de l’imprimerie.  ↩
  3.  « Frontispice : titre orné de figures gravées ou imprimées. » (Littré, op. cit.) Voir infra, p. 214, n. 2.  ↩
  4.  Gabriel Peignot, Variétés, Notices et Raretés bibliographiques, p. 72, n. 1.  ↩
  5.  Cf. notre tome I, page 57.  ↩

Le Livre, tome III, p. 115-129

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 115.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 115 [129]. Source : Internet Archive.

seule raison que l’un est in-18 et l’autre in-folio : si tous deux étaient in-8, on les placerait l’un à côté de l’autre ; la classification ne serait pas plus interrompue dans nos bibliothèques que dans nos catalogues les mieux faits, et ces bibliothèques procureraient le coup d’œil le plus agréable. Cependant, » ajoute Peignot, — et voilà déjà les objections et restrictions qui surgissent. — « les ouvrages de pur agrément, tels que romans, poésies, etc., semblent exiger un format plus portatif que l’in-8, ou du moins il serait quelquefois plus commode de les avoir in-18 : réservons donc ce dernier format pour la classe des romans seulement… »[115.1].

Ludovic Lalanne[115.2] patronne également le format in-8, « auquel on revient toujours », déclare-t-il.

Le format employé et vulgarisé, à partir de 1858, par l’éditeur Gervais Charpentier, et connu sous le nom de format Charpen­tier[115.3] — c’est un in-18 jésus ayant pour dimensions 0,117 × 0,183 — est actuellement le plus répandu, pour les ouvrages de littérature du moins, et il nous paraît tout à fait digne de sa vogue, il mérite toutes nos préférences.

En voici les motifs.

Le malheur veut que la plupart des liseurs assidus, des plus constants amis des livres, deviennent

[III.129.115]
  1.  Gabriel Peignot, Manuel bibliographique, p. 62.  ↩
  2.  Op. cit., p. 294.  ↩
  3.  Cf. Edmond Werdet, De la librairie française, p. 177.  ↩

Le Livre, tome III, p. 110-124

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 110.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 110 [124]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 111.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 111 [125]. Source : Internet Archive.

plus appréciés du public semblent avoir été toujours en décroissant.

L’in-folio et l’in-4 étaient, sauf exceptions, les formats des premiers livres, des incuna­bles[110.1], et, malgré les admirables petits in-8 d’Alde Manuce et de Sébastien Gryphe, les savants du xvie siècle tenaient en mépris tous les volumes qui n’avaient pas les plus grandes dimen­sions[110.2]. On jugeait alors en quelque sorte de la valeur d’un ouvrage d’après son ampleur et sa taille.

Scaliger, au dire du passionné érudit Adrien Baillet (1649-1706), « raille Drusius pour la petitesse de ses livres ; et J. Morel, l’un des plus grands imprimeurs de son temps, se plaignait au savant Puteanus, rival de Juste Lipse, que ses livres étaient trop petits pour la vente, et que les chalands n’en voulaient pas[110.3] ».

[III.124.110]
  1.  « Au début de l’imprimerie, les formats employés étaient généralement l’in-folio et l’in-quarto, et certains auteurs ont supposé qu’aucun livre, avant 1480, n’avait été imprimé sous un format plus petit. » (Trad. de l’Encyclopædia britannica, t. III, p. 652, col. 1.) Néanmoins Gabriel Peignot, dans son Dictionnaire raisonné de bibliologie, art. Format, mentionne des éditions des plus petits formats antérieures à 1480 ; mais on peut considérer ces « petits livres » comme des exceptions.  ↩
  2.  Cf. Ludovic Lalanne, Curiosités bibliographiques, p. 293. Nous avons vu de même (t. II, p. 257) le bibliomane Antoine-Marie-Henri Boulard, à ses débuts surtout, collectionner de préférence des in-4 et des in-folio, « les beaux formats », et dédaigner les in-8, in-12, etc.  ↩
  3.  Id., op. cit., p. 293. Ludovic Lalanne donne bien, en cet endroit, « J. Morel » ; mais, comme l’imprimeur Jean Morel (mort à vingt et un ans : 1538-1559), que l’initiale J. semble désigner, n’a pas été, tant s’en faut, « l’un des plus grands imprimeurs de son temps » (il était bien inférieur en réputation à son frère Guillaume Morel), nous pensons qu’il faut lire Jean Moret (et non Morel), imprimeur et savant du xvie siècle, qui habitait Anvers, avait épousé la seconde fille de Plantin, à qui il succéda, et qui était l’ami de Juste Lipse : cf. Gabriel Peignot, Dictionnaire raisonné de bibliologie, art. Moret (Jean).  ↩

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