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Le Livre, tome II, p. 020-036

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 020.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 020 [036]. Source : Internet Archive.

l’affirmait Pasteur, prétendre à sa large part dans cette direction morale elle-même. S’il n’est malheureusement pas certain qu’en montrant dans l’instinct social la vraie base de la morale, elle assure à cet instinct la prédominance sur les instincts égoïstes, il est certain qu’en rapprochant les hommes, en sapant les barrières qui les séparent encore, elle rend plus facile et montre plus prochaine la civilisation du monde entier ; en augmentant le bien-être et la sécurité, en atténuant l’âpreté de la lutte pour l’existence, elle ne contribue pas seulement au bonheur des hommes : par cela même qu’elle tend à rendre plus légère la servitude des besoins matériels, elle tend à donner plus de douceur aux cœurs, plus d’essor aux âmes, plus de dignité aux consciences. En déracinant, partout où elle s’implante, les préjugés, causes de tant de haines, et les superstitions, sources de tant de crimes, elle défriche le champ où pourra germer et fleurir la semence que trop d’épines étouffent, que trop de rocailles stérilisent…. Toutefois, disons-le bien haut, ce n’est pas là qu’est son grand bienfait moral : il est dans la disposition d’esprit qu’elle prescrit à ses adeptes ; il est dans son objet même, la recherche de la vérité. Tout ce qui se dit et se fait contre elle se dit et se fait, qu’on le sache ou non, contre la recherche de la vérité. »

Le Livre, tome I, p. 218-242

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 218.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 218 [242]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 219.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 219 [243]. Source : Internet Archive.

y a un livre, et un livre à la tête de toutes les grandes civili­sations*[218.1] ».

« Vivez dans la paix sereine des laboratoires et des bibliothèques », se plaisait à répéter Pasteur (1822-1895) à ses élèves ; et l’un d’eux, Émile Duclaux (1840-1904), ajoute, sûr, dit-il, de rester fidèle à la pensée de son illustre maître : « Vous n’y trouverez pas toujours la gloire ; vous n’y trouverez jamais la fortune[218.2] ; mais vous y sentirez cette dou-

[I.242.218]
  1.  Op. cit., pp. 356-357.

     * Bulletin du bibliophile, 17e série, p. 323.


     [N.D.E. : Ap. Mouravit, Le Livre et la Petite Bibliothèque d’amateur…, p. 357, note.]  ↩

  2.  « Vous n’y trouverez pas toujours la gloire ; vous n’y trouverez jamais la fortune. » C’est le mot de Pétrone (..-66 ap. J.-C.) (Satyricon, chap. 83, p. 128 ; Paris, Garnier, 1876), mot éternellement vrai : Amor ingenii neminem unquam divitem fecit. Nous avons vu Tacite exprimer une pensée analogue : « … Les vers ne mènent point à la fortune…. » (Cf. supra, p. 37.) « Les lettres… ne mènent aujourd’hui à rien ceux qui les cultivent.…. » (Bernardin de Saint-Pierre, Études de la nature, XIV, Récapitulation, p. 539. Paris, Didot, 1868.) Sébastien Mercier (1740-1814) écrit, de son côté, dans son Tableau de Paris, « que la littérature, la poésie, les lettres et les sciences, que les créations du cerveau ne pouvaient jamais nourrir un homme. » (Ap. Balzac, Illusions perdues, Ève et David, t. II, p, 169. Paris, Librairie nouvelle, 1864.) Dans la Peau de chagrin (p. 101 ; Paris, Librairie nouvelle, 1857), Balzac a fort logiquement déduit les motifs qui empêchent les vrais savants et les vrais gens de lettres « d’arriver », et font réussir les intrigants et les charlatans : « La faute des hommes supérieurs est de dépenser leurs jeunes années à se rendre dignes de la faveur. Pendant que les pauvres gens thésaurisent et leur force et la science pour porter sans effort le poids d’une puissance qui les fuit, les intrigants, riches de mots et dépourvus d’idées, vont et viennent, surprennent les sots, et se logent dans la confiance des demi-niais ; les uns étudient, les autres marchent ; les uns sont modestes, les autres hardis ; l’homme de génie tait son orgueil ; l’intrigant arbore le sien ; il doit arriver nécessairement. Les hommes du pouvoir ont si fort besoin de croire au mérite tout fait, au talent effronté, qu’il y a chez le vrai savant de l’enfantillage à espérer les récompenses humaines…. Hélas ! l’étude est si maternellement bonne, qu’il y a peut-être crime à lui demander des récompenses autres que les pures et douces joies dont elle nourrit ses enfants. »  ↩