l’affirmait Pasteur, prétendre à sa large part dans cette direction morale elle-même. S’il n’est malheureusement pas certain qu’en montrant dans l’instinct social la vraie base de la morale, elle assure à cet instinct la prédominance sur les instincts égoïstes, il est certain qu’en rapprochant les hommes, en sapant les barrières qui les séparent encore, elle rend plus facile et montre plus prochaine la civilisation du monde entier ; en augmentant le bien-être et la sécurité, en atténuant l’âpreté de la lutte pour l’existence, elle ne contribue pas seulement au bonheur des hommes : par cela même qu’elle tend à rendre plus légère la servitude des besoins matériels, elle tend à donner plus de douceur aux cœurs, plus d’essor aux âmes, plus de dignité aux consciences. En déracinant, partout où elle s’implante, les préjugés, causes de tant de haines, et les superstitions, sources de tant de crimes, elle défriche le champ où pourra germer et fleurir la semence que trop d’épines étouffent, que trop de rocailles stérilisent…. Toutefois, disons-le bien haut, ce n’est pas là qu’est son grand bienfait moral : il est dans la disposition d’esprit qu’elle prescrit à ses adeptes ; il est dans son objet même, la recherche de la vérité. Tout ce qui se dit et se fait contre elle se dit et se fait, qu’on le sache ou non, contre la recherche de la vérité. »
Le Livre, tome II, p. 020-036
Par Albert Cim le 22 oct. 1905, 10 h 36 - I. La religion des lettres. Le grand diocèse