« depuis qu’il est Français », Sénèque, Cicéron, surtout dans ses ouvrages de philosophie morale et dans ses lettres à Atticus (bien que, ajoute-t-il, — et c’est là une des erreurs de goût de Montaigne, — « sa façon d’escrire me semble ennuyeuse[232.1] »), Diogène Laërce, César et Salluste.
Le poète Passerat (1534-1602) mettait, en tête de ses auteurs favoris, Properce, Catulle et Tibulle.
Le savant Juste Lipse (1547-1606) goûtait tellement Tacite qu’il l’avait appris par cœur en entier. On raconte qu’il fit un jour le pari de réciter de mémoire tous les endroits des ouvrages de cet historien qu’on lui désignerait, consentant à être poignardé s’il venait à se tromper ou à se trouver à quia. Il est à remarquer cependant que le célèbre philologue ne donne aucune place à Tacite dans la déclaration suivante : « Je n’admire que trois hommes, Homère, Hippocrate et Aristote. Ce sont les seuls, à mon avis, qui ont porté l’humanité au delà de ses forces et de sa sphère naturelle[232.2]. »
Comme l’amiral de Coligny, Henri IV (1553-1610) avait, dans sa jeunesse, un goût particulier pour les Éléments d’Euclide et les Vies de Plutarque[232.3].
- Montaigne, Essais, II, x ; t. II, pp. 211 et s. (Paris, Charpentier, 1862.) Ce chapitre x du livre II est entièrement consacré par Montaigne à ses ouvrages préférés. ↩
- Ap. Peignot, op. cit., t. I, p. 108. ↩
- Cf. supra, p. 126, n. 1, la lettre de Henri IV à Marie de Médicis : « … Plutarque me sourit toujours d’une fraîche nouveauté ; l’aimer, c’est m’aimer, » etc. ↩