temps ; il eut l’imprudence de le laisser sur la table de son cabinet. Le lendemain du jour de son acquisition, il trouva sa femme, entrée par hasard dans son lieu de travail, occupée à déchirer les feuillets de ce livre, pour en faire des papillotes aux boucles de ses cheveux[298.1]. »
M. René Vallery-Radot a ainsi résumé[298.2] la question « Femmes et Livres » : « … Il y a un ennemi plus dangereux encore (que le feu, l’eau, le gaz, etc.), le plus difficile à vaincre, ennemi de tous les jours, de toutes les heures, furetant partout, décidé à toutes les luttes ouvertes ou à toutes les ruses sournoises : la femme.
« En dehors de rares et très nobles exceptions, les femmes sont antibibliophiles. Un livre, à leurs yeux, n’est pas plus qu’un journal : elles le plient, elles le froissent, elles le retournent. Un coupe-
- Alkan aîné, op. cit., p. 15. Citons encore, en bas de page tout au moins, cette drolatique anecdote, contée, à peu près en ces termes, par la Revue de poche (1re année, nº 2, s. d.), sous la rubrique : Enfants terribles ! « Un Poète (en visite) : Je me suis permis, Madame, de vous envoyer mon nouveau recueil, les derniers nés de ma Muse…. — La Dame : Et je vous en remercie infiniment, Monsieur. Vos vers sont exquis, et j’en suis encore tout extasiée…. Mais où l’ai-je donc mis, ce charmant petit volume ? — Charlot (bambin de cinq ans) : Mais tu sais bien, maman ! Aussitôt reçu, lu l’as mis sous le pied de la table, pour qu’elle ne boite pas. Tu ne te souviens donc plus ! » ↩
- Dans sa préface de la réimpression de l’opuscule de Charles Nodier, le Bibliomane, pp. xi-xii. (Paris, Conquet, 1894.) ↩