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Le Livre, tome III, p. 143-157

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 143.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 143 [157]. Source : Internet Archive.

Louis Elzevier : 1540-1617) : un Arbre ou une Minerve ;

Les Estienne : un Olivier (la mère d’Henri Ier Estienne [1470-1520], chef de cette illustre famille d’imprimeurs, se nommait Laure de Montolivet) ;

Galliot du Pré (1512) : une Galiote ou Galère, surmontée de ces mots : « Vogue la gallée[143.1] » ;

Ulrich Gering (1510) : un Soleil ;

Les Gryphe, de Lyon (le plus célèbre et le plus ancien est Sébastien Gryphe, né en Souabe : 1493-1556) : un Griffon placé sur un cube, lié par une chaîne à un globe ailé ;

Olivier Harsy ou de Harsy (1556) : une Herse ;

Thielman Kerver (1520) : deux Licornes ;

Jean de la Caille (1641) : trois Cailles[143.2] ;

Guillaume Le Bé (1539) : la lettre B ;

Michel et Philippe Le Noir (1489) : trois Nègres ou Négresses, à la tête très noire ;

Guy ou Guyot Marchant (1483) : une Portée de plain-chant et deux Mains entrelacées, avec cette

[III.157.143]
  1.  Remarquer que le mot galée, anciennement synonyme de galère, désigne, en langage typographique, la planchette à rebord sur laquelle le compositeur place les lignes qu’il a composées dans le composteur.  ↩
  2.  Un autre Jean de la Caille (1664-1720), sans doute le fils de celui-ci, fut aussi imprimeur et publia une Histoire de l’imprimerie et de la librairie (Paris, 1689, in-4), ouvrage de médiocre valeur. « La Caille est le moins exact et le moins instruit des historiens de l’imprimerie. » (Fournier le Jeune, ap. Michaud, op. cit., art. Caille (Jean de la). Cf. aussi Ambroise Firmin-Didot, op. cit., col. 825 et 829.  ↩

Le Livre, tome III, p. 077-091

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 77.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 77 [091]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 78.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 78 [092]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 79.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 79 [093]. Source : Internet Archive.

Pour parer à ce danger si universellement reconnu, à l’anéantissement plus ou moins rapide de la plupart des impressions (livres et périodiques) d’aujourd’hui, M. Gaston Menier, député de Seine-et-Marne, a récemment saisi la Chambre d’une proposition tendant à modifier la loi sur la presse, et stipulant que « les exemplaires des imprimés destinés aux collections nationales ou au dépôt légal devront être tirés sur un papier spécial, dont les conditions de fabrication auront été indiquées par le ministère de l’Intérieur, et portant une vignette d’authenticité[077.1] ».

[III.091.077]
  1.  Le journal le Temps, dans la Revue biblio-iconographique, juin 1903, p. 313. Au dire de J.-L.-A. Bailly (Notices historiques sur les bibliothèques anciennes et modernes, p. 63), le roi « Henri II, en 1556, d’après les insinuations de Raoul Spifame, rendit une ordonnance… enjoignant aux libraires [éditeurs et imprimeurs] de fournir aux bibliothèques royales un exemplaire, en vélin et relié, de tous les livres qu’ils imprimeraient par privilège ». Cette ordonnance fait partie du recueil des arrêtés, des dicæarchiæ, publié, en 1556, non par le véritable roi Henri II, mais par son ménechme ou sosie, ce si curieux et parfois si judicieux halluciné, qui avait nom Raoul Spifame. — Raoul Spifame, seigneur des Granges (….-1553), avocat au Parlement, ressemblait tellement à Henri II que ses confrères du barreau avaient coutume de l’appeler « Sire » et « Votre Majesté ». A force de s’entendre ainsi désigner, Spifame prit au sérieux cette royauté imaginaire et se permit d’adresser au premier président une remontrance qui valut au prétendu monarque sa destitution d’avocat. Cette monomanie des grandeurs devint telle que la famille de Spifame le fit interdire, puis enfermer à Bicêtre, d’où il s’échappa. Henri II, touché de cette inoffensive démence, et prenant en pitié son sosie : — « Qu’il ne déshonore pas pareille ressemblance, celui qui a l’honneur d’être fait à notre image ! » disait-il, — Henri II envoya Spifame dans un de ses châteaux, où il le fit garder par des serviteurs qui reçurent l’ordre de le traiter en véritable souverain et de lui donner les noms de Sire et de Majesté. Il put ainsi régenter et décréter tout à son aise et en toute sûreté. Le recueil des arrêts de ce roi postiche, contenant environ 300 pièces, a été imprimé sous le titre de Dicæarchiæ Henrici regis Christianissimi progymnasmata (1556, in-8), et divers historiens et jurisconsultes, des plus érudits même, comme Pierre-Jacques Brillon, comme Sainte-Marthe, l’ont, — par une singulière et bien drolatique confusion, — attribué au véritable Henri II. Parmi les idées de ce très remarquable fou, il en est de fort sages et de tout à fait pratiques, qui ont, après lui, fait victorieusement leur chemin dans le monde. Ainsi Spifame suppose, dans son livre, « que le parlement ordonne la fixation du commencement de l’année au 1er janvier ; le dépôt de tout ouvrage nouveau à la Bibliothèque du roi ; l’éclairage de Paris ; la suppression des justices seigneuriales ; la réunion des biens de l’Église au domaine ; la réduction du nombre des fêtes ; l’établissement de chambres du commerce ; des commissaires de police dans chaque quartier ; les abattoirs hors des villes ; l’unité des poids et mesures ; la conversion des cloches superflues en canons et en monnaie ; etc. » (Henri Martin, Histoire de France, t. IX, page 8, note 1.) Cf. aussi Michaud, Biographie universelle ; Larousse, op. cit. ; etc. Gérard de Nerval, dans ses Illuminés (pp. 1-20 ; Paris, Michel Lévy, 1868), a consacré tout un chapitre à Raoul Spifame, sous le titre « le Roi de Bicêtre ».  ↩

Le Livre, tome II, p. 332-348

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 332.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 332 [348]. Source : Internet Archive.

« Entre amis tout est commun » : telle était la devise du bibliophile Charles-Jérôme du Fay (1662-1723)[332.1].

Le médecin Camille Falconet (1671-1762) était, comme nous l’avons vu[332.2], possesseur d’une belle bibliothèque, composée d’environ 45 000 volumes, qui « était autant à ses amis qu’à lui ; et plusieurs fois il lui est arrivé de racheter d’autres exemplaires de livres qu’il avait prêtés, jugeant que, puisqu’on ne les lui rendait pas, on les avait perdus, ou qu’on en avait encore besoin[332.3] ».

Le conteur et philosophe Thomas-Simon Gueulette

[II.348.332]
  1.  Fertiault, op. cit., p. 353. Du Fay ou Dufay (Charles-Jérôme de Cisternay) « était lieutenant aux gardes, lorsque, au siège de Bruxelles, en 1695, il eut, à la tête de sa compagnie, la cuisse gauche emportée d’un boulet. Il n’en quitta pourtant pas le service, et il eut le grade de capitaine en 1705 ; mais il fut enfin obligé d’y renoncer, par les infirmités qui lui survinrent, et l’impossibilité où il était de monter à cheval. « Heureusement, dit Fontenelle, il aimait les lettres, et elles furent sa ressource. » Il se forma une très belle bibliothèque : économe sur tous les autres objets de sa dépense, il ne ménageait rien pour se procurer les livres qui lui manquaient ou dont il avait envie. Difficile dans le choix de ses amis, il mettait tous ses soins à conserver ceux qu’il s’était faits en petit nombre, et leur prêtait ses livres même les plus précieux, disant qu’entre amis tout doit être commun. » (Michaud, op. cit. ↩
  2.  Supra, chap. xii, p. 279, n. 3.  ↩
  3.  Michaud, op. cit.  ↩

Le Livre, tome II, p. 296-312

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 296.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 296 [312]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 297.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 297 [313]. Source : Internet Archive.

plus présentable aux yeux d’un véritable bibliophile[296.1]. »

La mode des papillotes est, je crois, un peu passée ; mais, alors qu’elle florissait, les livres en voyaient de belles et en essuyaient de cruelles avec ces dames !

« Nous avons en main un bel ouvrage où l’on avait coupé de quoi se faire des papillotes, écrit Alkan aîné[296.2]. Les femmes surtout sont les bourreaux des livres. (Il y a bien quelques exceptions.) »

Oui, certes, il y en a, et de plus en plus[296.3] ; mais continuons notre citation :

[II.312.296]
  1.  Le Magasin pittoresque, 1875, p. 262, les Ennemis des livres.  ↩
  2.  Les livres et leurs ennemis, p. 15.  ↩
  3.  Il n’y a, en effet, rien d’absolu ici-bas, et il convient de rappeler, comme correctif et exemples de femmes bibliophiles, les noms d’Isabeau de Bavière, d’Anne de Bretagne, de Catherine de Médicis, de la marquise de Pompadour, de la comtesse de Verrue (la dame de Volupté), de la vicomtesse de Noailles, des duchesses de Raguse et de Mouchy, de Mlle Dosne, de Mlle Marie Pellechet surtout, à qui ses importants travaux sur les incunables ont valu le titre (qu’aucune femme avant elle n’avait porté) de bibliothécaire honoraire à la Bibliothèque nationale ; etc. (Cf. Mouravit, op. cit., pp. 43-45 et 378 ; Mémorial de la librairie française, 4 juillet 1901, p. 395 ; et surtout Ernest Quentin-Bauchart, les Femmes bibliophiles de France ; Paris, Morgand, 1886 ; 2 vol. in-8.) Le baron Ernouf a même revendiqué, il y a quelque quarante ans, pour une vierge et martyre du xe siècle, le glorieux titre de « patronne des bibliophiles ». Il a placé tous les amis des livres sous la protection de sainte Wiborade (Weibrath, femme sage et de bon conseil), qui, issue d’une riche et puissante famille de la Souabe, se retira dans une cellule voisine du monastère de Saint-Gall, et s’occupa à broder et orner les étoffes destinées à couvrir les nombreux et somptueux manuscrits que possédait ce monastère. Une horde de barbares et de païens, des Hongrois, ayant envahi le pays, la noble recluse courut chez les moines en poussant ce cri, qui remplissait d’enthousiasme le baron biographe, et mérite encore la reconnaissance de tous les bibliophiles : « Sauvez d’abord les livres ! Cachez-les ! Vous vous occuperez ensuite de mettre à l’abri les vases sacrés ! » Est-ce cette préférence qui lui valut un si prompt châtiment, — ou une si soudaine récompense céleste ? Tant il y a que, les barbares partis, Wiborade fut trouvée morte dans sa cellule, la tête fracassée par trois coups de hache, et baignant dans son sang. (Cf. Bulletin du bibliophile, 14e série, 1860, pp. 1429-1446, article du baron Ernouf, intitulé : Une Martyre bibliophile.) On pourrait ajouter encore ici le nom d’une célèbre abbesse du xiie siècle, Herrade de Landsperg ou Landsberg (….-1195), qui composa et calligraphia de sa propre main l’Hortus deliciarum, sorte d’encyclopédie abrégée des connaissances humaines au point de vue religieux, admirable manuscrit de 648 feuillets, orné d’un grand nombre de dessins et de figures coloriées, qui se trouvait dans la bibliothèque de Strasbourg et a péri, en 1870, durant l’incendie allumé par les obus prussiens. (Cf. P. Louisy, le Livre et les Arts qui s’y rattachent, p. 56 ; Michaud, op. cit. ; Larousse, op. cit. ↩

Le Livre, tome II, p. 272-288

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 272.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 272 [288]. Source : Internet Archive.

considérable, où, à côté des œuvres des trouvères, figuraient de nombreux livres de recherches philosophiques et de magie. Le marquis de Villena, partageant les idées ou rêveries de son temps, s’occupait, en effet, de sciences occultes et de sorcellerie. A sa mort, le roi de Castille, Jean II, fit saisir sa bibliothèque, deux pleins chariots de livres, qu’il expédia à un dominicain, son confesseur, frère Lope de Barrientos, avec ordre de l’examiner. Celui-ci, fort ignorant, aima mieux brûler que de lire. « Mais, ajoute un contemporain, il est resté dans les mains de frère Lope beaucoup d’autres ouvrages précieux, qui ne seront ni brûlés ni rendus[272.1]. »

Les missionnaires qui se répandirent dans le Nouveau Monde au lendemain de sa découverte (1492) y provoquèrent de nombreuses destructions de monuments littéraires et historiques, d’autant plus fâcheuses que ces documents étaient les seuls pouvant nous renseigner sur la langue et l’histoire des anciens peuples de ces contrées.

« Comme la mémoire des événements passés était conservée, parmi les Mexicains, au moyen de figures peintes sur des peaux, sur des toiles de coton et sur des écorces d’arbres, les premiers missionnaires, incapables de comprendre la signification de ces figures et frappés de leurs formes bizarres, les regar-

[II.288.272]
  1.  Cf. Michaud, op. cit. ; Larousse, op. cit. ; etc.  ↩

Le Livre, tome II, p. 254-270

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 254.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 254 [270]. Source : Internet Archive.

« Le désir de conserver à la France une partie de ses richesses littéraires lui avait fait, dès les premières années de la Révolution, former une bibliothèque qui s’accrut successivement, au point d’être, après celle du roi, la plus nombreuse de Paris, a écrit un de ses bio­graphes[254.1]. Si, comme on la dit, le goût d’acheter des livres était devenu, dans Boulard, une sorte de manie, on conviendra du moins qu’il n’en est pas de plus respectable. Mais on a rencontré plus juste en attribuant les acquisitions qu’il faisait chaque jour sur les quais, dans les dernières années de sa vie, au désir qu’avait cet excellent homme d’aider, par des encouragements pécuniaires, la

[II.270.254]
  1.  Michaud, op. cit., art. Boulard.  ↩

Le Livre, tome II, p. 241-257

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 241.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 241 [257]. Source : Internet Archive.

donné d’envoyer celle bibliothèque à Saint-Pétersbourg. Les livres furent jetés sans précaution dans de mauvaises charrettes, et, quand il en tombait, les Cosaques chargés d’accompagner ce précieux convoi s’en servaient pour allumer leurs pipes.

On a dit de Zaluski ce qu’on avait dit de Magliabecchi, qu’il était « une bibliothèque vivante ».

Arrêté en 1767 par ordre du prince Repnin, ambassadeur russe à Varsovie, qui fomentait la discorde dans la nation polonaise, afin de la subjuguer plus aisément, l’évêque Zaluski fut conduit à Zaluga, où il resta prisonnier jusqu’en 1773. « Par bonheur, sa bibliothèque lui était présente, quoiqu’il l’eût laissée à Varsovie, et, pour charmer l’ennui de son cachot, il feuilletait de mémoire les livres qu’il avait ramassés au prix de tant de privations[241.1]. »

A son retour en Pologne, il eut la douleur de trouver cette bibliothèque, l’œuvre de toute sa vie, et dont il avait si libéralement doté son pays, tout en désordre et mise au pillage. Heureusement encore qu’il mourut avant de la voir enlevée par les Russes, comme nous l’avons dit, et transportée à Saint-Pétersbourg.

 

Lauwers (….-1829), « l’héroïque Lauwers », comme l’appelle M. Gustave Mouravit[241.2], a bien droit aussi à

[II.257.241]
  1.  Michaud, op. cit.  ↩
  2.  Op. cit., pp. 135-136.  ↩

Le Livre, tome II, p. 240-256

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 240.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 240 [256]. Source : Internet Archive.

Un autre des plus beaux exemples qu’on puisse citer de dévouement aux livres, et aussi de souffrance pour les livres, c’est celui du prélat polonais Joseph-André Zaluski (1701-1774), évêque de Kiew (en russe Kiev ou Kief), dont toute la fortune, tout le temps et toutes les forces furent consacrés à rassembler une bibliothèque qui finit par compter 200 000 volu­mes[240.1]. Jamais, en Europe, un simple particulier n’avait jusqu’alors formé à ses frais une collection aussi considérable. Mais à quel prix ! « Joseph-André était si zélé pour l’agrandissement de sa bibliothèque, dit l’historien Félix Bent­kowski[240.2], qu’afin de pouvoir en soutenir les frais et l’enrichir, il prenait sur son nécessaire ; n’ayant fait à midi qu’un repas frugal, il ne mangeait pour son souper qu’un morceau de pain avec du fromage. »

La bibliothèque de Zaluski, qu’il avait généreusement offerte à ses concitoyens, fut ouverte au public en 1745, et devint la « Bibliothèque nationale polonaise » ; mais les Polonais n’en profilèrent que jusqu’en 1795. A cette époque, les Russes s’étant emparés de la capitale de la Pologne, l’ordre fut

[II.256.240]
  1.  300 000, dit Larousse, op. cit. Près de 300 000, dit le Dr Hœfer, op. cit. Le chiffre de 200 000 est donné par Michaud, op. cit., t. XLV, p. 351 (2e édit.).  ↩
  2.  Ap. Michaud, op. cit.  ↩

Le Livre, tome II, p. 239-255

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 239.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 239 [255]. Source : Internet Archive.

plus affectueux égards. Il lui avait fait préparer dans son palais même un appartement commode, afin de le mettre plus à portée de recevoir les soins qu’exigeait son grand âge ; mais Magliabecchi ne l’occupa que quelques mois, et trouva un prétexte pour retourner dans sa maison, où il était plus libre. Il renvoyait le soir son domestique, et passait une partie de la nuit à lire, jusqu’à ce que le livre lui tombât des mains, ou qu’il tombât lui-même accablé de sommeil. Il lui arriva plus d’une fois de mettre le feu à ses vêtements ou à ses meubles et ses papiers, en renversant ainsi le réchaud de charbon, le couvet, qu’il portait toujours avec lui pendant l’hiver ; et, sans un prompt secours, sa maison eût été incendiée.

Au mois de janvier 1714, ce savant, sortant de chez lui, fut saisi d’un tremblement violent et d’une faiblesse qui l’obligèrent à rentrer ; dès ce moment, il ne fit plus que languir, et il mourut le 2 juin de la même année, à l’âge de quatre-vingt-un ans.

Par son testament, Antoine Magliabecchi légua à sa ville natale sa bibliothèque, composée de 30 000 volumes, avec une rente pour l’entretenir : cette collection, qui s’est beaucoup accrue depuis, est aujourd’hui la plus considérable de Florence, et elle porte encore le nom de « Bibliothèque Maglia­becchiana »[239.1].

[II.255.239]
  1.  Cf. Michaud, op. cit.  ↩

Le Livre, tome II, p. 236-252

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 236.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 236 [252]. Source : Internet Archive.

billé sur sa chaise ou sur les papiers et brochures dont son lit était toujours couvert ; il ne sortait de son cabinet que pour se rendre à la bibliothèque, dans les moments où elle était ouverte ; et il venait aussitôt après se renfermer au milieu de ses livres[236.1]. »

Un professeur hollandais, Heyman, de passage à Florence, alla faire visite à Magliabecchi, et il nous a laissé une relation détaillée de cette entrevue, ainsi que des renseignements circonstanciés sur ce bibliographe, « un des plus passionnés, et dont l’existence fut une des plus singulières que l’on connaisse[236.2] ».

« Heyman le trouva au milieu d’un nombre prodigieux de livres ; deux ou trois salles du premier étage en étaient remplies. Non seulement il les avait placés dans des rayons, mais il en avait encore disposé par piles, au milieu de chaque pièce, de sorte qu’il était presque impossible de s’y asseoir, et encore moins de s’y promener. Il y régnait cependant un couloir fort étroit, par lequel on pouvait, en marchant de côté, passer d’une chambre à une autre. Ce n’est pas tout : le corridor du rez-de-chaussée était chargé de livres, et les murs de l’escalier en étaient

[II.252.236]
  1.  Michaud, op. cit.  ↩
  2.  Ces expressions et les citations suivantes sont de Ludovic Lalanne (Curiosités bibliographiques, pp. 52-53), qui reproduit le récit du professeur Heyman, d’après Disraeli (Curiosities of literature). Sur Magliabecchi et le professeur Heyman, voir aussi Fertiault, Drames et Cancans du livre, le Souper du savant, pp. 111-138.  ↩

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