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Le Livre, tome III, p. 157-171

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 157.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 157 [171]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 158.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 158 [172]. Source : Internet Archive.

A propos de l’impression, nous adresserons encore une fois aux lecteurs la recommandation que nous leur avons faite en parlant des papiers : « Ménagez vos yeux ! »

Donc, à part les dictionnaires et ouvrages de référence, à part les sommaires, les notes, index, tableaux, etc., où l’on est bien obligé de réduire et serrer le texte, pas de livres imprimés en caractères trop fins, et, pour préciser, en caractères inférieurs au « corps huit »[157.1]. On sait que les caractères d’imprimerie, — qui sont composés de plomb et d’antimoine ou régule (environ 4 de plomb pour 1 d’antimoine), — se mesurent et se classent par points, quel que soit d’ailleurs leur genre, qu’ils appartiennent au romain, à l’elzevier ou à l’italique : nous verrons dans un instant ce que signifient ces noms. Le point[157.2], unité typographique, n’a pas

[III.171.157]
  1.  Tel est le chiffre donné approximativement par M. Émile Javal, dans sa Physiologie de la lecture et de l’écriture, p. 121 : « … Ceci nous amène à faire choix de caractères d’environ huit points…. » Le célèbre oculiste allemand Hermann Cohn, professeur à l’Université de Breslau, va bien plus loin, et, dans son livre Comment doivent être les caractères de labeur et de journaux, conseille « de ne pas employer de corps au-dessous du dix ». Il ajoute qu’on doit, d’une façon générale, interligner très fortement. (Cf. le Courrier du livre, 1er août 1903, p. 459.)  ↩
  2.  L’invention du point typographique est due à Pierre-Simon Fournier, alias Fournier le Jeune [1712-1768] ; elle remonte à 1737 environ ; mais la mesure initiale dont s’était servi cet imprimeur et graveur était conventionnelle, partant sujette à discussions et à erreurs (cf. Émile Leclerc, op. cit., pp. 40 et 42). Le « point Fournier » fut modifié en 1753 par François-Ambroise Didot, qui prit pour base la mesure légale d’alors le pied de roi [0m,324, d’après Littré], dont il divisa la ligne [0m,0022558, d’après Littré] en six parties égales, en six points [0m,0022558 : 6 = 0,00037597, soit 0mm,376 ou 0mm,38]. Un caractère d’imprimerie ayant exactement pour longueur ces six points se nomme le six ; s’il a un point de plus, c’est-à-dire sept points, le sept ; huit points, le huit ; etc. (Cf. Ambroise Firmin-Didot, op. cit., col. 846.) — C’est Fournier le Jeune qui a dit que « la théorie d’un art si utile (l’imprimerie) ne devrait être ignorée d’aucun de ceux à qui l’usage des livres est familier », et qu’ « il serait à souhaiter que tout homme de lettres fût en état de juger sainement de la mécanique de ses productions ». (Manuel typographique, t. I, p. ix.) Voir aussi le Courrier du livre, 15 avril 1906, p. 245.  ↩

Le Livre, tome III, p. 141-155

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 141.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 141 [155]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 142.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 142 [156]. Source : Internet Archive.

imprimeurs d’aujourd’hui ont des marques analogues, monogrammes ou vignettes, qu’ils placent au-dessus de leur firme[141.1], c’est-à-dire du nom et de l’adresse de leur maison[141.2].

Voici quelques-unes de ces anciennes marques, dont, le plus souvent et pour abréger, j’ai supprimé la devise, presque toujours « héroïque » ou à équivoque :

Les Alde (Alde Manuce : 1449-1515) avaient pour marque une Ancre, autour de laquelle était enroulé un dauphin ;

Arnould et Charles Angelier (1542)[141.3] : deux Anges liés ;

[III.155.141]
  1.  De l’anglais firm : du bas-latin firma, convention, maison de commerce, raison sociale. Daupeley-Gouverneur, (le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 180) écrit à tort « le firme » : ce mot est du féminin : cf. Littré, op. cit., Supplément.  ↩
  2.  « Il y a vingt-cinq ans, j’étais fondeur en caractères, et je préparais un spécimen pour l’Exposition. Je cherchais à imiter nos anciens et à trouver une devise qui pût bien faire en tête de mon spécimen. Le hasard me fit rencontrer, dans un vieux livre espagnol, la devise que je cherchais : c’étaient les vingt-cinq lettres de l’alphabet rangées en cercle, avec cette inscription : Vis bene conjunctis. « leur force est dans leur bon assemblage ». C’était une devise de fondeur et d’imprimeur, une devise qui me semble d’une profonde vérité. Faites un bon assemblage de lettres, il en sortira un livre qui élèvera les âmes et servira l’humanité. » (Édouard Laboulaye, la Science du bonhomme Richard, la Jeunesse de Franklin, p. 42 ; Paris, Henry Bellaire, 1872.)  ↩
  3.  La plupart des dates, mises ainsi entre parenthèses dans cette liste, désignent des millésimes de publications faites par ces imprimeurs-éditeurs, et indiquent, par conséquent, à quelle époque ils vivaient ; presque toutes sont empruntées à l’ouvrage d’Ambroise Firmin-Didot, Essai sur la typographie, passim.  ↩

Le Livre, tome III, p. 137-151

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 137.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 137 [151]. Source : Internet Archive.

présent ; lẽq̃l pour lequel ; Dñs pour Dominus ; etc.[137.1]. Ces modes d’abréviation provenaient des manuscrits, où ils étaient en nombre bien plus considérable encore. Une partie des syllabes, parfois toutes les lettres d’un mot, sauf la première, étaient supprimées. Ainsi, dans un manuscrit connu sous le nom de Virgile d’Asper, qu’on date du xie siècle, et actuellement à la Bibliothèque nationale, le texte est écrit de telle sorte qu’il faut, pour le lire, le connaître par cœur. Le premier vers des Bucoliques y est représenté sous cette forme :

Tityre, t. p. r. s. t. f.

pour :

Tityre, tu patulæ recubans sub tegmine fagi.

Ces abréviations, où une ou deux lettres initiales servent à exprimer un mot entier, portent le nom de sigles[137.2]. Les sigles étaient très fréquemment usités non seulement dans les manuscrits, mais dans les inscriptions lapidaires, sur les médailles, etc. Quant aux notes tironiennes, ce sont aussi de simples lettres, initiales ou médianes, employées pour figurer des mots entiers et abréger l’écriture. Ce nom vient de Tullius Tiro, affranchi de Cicéron, qui perfectionna ce système de sténographie[137.3].

[III.151.137]
  1.  Cf. L.-A. Chassant, Dictionnaire des abréviations latines et françaises…. (Paris, Aubry, 1866.)  ↩
  2.  De siglæ, contracté de singulæ : — singulæ litteræ : cf. Littré, op. cit., art. Sigle.  ↩
  3.  Cf. Ludovic Lalanne, op. cit., pp. 46 et s.  ↩

Le Livre, tome III, p. 136-150

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 136.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 136 [150]. Source : Internet Archive.

c’est par ce mot Explicit… ou Cy finist… que ce dernier paragraphe commençait d’ordinaire), opposé à suscription et à incipit. La souscription porte aussi les noms d’adresse et de colophon (κολοφών, achèvement). M. Henri Bouchot[136.1] et, après lui, M. Édouard Rouveyre[136.2] emploient aussi dans ce sens le mot signature, qui, en bibliographie, désigne spécialement les lettres ou chiffres placés en pied de la première page de chaque feuille, et peut, par conséquent, prêter ainsi à confusion.

6º La quantité d’abréviations : un ƶ pour la conjonction et ; — une sorte de 3 ou de 9 pour la particule latine cum ou la particule française con, et pour la finale de certains mots : te ou te = tecum ; neq = neque ; quib = quibus ; no = nous ; vo = vous ; etc. ; — le q avec la partie inférieure traversée par un trait en forme de croix pour signifier quam ou quod ; — le signe  correspondant au latin rum : nostro = nostrorum ; angelo = angelorum ; quo = quorum ; ea = earum ; ut = utrumque ; etc. ; — la fréquente suppression de certaines lettres remplacées par un petit trait horizontal, appelé titre[136.3], placé au-dessus du mot ainsi abrégé : nr̃e pour notre ; bõs pour bons ; presẽt ou même pr̃s̃t pour

[III.150.136]
  1.  Le Livre, l’Illustration, la Reliure, pp. 33, 36, 56 et 103.  ↩
  2.  Connaissances nécessaires à un bibliophile, 5e édit., t. II, p. 204.  ↩
  3.  En latin titulus ; en espagnol tilde (ñ, n tilde) : cf. Littré, op. cit., art. 2. Titre.  ↩

Le Livre, tome III, p. 135-149

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 135.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 135 [149]. Source : Internet Archive.

3º L’absence de signatures, de réclames[135.1], de pagination, et, dans les plus anciens incunables, de registre, c’est-à-dire de la table indicatrice des cahiers composant l’ouvrage : ces cahiers étaient indiqués par les premiers mots de leur première page[135.2].

4º L’absence de titre séparé ou frontispice[135.3] : le titre, ou plutôt le sujet du livre, se trouvait énoncé au début du texte, dans ce qu’on nomme la suscription ou l’incipit ; c’est par ce dernier mot, ou par son équivalent : Cy commence… que commençait le plus souvent le texte. « C’est vers 1476 ou 1478 qu’on a commencé à imprimer les titres de livres sur un feuillet séparé, et les titres des chapitres se voient déjà dans les Épitres de Cicéron, de 1470[135.4]. »

5º L’absence du nom de l’imprimeur, du lieu et de la date de l’impression : ces indications ne tardèrent pas à figurer à la dernière page des volumes, dans un paragraphe final appelé souscription ou explicit (qui signifie finit, se termine, est déroulé ; sous-entendu le mot volume, et par allusion aux anciens manuscrits, qui avaient la forme de rou­leaux[135.5] :

[III.149.135]
  1.  Sur la signification de ces mots, voir supra, p. 96.  ↩
  2.  Cf. ce qui est dit ci-dessus (p. 97, n. 2), à propos de l’imposition au début de l’imprimerie.  ↩
  3.  « Frontispice : titre orné de figures gravées ou imprimées. » (Littré, op. cit.) Voir infra, p. 214, n. 2.  ↩
  4.  Gabriel Peignot, Variétés, Notices et Raretés bibliographiques, p. 72, n. 1.  ↩
  5.  Cf. notre tome I, page 57.  ↩

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