fâchée de perdre son temps à lire, » nous avoue Danielo[303.1], le secrétaire de Chateaubriand. Et, parlant de son patron, il dit encore : « Je ne crois pas même qu’il ait jamais eu une édition bien complète de ses œuvres. Quand il avait besoin d’un livre ou d’une recherche, j’étais là pour aller aux bibliothèques publiques. »
Tout comme Shakespeare, qui ne devait pas être grand liseur, puisque « son ignorance faisait pitié à Ben Johnson[303.2] », « Victor Hugo (1802-1885) lisait très peu, et c’est en fouillant dans son imagination, aidée de Sauval et de l’historien Pierre Matthieu, qu’il a édifié sa Notre-Dame[303.3] ». La bibliothèque de Victor Hugo était « très peu nombreuse (si tant est qu’il eût une bibliothèque) », dit encore Sainte-Beuve[303.4]. Jules Simon est plus précis et plus formel : « Victor Hugo n’avait pas un seul livre chez lui, écrit-il[303.5] ; j’en ai vingt-cinq mille chez moi. On peut se passer de livres quand on est Victor Hugo. Quand on n’est que moi, on n’en a jamais assez. »
De même pour Lamartine (1790-1869) : « Lamartine n’avait jamais eu de goût pour la lecture. « Je n’ai
- Ap. Fertiault, les Amoureux du livre, p. 198. ↩
- Gustave Planche, Portraits littéraires, t. II, p. 349. (Paris, Werdet, 1836.) ↩
- Sainte-Beuve, Nouvelle Correspondance, p. 280, lettre du 15 juin 1868. ↩
- Nouveaux Lundis, t. IV, p. 454, Appendice. ↩
- Ap. Georges Brunel, le Livre à travers les âges, p. 3. ↩