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Ce qu’Ésope disait de la langue, « la meilleure et la pire chose qui soit au monde[211.1] », s’applique on ne peut mieux à la presse, comme, d’ailleurs, à l’imprimerie en général et à tout instrument de manifestation de la parole[211.2]. Aussi, après avoir signalé les dangers et les tares du journalisme, convient-il d’en énumérer les avantages, d’en montrer l’utilité et la souveraine nécessité ; en d’autres termes, de faire voir, après le revers, le beau côté de la médaille.
« La presse est libre, le genre humain est sauvé ! » s’écriait l’abbé Maury (1746-1817)[211.3], lors de la première Révolution.
Et Robespierre (1758-1794)[211.4] : « La presse libre est
- Cf. La Fontaine, Vie d’Ésope : Œuvres, t. I, pp. 37-38. (Paris, Hachette, 1883 ; Collection des Grands Écrivains.) ↩
- Nulle part cette antinomie n’apparait mieux que dans deux ordonnances royales relatives à l’imprimerie, l’une de Louis XII, en 1513, l’autre de Louis XIII, en 1629. Louis XII déclare qu’il faut encourager le plus possible « l’art et science d’impression… au moyen de quoy tant de bonnes et salutaires doctrines ont été manifestées, communiquées et publiées à tout chacun, » etc. ; Louis XIII, au contraire, qu’il faut entraver le plus possible « la facilité et liberté des impressions… d’où nous voyons naître tous les jours… corruption de mœurs et introduction des mauvaises et pernicieuses doctrines ». (Cf. Crapelet, Études pratiques et littéraires sur la typographie, t. I, pp. 28-29 et 136.) ↩
- Cité par Gabriel Guillemot, journal le Rappel, 3 mai 1875. ↩
- Cité par Gabriel Guillemot, ibid. On trouve, dans cet article de l’érudit et spirituel Gabriel Guillemot (1833-1885), nombre d’autres citations se rapportant à notre sujet, à l’importance et à la liberté de la presse, entre autres, cette sentence de Socrate : « L’univers pourrait aussi facilement se passer du soleil que les institutions libérales de la liberté de la parole ». ↩