on ne peut mieux. Avant même d’être passée, à peu près tout entière, entre les mains des financiers et brasseurs d’affaires, elle avait encouru bien des reproches.
La Bruyère traite les journalistes, « les nouvellistes », avec le plus profond dédain[199.1].
« J’ai su qu’il n’y a rien à apprendre dans les journaux, écrit d’Alembert[199.2], sinon que le journaliste est l’ami ou l’ennemi de celui dont il parle, et cela ne m’a pas paru fort intéressant à savoir. »
« La presse, il le faut avouer, est devenue un des fléaux de la société, et un brigandage intolérable, » déclare Voltaire[199.3].
« S’ils (les journaux) m’accusaient d’avoir assassiné mon père, disait un jour Chateaubriand (1768-1848)[199.4], je n’essayerais pas de le nier aujourd’hui, parce que demain ils me démontreraient, de quelque façon, que je me suis défait de ma mère aussi, et, sur ma seconde protestation, ils feraient entrevoir, en outre, que j’ai bien un peu guillotiné M. de Malesherbes….
- « Le devoir du nouvelliste est de dire : Il y a tel livre qui court et qui est imprimé chez Cramoisy en tel caractère, » etc. (La Bruyère, les Caractères, Des ouvrages de l’esprit, édit. Hémardinquer ; p. 20. Paris, Dezobry, 1849.) ↩
- Cité par Hémardinquer, dans son édition de La Bruyère, p. 20. ↩
- Lettre à un membre de l’Académie de Berlin, 15 avril 1752 : Œuvres complètes, t. VII, p. 763. (Paris, édit. du journal le Siècle, 1869.) ↩
- Ap. Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. II, pp. 422-423). ↩