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Le Livre, tome I, p. 224-248

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 224.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 224 [248]. Source : Internet Archive.

la sueur de mon front, et je les aime tant ! Il me semble que, par un si long et si doux commerce, ils sont devenus comme une portion de mon âme ! Mais quoi ! Rien n’est stable en ce monde, et c’est notre faute si nous n’avons pas appris de nos livres eux-mêmes à mettre au-dessus de tous les biens qui passent, et que le temps va nous emporter, le bien qui ne passe pas, l’immortelle beauté, la source infinie de toute science et de toute sagesse[224.1]. »

[I.248.224]
  1.  Cf. le mot du sage Valincour, cité plus haut (pp. 157-158) : « Je n’aurais guère profité de mes livres, si je n’avais appris d’eux à m’en passer ». Avec sa modestie coutumière et sa ferveur, Silvestre de Sacy disait encore (ap. Albert Collignon, la Vie littéraire, p. 13) : « Je ne suis ni un grand critique ni un grand érudit, mais j’aime les Lettres, je les aime avec passion. Je ne pourrai jamais dire tout ce que ce goût des livres et des Lettres a répandu de charme sur ma vie ; combien de fois une heure, une seule heure de lecture m’a ranimé et rendu à moi-même ! » Glissons encore, dans cette fin de note, un court adieu à ses chers livres d’un autre bibliophile contemporain, du marquis Isidore de Gaillon (ap. Fertiault, les Amoureux du livre, p. 215) : « … Hélas ! quelque noble, quelque digne d’estime que soit l’amour des livres, cet amour a le sort de toutes les choses humaines, et est compris dans les vanités que Salomon a vues sous le soleil. Ces trésors que nous amassons avec un soin si curieux et si amoureux, ces livres que nous épousons, il faudra les quitter. Linquenda tellus et domus et uxor, comme dit Horace : uxor, c’est-à-dire notre bibliothèque…. »  ↩