ouvrages-là sont dans les mains de tout le monde. Le reste n’est bon qu’à être dévoré par les vers ou mis en cendres. — Et vous êtes bibliothécaire ! repris-je en lui tournant le dos. »
C’est en 1852 ou 1853, à la Bibliothèque de l’Arsenal, que la scène s’est passée. Bien entendu, parmi ces cinquante ou soixante ouvrages sauvés du désastre, ceux du barde en question devaient se trouver, ou plutôt il ne devait plus rester sur terre que ceux-là, que le recueil de ses chants patriotiques et bibliques, fort émouvants d’ailleurs, vibrants, fulgurants et superbes[311.1].
- Dibdin raconte, dans son Voyage bibliographique… en France (t. IV, p. 28), que « Barrère [le conventionnel] proposa à Mercier [de Saint-Léger] comme une pensée lumineuse, d’extraire un abrégé du contenu de chaque livre de la Bibliothèque nationale ; de faire imprimer avec magnificence ces extraits par Didot, et ensuite de brûler tous les livres d’où ils auraient été pris. Cet idiot révolutionnaire ne pensa seulement pas qu’il pourrait exister mille exemplaires du même ouvrage, et que plusieurs centaines de ces exemplaires pouvaient se trouver hors de la Bibliothèque. » Mais, comme le fait très bien observer le traducteur et annotateur Crapelet, toujours si exact et si judicieux, « il est probable que cette anecdote n’a d’autre source que l’imagination de M. Dibdin…. Barrère, fougueux révolutionnaire…, a toujours été l’ami des lettres, et l’auteur ne pouvait pas plus mal choisir le héros de son anecdote. » ↩