pour les Vies des hommes illustres de Plutarque, et il faisait de quelque tome de cet ouvrage son compagnon de promenade habituel.
Jonathan Swift (1667-1745), l’auteur des Voyages de Gulliver, avait pris « l’amère habitude de relire, chaque fois que l’année ramenait le jour de sa naissance, le chapitre de l’Écriture où Job déplore la sienne, et maudit cette nuit fatale où l’on annonça dans la maison de son père qu’un enfant mâle était né ». Ce qui n’empêchait pas cet impitoyable pessimiste de déclarer que « la meilleure méthode, en cette vie, est de prendre son café quand on le peut, et de s’en passer gaiement quand on ne le peut pas[253.1] ».
Saint-Hyacinthe, l’auteur du Chef-d’œuvre d’un inconnu (1684-1746), disait que, pour former une excellente bibliothèque, il ne faut que joindre les ouvrages de Plutarque à ceux de Platon et de Lucien, les livres de ces trois hommes devant être regardés comme la source de la sagesse, du savoir, et des grâces en tous genres. Pour l’étude des mœurs modernes, il ajoutait à ces trois noms celui de La Bruyère.
Le chancelier Daguesseau (1668-1751) ne passait jamais un jour sans ouvrir l’Écriture sainte[253.2]. Il esti-
- Prévost-Paradol, Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres, en tête des Voyages de Gulliver, t. I, pp. 8 et 39. (Paris, Bibliothèque nationale, 1868.) ↩
- Peignot, op. cit., t. I, p. 215. ↩