de rendre, c’est là le vrai signe du collectionneur passionné, » conclut sans barguigner le traducteur des Conversations recueillies par Eckermann[349.1].
On avait prêté au philosophe et académicien Victor Cousin (1792-1867), alors qu’il était ministre de l’Instruction publique, un beau manuscrit de Malebranche. En vain le lui avait-on redemandé à plusieurs reprises, nous conte Émile Deschanel[349.2], Cousin « fit longtemps la sourde oreille ; si bien qu’à la fin on mit en campagne un homme presque aussi considérable que le ministre lui-même auquel il était chargé de réclamer formellement le manuscrit précieux ». Alors Cousin refusa de le rendre. « Mais enfin, dit l’intermédiaire, ce manuscrit est à M…, qui vous l’a prêté ; il le réclame, il en a le droit. — Mon cher N…, répondit majestueusement le grand éclectique, il a son droit, mais j’ai ma passion ! » Oncques ne rendit le manuscrit. »
Un autre célèbre ministre de l’Instruction publique et membre de l’Académie française, le critique et historien Villemain (1790-1870), se montrait, lui aussi, paraît-il, extrêmement dur à la desserre. « Il ne rendait jamais les livres empruntés, assure Jules Richard[349.3], et il fallait la complicité de son secrétaire