compagnie : au moins on peut penser avec eux[186.1]. » « Les livres, disait-elle encore[186.2], ont toujours plus d’esprit que les hommes qu’on rencontre. »
Dans la correspondance de Paul-Louis Courier (1772-1825), qui devint, à certain moment, en 1812, un des habitués du salon de la studieuse comtesse d’Albany, l’amour des livres et de l’étude apparaît dès le début et en maint endroit : « Mes livres font ma joie, et presque ma seule société. Je ne m’ennuie que quand on me force à les quitter, et je les retrouve toujours avec plaisir. J’aime surtout à relire ceux que j’ai déjà lus nombre de fois, et par là j’acquiers une érudition moins étendue, mais plus solide[186.3]. » Et plus loin[186.4] : « Mon père regarde comme mal employé le temps que je donne aux langues mortes, mais j’avoue que je ne pense pas de même. Quand je n’aurais eu en cela d’autre but que ma propre satisfaction, c’est une chose que je fais entrer pour beaucoup dans mes calculs ; et je ne regarde comme perdu, dans ma vie, que le temps où je n’en puis jouir agréablement, sans jamais me repentir du passé, ni craindre pour l’avenir. Si je puis me mettre à l’abri de la misère, c’est tout ce qu’il me faut ; le reste de mon temps sera employé à satis-
- Ap. Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. V, pp. 437 et 424. ↩
- Ap. Id., op. cit., t. VI, p. 55. ↩
- P.-L. Courier, Lettres, lettre à sa mère, 10 septembre 1793, p. 425. (Œuvres, Paris, Didot, 1865. In-18.) ↩
- Id., loc. cit., 25 février 1794, pp. 427-428. ↩