Mot-clé : « Chesneau (Ernest) »

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Le Livre, tome II, p. 023-039

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 023.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 023 [039]. Source : Internet Archive.

soit par manque de livres nouveaux, de livres non encore lus ou par­courus[023.1].

Nous verrons du reste plus loin, en parlant des livres anciens et des livres nouveaux[023.2], que les jeunes lecteurs n’aiment guère remonter au delà de leur époque et se plaisent surtout avec leurs contemporains.

L’évêque d’Avranches Huet (1630-1721), « l’homme qui a peut-être le plus lu[023.3] », éprouva, dès sa petite enfance, cette ardente passion qu’il manifesta toute sa vie pour les livres et pour la lecture. « L’amour de l’étude prévint en lui, écrit son biographe, l’abbé d’Olivet[023.4], ne disons pas tout à fait la raison, puisque nous ignorons quand elle commence, mais au moins l’usage de la parole. « A peine, dit-il[023.5], avais-je quitté la mamelle, que je portais envie à ceux que je voyais lire. »

Voici quelques-uns des curieux détails que l’évêque Huet nous donne, dans ses Mémoires, sur ses premières lectures et son irrésistible penchant pour les livres et les Lettres :

[II.039.023]
  1.  Rappelons ici le mot du critique d’art Ernest Chesneau (la Chimère, p. 9) : « On ne commence à savoir lire qu’après la sortie du collège », déjà cité dans notre tome I, page 190, notes, où se trouve aussi une anecdote de Tallemant des Réaux, relative à notre sujet.  ↩
  2.  Chap. vi, p. 162.  ↩
  3.  Cf. supra, t. I, p. 150.  ↩
  4.  Éloge historique de Huet, en tête des Mémoires de Daniel Huet, trad. Charles Nisard, p. iii. (Paris, Hachette, 1853.)  ↩
  5.  Cf. infra, p. 26.  ↩

Le Livre, tome I, p. 189-213

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 189.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 189 [213]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 190.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 190 [214]. Source : Internet Archive.

1805) à sa Muse[189.1] (c’est-à-dire sans l’amour de l’étude et le culte des Lettres). Je l’ignore. Mais je frissonne en voyant ce que sont sans toi des centaines et des milliers d’hommes[189.2]. »

Dans ses derniers jours, Gœthe (1749-1832), « le grand critique de notre âge[189.3] », « ce roi de la cri­tique[189.4] », « le plus grand des critiques, celui de qui l’on peut dire qu’il n’est pas seulement la tradition, mais qu’il est toutes les traditions réunies[189.5], » parlant de la difficulté qu’il y a souvent à lire un ouvrage, plaisantait sur la présomption des personnes qui, sans études préparatoires, sans connaissances préalables, veulent lire tous les ouvrages de philosophie et de science, absolument comme s’il s’agissait d’un roman. « Les braves gens ne savent pas, disait-il, ce qu’il en coûte de temps et de peine pour apprendre à lire[189.6]. J’ai travaillé à cela quatre-vingts ans,

[I.213.189]
  1.  Schiller, Poésies : les Ex-Voto, ou les Tablettes votives (avec cette inscription préliminaire : « Ce que le Dieu m’a enseigné, ce qui m’a aidé à traverser la vie, je le suspends ici, reconnaissant et pieux, dans le sanctuaire »). Œuvres complètes de Schiller, trad. Ad. Regnier, t. I, pp. 342 et 344.  ↩
  2.  Cf. le mot de Confucius (551-479 av. J.-C.) : « Il n’est pas facile de trouver un homme qui ait étudié pendant trois ans sans devenir bon ». (Ap. Max Muller, Essai sur l’histoire des religions, trad. G. Harris, p. 425.)  ↩
  3.  Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. IV, p. 174.  ↩
  4.  Id., op. cit., t. III, p. 42.  ↩
  5.  Id., op. cit., t. XV, p. 368.  ↩
  6.  « Quoiqu’il y ait beaucoup de livres, croyez-moi, peu de gens lisent ; et, parmi ceux qui lisent, il y en a beaucoup qui ne se servent que de leurs yeux. » (Voltaire, Lettre de M. Clocpitre à M. Eratou, Œuvres complètes, t. IV, p. 726.) « Il est très commun de lire, et très rare de lire avec fruit. » (Id., Commentaires sur Rodogune, Œuvres complètes, t. IV, p. 467.) « N’avez-vous pas remarqué cela depuis longtemps ? il y a peu de gens qui sachent lire. » (Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. VIII, p. 355.) « Le critique n’est qu’un homme qui sait lire, et qui apprend à lire aux autres. » (Id., Portraits littéraires, t. III, p. 546.) L’écrivain d’art Ernest Chesneau (1833-1890) a prétendu (la Chimère, p. 9) qu’ « on ne commence à savoir lire qu’après la sortie du collège » : ce qui donne tout à fait tort à cette excellente mère dont parle Tallemant des Réaux (1619-1692) (Historiettes, t. VI, p. 328), — la sienne, paraît-il, — qui s’étonnait que son fils achetât encore des livres et s’occupât de lire après avoir quitté les bancs universitaires : « N’avez-vous pas terminé vos études ? »  ↩