nous relevons les noms de beaucoup de gens de lettres, et des noms des plus retentissants et des plus grands.
« Chateaubriand (1768-1848) avait une antipathie et une aversion bien singulières de la part d’un quasi-historien : il ne pouvait souffrir les livres. Mme de Chateaubriand écrivait, le 10 juillet 1839, à un vieil ami de Lyon, l’abbé de Bonnevie : « Le bon abbé Deguerry vous aura dit que nous sommes très contents de notre appartement. M. de Chateaubriand surtout en est enchanté, parce qu’il n’y a pas moyen d’y placer un livre : vous connaissez l’horreur du patron pour ces nids à rats qu’on appelle bibliothèques[302.1]. »
Ajoutons que Mme de Chateaubriand partageait l’aversion de son illustre époux : « Elle n’estimait guère les livres qu’au poids…. Elle eût été bien
- Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. II, pp. 70-71, note. Cette « horreur du patron » pour les livres et les bibliothèques ne l’empêchait pas de glisser, dans une note de son Itinéraire de Paris à Jérusalem (t. II, p. 48 ; Paris, Didot, 1877), ces considérations, qui sont plus que jamais d’actualité : « Aujourd’hui, dans ce siècle de lumières, l’ignorance est grande. On commence par écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie. Les véritables gens de lettres gémissent en voyant cette nuée de jeunes auteurs qui auraient peut-être du talent s’ils avaient quelques études. Il faudrait se souvenir que Boileau lisait Longin dans l’original, et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide grecs. Dieu nous ramène au siècle des pédants ! Trente Vadius ne feront jamais autant de mal aux lettres qu’un écolier en bonnet de docteur. » ↩