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Mot-clé : « Chateaubriand »

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Le Livre, tome II, p. 302-318

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 302.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 302 [318]. Source : Internet Archive.

nous relevons les noms de beaucoup de gens de lettres, et des noms des plus retentissants et des plus grands.

« Chateaubriand (1768-1848) avait une antipathie et une aversion bien singulières de la part d’un quasi-historien : il ne pouvait souffrir les livres. Mme de Chateaubriand écrivait, le 10 juillet 1839, à un vieil ami de Lyon, l’abbé de Bonnevie : « Le bon abbé Deguerry vous aura dit que nous sommes très contents de notre appartement. M. de Chateaubriand surtout en est enchanté, parce qu’il n’y a pas moyen d’y placer un livre : vous connaissez l’horreur du patron pour ces nids à rats qu’on appelle bibliothèques[302.1]. »

Ajoutons que Mme de Chateaubriand partageait l’aversion de son illustre époux : « Elle n’estimait guère les livres qu’au poids…. Elle eût été bien

[II.318.302]
  1.  Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. II, pp. 70-71, note. Cette « horreur du patron » pour les livres et les bibliothèques ne l’empêchait pas de glisser, dans une note de son Itinéraire de Paris à Jérusalem (t. II, p. 48 ; Paris, Didot, 1877), ces considérations, qui sont plus que jamais d’actualité : « Aujourd’hui, dans ce siècle de lumières, l’ignorance est grande. On commence par écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie. Les véritables gens de lettres gémissent en voyant cette nuée de jeunes auteurs qui auraient peut-être du talent s’ils avaient quelques études. Il faudrait se souvenir que Boileau lisait Longin dans l’original, et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide grecs. Dieu nous ramène au siècle des pédants ! Trente Vadius ne feront jamais autant de mal aux lettres qu’un écolier en bonnet de docteur. »  ↩

Le Livre, tome II, p. 213-229

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 213.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 213 [229]. Source : Internet Archive.

qu’une institution politique, » affirme Royer-Collard (1763-1845)[213.1]. « Fondez la liberté de la presse, dit-il encore[213.2], vous fondez du même coup toutes les libertés. »

« La presse, machine qu’on ne peut plus briser, continuera à détruire l’ancien monde, jusqu’à ce qu’elle en ait formé un nouveau, » a prédit Chateaubriand (1768-1848), qui ajoutait : « La liberté de la presse a été presque l’unique affaire de ma vie ;… j’y ai sacrifié tout ce que je pouvais y sacrifier : temps, travail et repos[213.3] ».

« Laissez dire, laissez-vous blâmer, condamner, emprisonner, écrit Paul-Louis Courier (1772-1825), dans son Pamphlet des pamphlets[213.4] ; laissez-vous pendre, mais publiez votre pensée. Ce n’est pas un droit, c’est un devoir, étroite obligation de quiconque a une pensée, de la produire et mettre au jour pour le bien commun. La vérité est toute à tous. Ce que vous connaissez utile, bon à savoir pour un chacun, vous ne le pouvez taire en conscience. Jenner, qui trouva la vaccine, eût été un franc scélérat d’en garder une heure le secret ; et comme il n’y a point d’homme qui ne croie ses idées utiles, il n’y en a point qui ne soit tenu de les communiquer et répandre

[II.229.213]
  1.  Ap. Eugène Dubief, op. cit., p. 305.  ↩
  2.  Ap. Gustave Merlet, Tableau de la littérature française, 1800-1815, t. I, p. 480.  ↩
  3.  Ap. Eugène Dubief, ibid.  ↩
  4.  Œuvres, p. 243. (Paris, Didot, 1865 ; in-18.)  ↩

Le Livre, tome II, p. 199-215

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 199.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 199 [215]. Source : Internet Archive.

on ne peut mieux. Avant même d’être passée, à peu près tout entière, entre les mains des financiers et brasseurs d’affaires, elle avait encouru bien des reproches.

La Bruyère traite les journalistes, « les nouvellistes », avec le plus profond dédain[199.1].

« J’ai su qu’il n’y a rien à apprendre dans les journaux, écrit d’Alembert[199.2], sinon que le journaliste est l’ami ou l’ennemi de celui dont il parle, et cela ne m’a pas paru fort intéressant à savoir. »

« La presse, il le faut avouer, est devenue un des fléaux de la société, et un brigandage intolérable, » déclare Voltaire[199.3].

« S’ils (les journaux) m’accusaient d’avoir assassiné mon père, disait un jour Chateaubriand (1768-1848)[199.4], je n’essayerais pas de le nier aujourd’hui, parce que demain ils me démontreraient, de quelque façon, que je me suis défait de ma mère aussi, et, sur ma seconde protestation, ils feraient entrevoir, en outre, que j’ai bien un peu guillotiné M. de Malesherbes….

[II.215.199]
  1.  « Le devoir du nouvelliste est de dire : Il y a tel livre qui court et qui est imprimé chez Cramoisy en tel caractère, » etc. (La Bruyère, les Caractères, Des ouvrages de l’esprit, édit. Hémardinquer ; p. 20. Paris, Dezobry, 1849.)  ↩
  2.  Cité par Hémardinquer, dans son édition de La Bruyère, p. 20.  ↩
  3.  Lettre à un membre de l’Académie de Berlin, 15 avril 1752 : Œuvres complètes, t. VII, p. 763. (Paris, édit. du journal le Siècle, 1869.)  ↩
  4.  Ap. Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. II, pp. 422-423).  ↩

Le Livre, tome I, p. 278-302

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 278.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 278 [302]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 279.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 279 [303]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 280.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 280 [304]. Source : Internet Archive.

pastoral de Longus, Daphnis et Chloé, dans la traduction de P.-L. Courier : « Voilà encore un chef-d’œuvre que j’ai souvent lu et admiré, où l’on trouve l’intelligence, l’art, le goût poussés à leurs dernières limites, et qui fait un peu descendre le bon Virgile…. On fait bien de lire ce livre une fois tous les ans ; on y apprend toujours, et l’on ressent toujours toute fraîche l’impression de sa rare beauté[278.1]. »

Le savant helléniste et philologue Coray (1748-1833) recommençait chaque année, au premier de l’an, la lecture d’Homère et celle d’Hippo­crate[278.2].

Le législateur Sieyès (1748-1836) et l’idéologue Destutt de Tracy (1754-1836) « lisaient perpétuellement Voltaire : arrivés au dernier tome, ils reprenaient le premier et recom­mençaient[278.3] ».

Chateaubriand (1768-1748) a dit[278.4] : « Pascal et Bossuet[278.5], Molière et La Fontaine sont quatre hommes

[I.302.278]
  1.  Conversations recueillies par Eckermann, t. II. pp. 272 et 280.  ↩
  2.  Sainte-Beuve, les Cahiers de Sainte-Beuve, p. 199.  ↩
  3.  « On raconte que Sieyès et M. de Tracy lisaient perpétuellement Voltaire : quand la lecture était finie, ils recommençaient ; ils disaient l’un et l’autre que tous les principaux résultats étaient là. » (Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II, p. 437. Voir aussi même tome, p. 184, n. 1.)  ↩
  4.  Génie du Christianisme, livre IV, chap. v, t. II, p. 40, n. 1. (Paris, Didot, 1865. In-18.)  ↩
  5.  Les mérites de Bossuet historien et philosophe, — jadis si surfait, aujourd’hui si en dehors de notre société démocratique et des idées modernes, si redondant et si creux, — ont été plus d’une fois contestés. Voir, entre autres, l’appréciation d’Émile de Labédollière et de Georges Avenel, dans leur édition des Œuvres complètes de Voltaire (t. II, p. 1 ; Paris, Journal le Siècle, 1867) : « Bossuet, prêtre et homme d’État, avait osé, dans son Discours sur l’histoire universelle, fabriquer une histoire selon son Église, selon sa politique, et toute à l’usage de la cour où il vivait et des princes qu’il éduquait ; il avait confisqué l’humanité entière à son profit et au leur ; il l’avait concentrée, emprisonnée dans Israël » ; etc. Mais on n’a rien écrit de plus topique, de plus catégorique et de plus net sur l’éloquent rhéteur, « l’aigle de Meaux », que cette lettre d’Ernest Renan à Alphonse Peyrat, datée de Paris, 8 avril 1856 (ap. Adolphe Brisson, Portraits intimes, pp. 100-102) : « Monsieur, je vous remercie bien vivement de vos beaux articles sur Bossuet, que j’ai reçus et lus avec le plus grand intérêt. Je vous félicite d’avoir osé attaquer avec tant de franchise et de vigueur une idole de l’admiration routinière. Les influences combinées du clergé, de l’Université et de la littérature rhétoricienne avaient élevé autour de Bossuet une sorte d’enceinte sacrée que vous percez avec autant d’audace que de bonheur. Pour ma part, la destruction de cette superstition-là (dans la mesure, bien entendu, où une superstition se détruit) a toujours été une de mes idées fixes. Vous venez de réaliser ce que j’aurais voulu faire, vingt fois mieux que je ne l’aurais fait : vos preuves sont décisives, et votre exposition pleine de force (et ?) d’habileté. J’attends avec impatience la seconde série d’articles où vous examinerez comme écrivain celui dont vous avez détruit le prestige comme homme. Montrez hardiment ce qu’il a fallu de naïveté et de confiance dans les rhéteurs pour accepter comme des chefs-d’œuvre un ouvrage aussi puéril que l’Histoire universelle, qui, de nos jours, mériterait à peine de figurer parmi les ouvrages destinés à un pensionnat de religieuses ; la Politique tirée de l’Écriture, ignoble parodie de la Bible au profit de Louis XIV, l’Histoire des variations, fondée tout entière sur un sophisme évident ; les écrits philosophiques, vrais cahiers de collège, sans aucune valeur ; les écrits sur l’Écriture sainte, pleins d’une exégèse arriérée, à une époque où une critique meilleure se faisait jour avec Richard Simon. Les persécutions suscitées par Bossuet à ce grand homme, si supérieur à son temps dans le domaine de la science sacrée, m’ont toujours semblé caractéristiques de l’esprit absolu et borné de l’Église gallicane et de la Sorbonne en particulier. Pour tout ce qui est de la méthode et du fond des connaissances, Bossuet n’est en réalité qu’un sorbonniste encroûté ; je ne crois pas exagérer en ne lui laissant absolument que le mérite d’orateur. Celui-là, il le possède à un haut degré ; s’il se fût contenté du rôle d’un Mascaron ou d’un Fléchier, on eût pu l’accepter comme le premier des maîtres en éloquence classique ; mais la prétention de résoudre avec de la rhétorique les plus graves problèmes de la religion, de la politique, de l’histoire, de la philosophie, est insoutenable. C’est en flattant les mauvaises tendances de l’esprit français, toujours séduit par la pompe du langage et par une prétendue apparence de sens commun, que Bossuet est arrivé chez nous à cette espèce de dictature intellectuelle que vous lui avez si victorieusement contestée. Recevez de nouveau, monsieur, mes félicitations pour votre acte de courage (je ne crois pas trop dire en employant ce mot), et croyez aux sentiments infiniment distingués avec lesquels je suis…. »  ↩