comprends tout, j’ai de moi-même et ab ovo l’omniscience infuse[306.1].
Sainte-Beuve, ce si délié et expert observateur des gens de lettres et des choses littéraires, a fort bien reconnu et nettement attesté, et expliqué aussi, ce phénomène : « Les grands auteurs, une fois arrivés à la gloire, se lisent et ne lisent guère qu’eux-mêmes[306.2] ». Et, ajoutons-le, combien d’écrivains se croient ici « grands auteurs », se figurent être « arrivés à la gloire » ; combien, en dehors de Pierre Loti, d’Émile Zola, de Maupassant, etc., « ne lisent guère qu’eux-mêmes » !
Rappelons d’ailleurs cette autre remarque, cet autre principe, aussi formulé par Sainte-Beuve[306.3] : « Ce sont les ignorants comme Pascal, comme Descartes, comme Rousseau, ces hommes qui ont peu lu, mais qui pensent et qui osent, ce sont ceux-là qui remuent bien ou mal et qui font aller le monde ».
Nous avons vu[306.4] que Mélanchthon bornait toute sa bibliothèque à quatre auteurs : Platon, Pline, Plutarque et Ptolémée. Le philosophe matérialiste Hobbes (1588-1679), lui, « ne possédait point de biblio-