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Mot-clé : « Bardoux (Agénor) »

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Le Livre, tome II, p. 109-125

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 109.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 109 [125]. Source : Internet Archive.

cheurs et curieux en 1887-1889, par la Revue politique et littéraire (Revue Bleue) en 1893, et la série d’articles intitulés Du choix de vingt livres, publiés par l’ancien ministre de l’Instruction publique, Agénor Bardoux (1830-1897), dans le Magasin pittoresque de février et mars 1887[109.1].

« Je voudrais, dit Bardoux au début de ses articles, composer une petite bibliothèque, la bibliothèque de ceux ou de celles qui, ayant dépassé la jeunesse et ayant reçu une instruction suffisante, désirent posséder ce qu’il y a de plus élevé et de plus original à la fois dans tous les trésors de l’esprit humain, dans toutes les littératures.

« Vingt livres, à la rigueur, suffiraient.

« … Et d’abord, sur le rayon de notre petite bibliothèque, nous placerions la Bible, l’Ancien et le Nouveau Testament. »

Viendraient ensuite : Homère, Sophocle et Plutarque, Virgile et Tacite, Dante, Shakespeare (choix), Daniel de Foë (Robinson Crusoé), Byron (choix), Cervantès (Don Quichotte), Gœthe (Faust), Franklin (choix), Corneille, Racine, Pascal, La Fon-

[II.125.109]
  1.  Pages 41, 62 et 78.  ↩

Le Livre, tome II, p. 036-052

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 036.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 036 [052]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 037.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 037 [053]. Source : Internet Archive.

que ma mère avait fait la même découverte que moi ; je reconnus dans ses mains un volume qui avait passé dans les miennes ; alors je ne me gênai plus, et, sans mentir, mais sans parler du passé, j’eus l’air d’avoir suivi sa trace. Le jeune homme qu’on appelait Coursou, auquel il joignit le de par la suite en se fourrant à Versailles instituteur des pages, ne ressemblait point à ses camarades ; il avait de la politesse, un tact décent, et cherchait de l’instruction. Il n’avait jamais rien dit non plus de la disparition momentanée de quelques volumes ; il semblait qu’il y eût entre nous trois une convention tacite.

« Je lus ainsi beaucoup de voyages que j’aimais passionnément, entre autres ceux de Renard, qui furent les premiers ; quelques théâtres des auteurs du second ordre, et le Plutarque de Dacier. Je goûtai ce dernier ouvrage plus qu’aucune chose que j’eusse encore vue, même d’histoires tendres qui me touchaient pourtant beaucoup, comme celle des époux malheureux de La Bédoyère, que j’ai présente, quoique je ne l’aie pas relue depuis cet âge. Mais Plutarque semblait être la véritable pâture qui me convînt. Je n’oublierai jamais le carême de 1763 (j’avais alors neuf ans), où je l’emportais à l’église en guise de Semaine sainte. C’est de ce moment que datent les impressions et les idées qui me rendaient républicaine, sans que je songeasse à le devenir[036.1].

[II.052.036]
  1.  Nous avons vu, dans notre tome I, l’affection particulière et l’enthousiasme témoignés en faveur de Plutarque par Henri IV, par Montaigne, Vauvenargues, Alfieri, etc. Donnons encore ici quelques topiques appréciations du grand historien et moraliste de l’antiquité. « Plutarque, c’est vraiment l’Encyclopédie des anciens. » (Grimm, ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. VII, p. 314.) « Plutarque est le Walter Scott de l’antiquité. » (Michelet, Bible de l’Humanité, p. 186.) « Plutarque est le plus curieux des répertoires. C’est une de ces ruches de réserve où presque tout le miel de l’antiquité a été déposé. Ce qui a paru de plus grand dans l’esprit humain s’y montre à nos yeux, et ce que les hommes ont fait de meilleur nous y sert d’exemple. La sagesse antique est là tout entière. Plutarque a été le bréviaire de toutes les grandes âmes du xvie siècle, le siècle qui en a le plus compté. » (Bardoux, le Magasin pittoresque, février 1887, p. 42.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 281-305

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 281.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 281 [305]. Source : Internet Archive.

Henri Heine (1797-1856) aimait Don Quichotte « jusqu’aux larmes ». C’était le premier livre qu’il avait lu tout enfant, dès qu’il avait su son alphabet, et l’impression qu’il avait ressentie de cette première lecture lui était demeurée ineffaçable[281.1].

Guizot (1787-1874) lisait chaque soir quelques sonnets de Pétrarque « pour se rasséréner l’esprit » ; et Thiers (1797-1877) se délassait avec les Oraisons funèbres de Bossuet[281.2].

« J’avoue ma prédilection, écrit l’académicien Silvestre de Sacy (1801-1879) ; de tous les grands

[I.305.281]
  1.  Bardoux, le Magasin pittoresque, février 1887, p. 63.  ↩
  2.  « M. Guizot me disait un jour que, tous les soirs, au milieu de ses travaux et de ses affaires, il lisait les Sonnets de Pétrarque pour se rasséréner l’esprit. Je crois que les ministres d’aujourd’hui lisent bien rarement Pétrarque ou Dante. Tout en menant leur train de guerre, lord Chatham s’enchantait de Virgile, M. Pitt des chœurs d’Eschyle, M. Fox des lettres de Mme de Sévigné, M. Thiers des oraisons de Bossuet. » (Doudan, Lettres, t. IV, p. 151.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 183-207

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 183.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 183 [207]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 184.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 184 [208]. Source : Internet Archive.

vestiges du passage de sa pensée : ce sont de petits signes dont j’ai vainement étudié le sens, une croix, un triangle, une fleur, un thyrse, une main, un soleil, vrais hiéroglyphes que lui seul savait comprendre et dont il a emporté la clef. Son heureuse mémoire cependant aurait pu se passer d’un tel secours. Il n’oubliait rien, en effet, des choses qu’il avait lues ; l’aspect seul du volume, un regard jeté sur la couverture, sur le titre, suffisaient pour réveiller tous ses souvenirs et renouveler soudainement ses impressions premières. C’était, de ses livres à lui, un commerce de tous les instants, une sorte de courant intellectuel presque ininterrompu. Ils ne renfermaient pas une bonne parole dont il ne leur tînt compte en passant, un mauvais propos dont il ne leur gardât rancune. Aussi était-il devenu fort scrupuleux dans le choix des volumes qu’il admettait sur ses rayons. Il avait grand soin de ne s’entourer que d’ouvrages amis, et proscrivait, comme un voisinage fâcheux, les auteurs qui blessaient sa pensée[183.1]. »

[I.207.183]
  1.  Paul de Raynal, la Vie et les Travaux de M. J. Joubert, Pensées de Joubert, t. I, pp. xlv-xlvi. Le même biographe donne encore les détails suivants sur l’amour et la sollicitude que Joubert témoignait à ses livres (ibid., p. xlviii) : « … Dès l’abord cependant une singularité m’avait frappé. Je l’avais vu (Joubert) quitter, à notre approche, un volume dont il était occupé, la main enveloppée dans un gant ciré, à polir la couverture. J’ai su depuis que, lorsque sa santé ne lui permettait ni de monter à sa galerie, ni de se livrer aux travaux de la pensée, il lui arrivait souvent de faire descendre quelques-uns de ses écrivains favoris, pour rendre à leur parure de ces petits soins humbles et naïfs où se laissait aller son amour pour eux. On concevra, du reste, le prix qu’il attachait à ses livres, en songeant que c’était peu à peu, sur des épargnes dont l’emploi était parfois contesté, et presque toujours après de longues recherches, qu’il les avait successivement acquis. » Dans un article publié par le Magasin pittoresque (mars 1887, p. 78), et traitant Du choix de vingt livres, Agénor Bardoux (1830-1897), membre de l’Institut, sénateur et ancien ministre de l’Instruction publique, révèle sur Joubert la particularité suivante, dont il a omis de fournir la preuve ou d’indiquer la source : « Le dernier des platoniciens, Joubert, celui de qui l’on a dit qu’il avait l’air d’ « une âme ayant rencontré par hasard un corps, et s’en tirant comme elle pouvait. » Joubert avait une singulière habitude : en dehors des classiques, qu’il conservait dans leur intégrité, il avait l’habitude de déchirer toutes les pages qui lui déplaisaient, de telle sorte qu’il ne conservait que les (sic) livres effilés, sans commencement ni fin. »  ↩