Mastodon Mastodon Mastodon Mastodon Mastodon

Mot-clé : « Balzac (Guez de) »

Fil des textes

Le Livre, tome II, p. 062-078

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 062.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 062 [078]. Source : Internet Archive.

exemple, au début de son Histoire universelle[062.1], constate, sans s’émouvoir, que certains de ses lecteurs, peu charmés de tel ou tel passage de son récit, « s’en dégoûtent et donnent du pouce au feuillet ».

Il en est, d’ailleurs, qui lisent uniquement comme lisait Guez de Balzac (1597-1654)[062.2], « pour trouver de belles sentences et de belles expressions à recueillir et à enchâsser ».

C’était la méthode de Delille (1738-1813), qui se gênait si peu pour plagier et piller ses confrères, poètes ou prosateurs, anciens ou modernes. Il disait quelquefois, après une lecture : « Allons, il n’y a rien là de bon à prendre ». La prose surtout était pour lui de bonne prise. Un jour qu’il venait de réciter à Parseval-Grandmaison des vers dont l’idée était empruntée à Bernardin de Saint-Pierre, ce que Parseval avait remarqué et objecté : « N’importe, s’écria Delille, ce qui a été dit en prose n’a pas été dit[062.3] ».

Montaigne souvent lisait de cette même façon, dans l’intention, plus ou moins avouée, de faire main basse sur quelque sage maxime ou piquante remarque de Plutarque ou de Sénèque : « Je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un aultre, sans

[II.078.062]
  1.  Préface de la première édition, Appendice des Mémoires, p. 236. (Paris, Librairie des bibliophiles, 1889.)  ↩
  2.  Cf. supra, t. I, pp. 129-130.  ↩
  3.  Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II, p. 100.  ↩

Le Livre, tome I, p. 285-309

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 285.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 285 [309]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 284.
Pour suite de texte : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 286 [310]. Source : Internet Archive.

Le Livre, tome I, p. 130-154

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 130.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 130 [154]. Source : Internet Archive.

deurs de l’antiquité, « ne lisait que pour trouver de belles sentences et de belles expressions à recueillir et à en­châsser[130.1] ».

Gui Patin (1601-1672), le caustique érudit, adversaire acharné du « gazetier » Renaudot et de l’antimoine, écrit à son ami Spon, le 16 novembre 1645, à propos de la « superbe et solennelle entrée » à Paris des ambassadeurs de Pologne, « qui viennent quérir la princesse Marie pour être leur reine » : « Ces spectacles publics ne me touchent guères. Ils me rendent mélancolique, moy qui suis naturellement joyeux et gay, au lieu qu’ils réjouissent les autres. Quand je voy toute cette mondanité, j’ay pitié de la vanité de ceux qui les font. Il est vray qu’on ne fait point cette montre pour les philosophes, de l’humeur et de la capacité desquels je voudrois bien être ; mais c’est pour le vulgaire, qui est ébloui de cet éclat et en passe le temps plus doucement. Je fus, ce jour-là, quelque peu de temps davantage qu’à mon ordinaire dans mon étude (bibliothèque, cabinet de travail) et m’y employai assez bien. Mes voisins disent que j’ay grand tort de n’avoir point

[I.154.130]
  1.  Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. XIII, pp. 245-246. — Les livres de Guez de Balzac reçurent un jour un hommage peu banal pour des livres. Leur maître nous conte qu’un « curieux », un campagnard sans doute, étant venu lui rendre visite, « lui commença sa harangue par le respect et la vénération qu’il avait toujours eue pour luy et pour Messieurs ses Livres ». (Guez de Balzac, Entretiens, VII ; Œuvres, t. II, p. 350. Paris, Lecoffre, 1854.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 129-153

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 129.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 129 [153]. Source : Internet Archive.

ceux des autres siècles que de voyager. Il est bon de savoir quelque chose des mœurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu’ont coutume de faire ceux qui n’ont rien vu. Mais, lorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger à son pays ; et, lorsqu’on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci[129.1]. »

Guez de Balzac (1597-1654), le Malherbe de la prose française, comme on l’a à juste titre surnommé, qui, dans ses Lettres, dans le Prince, le Socrate chrestien, etc., s’efforce d’initier les profanes, tous les ignorants du latin et du grec, aux splen-

[I.153.129]
  1.  Descartes avait-il beaucoup lu ? « Avant d’entreprendre, suivant sa méthode personnelle, la série magnifique de ses travaux, » avait-il vraiment lu, comme l’assure M. Albert Collignon (la Vie littéraire, pp. 301-302), « tout ce qui avait jamais été pensé sur le monde et sur l’homme » ? Quoi que Descartes ait pu dire sur lui-même et sur ses nombreuses lectures, on est plutôt porté à croire, au contraire, qu’il a toujours lu « avec discrétion », estimant sans doute après Sénèque que : « Paucis ad bonam mentem opus est litteris » (ap. Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II, p. 491). « Ce sont, après tout, les ignorants comme Pascal, comme Descartes, comme Rousseau, ces hommes qui ont peu lu, mais qui pensent et qui osent, » etc. (Id., Causeries du lundi, t. II, p. 185.) « Descartes et Rousseau étaient de petits liseurs, peu au courant de la tradition. » (Jules Levallois, l’Année d’un ermite, p. 18.)  ↩