Le Livre, tome II, p. 342-358
Par Albert Cim le 22 oct. 1905, 15 h 58 - XIII. Du prêt des livres - Lien permanent
reur, cette colère et cette exaspération que provoquent les emprunteurs de livres parmi les bibliophiles ou les simples travailleurs ! « Un livre prêté est à moitié perdu », nous disait, il y a un instant, M. Octave Uzanne ; on en use sans façon avec les livres d’autrui. « Un volume une fois sorti de l’intérieur d’une bibliothèque, nous dit à son tour le bibliographe Constantin[342.1], est exposé à toutes les chances, sinon de perte, du moins de dégradation et d’avarie de la part des maladroits, des négligents et des malpropres ; il ne rentre ordinairement qu’à la volonté de l’emprunteur, qui le garde pendant des années et souvent même tout à fait, parce que le principe que garder un livre n’est pas un vol est malheureusement adopté par beaucoup de personnes. »
Comme exemple de l’inqualifiable incurie des emprunteurs de livres, on rapporte l’aventure survenue à André Chénier, aventure bien propre à décourager les bibliophiles prêteurs de leurs trésors.
André Chénier, qui avait une prédilection spéciale pour Malherbe, dont il a d’ailleurs commenté les vers, possédait une bonne édition de ce poète, un petit in-8 publié par Barbou en 1776, avec la notice et les notes de Meunier de Querlon. Un jour un visiteur emprunta ce volume à Chénier, qui ne sut pas le défendre, n’osa pas refuser, et le livre ne lui
- Bibliothéconomie, p. 68. ↩