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Le Livre, tome II, p. 165-181

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 165.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 165 [181]. Source : Internet Archive.

temps antiques, les sentiments et les hommes du passé, on n’entend bien que son temps, que sa langue, que ses contemporains.

« Nulle voix n’est plus douce au cœur que celle des romanciers et des poètes qui ont vécu de la même vie que nous, qui ont vu les mêmes jours. Il est des impressions que le talent des contemporains seuls peut produire, parce qu’il n’est donné qu’aux contemporains, par leur ressemblance secrète avec nous, de connaître les intimes désirs de notre âme et les ressorts cachés de notre nature[165.1]. »

Sans dédaigner les « nouveautés », Jules Levallois nous avoue[165.2] qu’elles ne font qu’une halte sur sa table de travail ; « elles la traversent et n’y séjournent point ». Non pas qu’il dédaigne ce qu’écrivent nos contemporains : il aime trop la vie et le mouvement pour cela, nous dit-il ; mais ces livres nouveaux, « ces livres imprégnés, pénétrés du souffle de notre époque, me parlent trop de ce qui trouble et pas assez de ce qui calme. Ils posent en de nouveaux et souvent en de bien meilleurs termes les questions que je me suis cent fois posées moi-même, et pas plus que moi ils ne les résolvent. Or, j’ai, par-dessus tout, besoin d’être instruit, pacifié, édifié ; aussi, après avoir feuilleté d’un doigt impatient ces séduc-

[II.181.165]
  1.  Cf. supra, pp. 45-46, ce que, dans ses Confidences, Lamartine dit de ses premières lectures.  ↩
  2.  L’Année d’un ermite, pp. 31-32. ↩